[De Tours au Québec] On a retrouvé les anciens gérants du bar Le Palissy

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Après des reportages en Espagne et au Togo, 37 degrés traverse l’Atlantique direction le Canada, et plus précisément le Québec. De nombreux français font ce voyage chaque année, pour des vacances, des études voire pour la vie. Il faut dire que la province ne manque pas de charmes. Comme nous l’avons vu dans notre chronique Histloire, elle dispose également d’une forte histoire commune avec l’Indre-et-Loire, comprenant un jumelage Tours / Trois-Rivières plutôt atone mais que des passionnés aimeraient relancer. De nombreux français font par ailleurs le voyage chaque année, pour des vacances, des études voire pour la vie comme ce couple qui tient un couette-café à Québec. Nous l’avons rencontré…

Les visages de Jean-François et Chantal Bouhours diront sans doute quelque chose aux personnes qui ont fréquenté le bar Le Palissy dans la rue du même nom, tout près de la préfecture d’Indre-et-Loire. Le couple l’a tenu pendant 8 ans, avant de changer radicalement de vie. Je les retrouve dans la Rue de la Reine de la ville de Québec; à quelques centaines de mètres d’une grande artère commerçante de la basse-ville, la Rue Saint-Joseph (où j’ai préalablement pris le temps de juger de la qualité des fromages québécois dans une boutique-restaurant).

La maison est typique du style québécois, avec plusieurs portes d’entrée pour se protéger du froid. On arrive immédiatement dans un grand salon / salle à manger au design vintage et où la table du déjeuner est déjà dressée pour le lendemain (point vocabulaire : le déjeuner québécois est le petit déjeuner français, on dîne à midi et on soupe le soir). Au mur, un grand planisphère saute aux yeux : Chantal et Jean-François y ajoutent des épingles symbolisant la ville d’origine de leurs clients. L’Europe est déjà saturée (70% des gens de passage sont de France), le Québec aussi. Les États-Unis, la Chine, le Japon ou l’Australie ne sont pas en reste. Au cours des 3h qui vont suivre, le couple anciennement tourangeau va revenir sur son parcours, ses envies d’ailleurs et sa passion pour la vie en territoire canadien.

Un coup de foudre pour la ville

Tout a commencé au début des années 2000 : « on avait envie de voir autre chose. C’était dur de vivre à deux sur un commerce. Beaucoup de travail pour pas mal de fiscalité. » Jean-François tombe alors sur un magazine rapportant les témoignages de personnes françaises parties au Québec… et décide de faire le voyage avec sa femme pour en rencontrer : « on y a passé 3 semaines, on a jasé avec elles pour savoir comment ça se passait. Quand nous sommes repartis nous étions enchantés et on a fait la demande pour nos papiers. »

Ce résumé en une phrase a pris un peu plus de temps dans le monde réel… Entre la première envie d’ailleurs et le départ effectif, il s’est passé 4 ans : « on a commencé à en parler en 2003 et on s’est installé en 2007 » se souvient Jean-François. « J’avais 47 ans, et je n’avais plus envie d’un bar-tabac mais toujours le désir de voir du monde » poursuit-il pour justifier l’ouverture de son couette-café, autrement dit une chambre d’hôtes ou bed & breakfast si on tombe dans l’anglicisme. « On a trouvé en 4 mois : le 1er mai on faisait la visite et le 1er juillet on entrait officiellement dans les murs. » Au passage, les Bouhours ont récupéré le chat des anciens propriétaires. Pas le plus affectueux des matous, mais tout de même curieux quand il aperçoit de nouvelles têtes.

De la neige à profusion

La Bohème est une affaire sûre : « ici ça fait 40 ans que c’est un gîte » précise Jean-François. Un logement pour les touristes, mais aussi des chambres d’étudiants avec service ménager. « L’été c’est plein tout le temps, on avait un an de réservations d’avance en arrivant. » Et à Québec, l’été touristique commence le 1er mai pour s’achever le 31 octobre. Le reste de l’année c’est plus calme mais pas creux : il y a toujours quelques touristes de passage, des Français qui envisagent de s’installer au Canada et en profitent pour demander conseil ou encore des voyageurs d’affaire qui ont flairé le bon plan d’un hébergement à moindre coût, jusqu’à deux fois moins cher que l’hôtel.

S’approchant de la retraite, Chantal et Jean-François ont réduit leur activité, et la stopperont totalement dans 3 ans. Vivant avec leur fils de 17 ans qui suit une formation dans la restauration, ils disposent présentement de 4 chambres pour deux personnes, et de 7 logements étudiants après avoir vendu une maison attenante.

L’impatience de la retraite… mais au Québec

Dehors, la neige encombre encore la cour : cet hiver il y en a eu tellement qu’elle a plongé le rez-de-chaussée dans l’obscurité… les couloirs aussi car elle obscurcissait le cadran solaire situé près du toit. Galère ? Apparemment non : « on n’aime pas la chaleur » assurent Chantal et Jean-François. De plus comme ils travaillent à domicile, les frasques saisonnières leur posent assez peu de problèmes, hormis peut-être lorsqu’il faut faire quelques courses, les deux gérants faisant par ailleurs en sorte de s’approvisionner au maximum en produits locaux de qualité, notamment la charcuterie du Pied Bleu, un restaurant qui participe au passage aux concours des meilleurs boudins… et qui gagne !

« On a eu le coup de cœur pour Québec, c’est une ville à taille humaine. Très touristique par rapport à Montréal qui est une ville d’affaires. Si j’y vivais, ce serait comme si j’habitais à Paris »

Jean-François Bouhours

Duo avenant et volubile, les Bouhours sont passionnés par leur métier ce qui ne les empêche pas d’être marqués par le temps. Ainsi, ils ne cachent pas leur envie de retraite : « on ne prend jamais de vacances, donc là on a envie de partir 6-7 mois pour bouger. » A force d’héberger des touristes du monde entier, ils ont quelques adresses à visiter en Australie, au Sri Lanka, au Japon, en Nouvelle-Calédonie ou en Nouvelle-Zélande, de quoi faire un sacré périple !

Et La France ou Tours, dans tout ça ? Originaire de l’Orne Chantal y retourne ponctuellement (un de leurs fils est toujours sur place), Jean-François moins. Globalement tous les deux sont d’accord pour dire qu’ils ne souhaitent pas revivre dans l’hexagone et pourraient prochainement engager les démarches pour obtenir la nationalité canadienne, sans pour autant renoncer à la nationalité française. Parmi les avantages qu’ils voient à rester au Québec : la vie des retraités… « Ici on peut se débrouiller avec un petit revenu et les maisons de retraite sont moins chères. »


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