Le coronavirus et son impact sur les transports en commun

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Moins de trams, moins de bus. C’est la conséquence du reconfinement : depuis le 12 novembre, Fil Bleu a adapté la desserte de son réseau pour répondre à une baisse de fréquentation estimée à 50% par rapport à l’affluence observée au milieu de l’automne en 2019. En moins d’un an c’est la deuxième fois que les transports en commun de l’agglomération tourangelle sont impactés par la crise sanitaire. Avec des conséquences durables ?

Fil Bleu aurait dû dépasser les 40 millions de voyages sur ses lignes au cours de l’année 2019. Le mouvement contre la réforme des retraites qui a perturbé son trafic plusieurs semaines durant en a décidé autrement. Depuis l’inauguration de la ligne de tramway Tours-Nord / Joué-lès-Tours en 2013, et hormis la période ou le Pont de Verdun était inutilisable à cause d’un incendie, les transports en commun de l’agglomération tourangelle ont battu record sur record. Plus de 60 000 validations de titres de transport quotidiennes rien que pour la ligne A, bien au-dessus des prévisions avant travaux.

2020 met un coup d’arrêt brutal à cette dynamique. Dès l’annonce du premier confinement au printemps, l’entreprise Keolis qui gère l’organisation du trafic au quotidien a renvoyé une grande partie de ses 169 véhicules au dépôt et, par ricochet, une large part de ses 700 salariés à la maison (en chômage partiel, notamment parmi les 500 conductrices et conducteurs). Rebelote cet automne… même s’il a fallu 15 jours entre l’annonce du président de la République et les changements d’horaires. Le niveau de service maintenu demeure par ailleurs plus élevé que lors de la première vague (72% de bus et 85% de trams en semaine).

Une fréquentation qui s’effondre le week-end

Interrogée par 37 degrés, la direction de Fil Bleu estime qu’elle va perdre 30% de ses recettes sur l’ensemble de l’année. Soit près de 8 millions d’€ si l’on regarde son bilan financier 2019 qui annonce près de 23 millions d’€ de rentrées financières (en dehors de l’argent versé par Tours Métropole au titre de la délégation de service public à cette société, filiale de la SNCF à 70%). Malgré des charges diminuées quand les véhicules ne roulent pas ou que le personnel est au chômage partiel, Keolis a dû absorber le remboursement des abonnements au printemps ainsi que la baisse d’achats de billets occasionnels. Ainsi, en septembre-octobre, la fréquentation ne dépassait pas 70% de celle de 2019 et elle s’est effondrée pour atteindre péniblement 30% de la normale dès que le gouvernement a resserré en octobre.

Moins de commerces ouverts, peu de spectacles, plus de grands événements, moins de raisons de se balader… Si les scolaires et les travailleurs continuent de fréquenter les transports en commun (85% de la fréquentation habituelle en semaine en septembre-octobre), le public qui voyage plus ponctuellement s’est évaporé. Le problème c’est que c’est aussi le plus difficile à faire revenir.

De ce fait, on peut se demander quand le réseau Fil Bleu dépassera ce fameux cap des 40 millions de voyages en 12 mois. L’attrait pour le vélo – plus souple – ou l’essor du télétravail pourraient impacter durablement la fréquentation des lignes… « Ce qu’on souhaite c’est rétablir notre habituelle le plus rapidement possible. En attendant on navigue à vue » explique Loïc Latour à la direction de Fil Bleu. Mais tout se fait en négociations avec Tours Métropole, la collectivité donnant ses ordres à Keolis en fonction de ce qu’elle estime nécessaire pour ses habitants.

Des projets d’avenir à repenser ?

En ce moment, les deux parties discutent compensations financières… L’agglo va-t-elle devoir compenser la perte de recettes de son client ? « Pour l’instant c’est le statut quo, on attend de savoir si l’Etat viendra en aide aux villes, ou pas » souffle-t-on chez le délégataire qui a également dû avancer les coûts des masques, des produits virucides utilisés pour renforcer le nettoyage des véhicules ou l’achat des parois de plexiglas installées autour des cabines de conduite. Faudra-t-il également recourir à l’argent public pour compenser au moins en partie ce poste de dépense ?

Les études ont beau avancer que les transports en commun sont peu vecteurs de contaminations (sans doute aussi parce qu’il est difficile d’affirmer avec certitude qu’on y a attrapé le virus), le secteur subit une annus horribilis remettant profondément en cause ses acquis. On peut même imaginer qu’à l’heure du grand bilan de cette épidémie il faille repenser en partie des projets d’investissement ou de développement du réseau. Les adapter à de potentiels nouveaux besoins (au hasard, des horaires élargis dans les entreprises). Alors que Tours Métropole compte se doter d’une seconde ligne de tram d’ici 5 ans, et donc repenser en profondeur les lignes de bus qui la croisent, voilà qui promet l’émergence de nouveaux sujets de débats.

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