Voyage au coeur du tri postal

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C’est un geste du quotidien qui devient de plus en plus rare, à l’heure où tout passe par Internet. Pourtant, chaque jour, les Tourangeaux continuent de déposer leurs courriers dans les boîtes aux lettres jaunes de la Poste. Mais, une fois postée, que se passe-t-il pour leurs lettres? Immersion dans les coulisses de l’entreprise.

Il est 8 heures à la plate-forme courrier de Sorigny. Depuis une heure déjà, les facteurs s’affairent. Quand Antoine Redureau, facteur qualité depuis 2008, arrive, le camion en provenance de la plate-forme industrielle courrier Tours Val de Loire est déjà déchargé et les chantiers montés. Un premier tri des vingt-cinq tournées gérées par ce centre est alors réalisé, sur deux chantiers distincts. Un chantier lettres, où l’on trie notamment la presse et les petits paquets import, un autre pour les colis. « C’est un travail collectif. Chacun aime bien avoir sa place mais on s’adapte, notamment en période forte, comme Noël », indique-t-il.

Après ce premier tri, vers 7h30, chaque postier relève le courrier de sa tournée. Un deuxième tri commence alors, dans un casier permettant une séparation plus affinée. Ici, chaque case correspond à un point de distribution. A une habitation, donc. Les lettres, la presse ou les imprimés publicitaires sont triés par rue et par numéro. Si ce dernier a été oublié ou qu’il est erroné, le courrier ne reste pas longtemps dans les mains du facteur. Il existe en effet plusieurs solutions pour savoir où le destinataire habite exactement. « En général, les titulaires connaissent parfaitement leur tournée. Sinon, on a un carnet avec toutes les indications », explique Antoine Redureau. Les agents possèdent également un cahier avec les personnes qui ont déménagé, pour être sûrs de ne pas commettre d’erreur.

La Poste, plate-forme courrier de Sorigny

Une fois le travail de répartition terminé, « on s’occupe des contrats de réexpédition, quand il y a eu des déménagements. On colle de nouvelles étiquettes sur les enveloppes, avec la nouvelle adresse. » Elles seront placées dans les caissettes du petit chantier de départ, avec les courriers qui n’ont trouvé leur destinataire lors du tri ou de la distribution, puis renvoyées, à 17h15, à la Pic de Sorigny.

Antoine Redureau se rend ensuite auprès d’un collègue, afin de savoir s’il a des « objets signalés » ou des recommandés, des courriers avec un numéro de suivi qui ne sont pas triés avec les autres puisque ce sont des objets de plus grande importance. Vient alors le moment de « décaser ». Le courrier est retiré des cases, dans l’ordre de la tournée, mis en lot puis placé dans la sacoche qui se trouvera à l’avant de son staby. Ce qui ne rentre pas est déposé dans un autre sac, qui sera placé dans un dépôt et qu’il récupérera plus tard, au fil de sa tournée. Une véritable mécanique bien huilée.

La Poste, plate-forme courrier Sorigny

Antoine Redureau « décase » sa tournée.

La Poste 2

Le courrier est trié, prêt à être distribué.

Quatre heures de tournée, entre contact et nouvelles missions

Entre 9h et 9h30, le facteur part en tournée pour une durée de quatre heures environ, avec l’obligation de prendre quarante-cinq minutes de pause pour manger. « Mais, c’est assez souple. On peut les prendre en fin de vacation », précise-t-il. Une tournée pendant laquelle il est en contact avec les habitants, ce qu’il apprécie. « Il y a encore des gens qui n’ont pas de boîte aux lettres donc on doit aller chez eux. Le facteur est apprécié. Les gens sont contents de nous voir, même si parfois on leur apporte des factures. Ils nous chambrent avec ça! La Poste a toujours une belle image. » Cette proximité avec les gens se développe d’autant plus avec le renouvellement du métier. Le facteur se voit en effet attribuer de nouvelles missions, dues à la baisse du courrier. Il se rend donc parfois dans les entreprises, à la demande de Pôle Emploi, afin de voir si ces dernières ont besoin de recruter du personnel, ou chez les particuliers dans le cadre du dispositif « Veiller sur mes parents ».

Après sa tournée, il rapporte les « objets signalés » et recommandés non remis ainsi que les courriers mal adressés, refusés ou dont le destinataire est inconnu à l’adresse indiquée. Ces courriers repartiront le soir, avec les contrats de réexpédition. Il est 14h45 et, pour Antoine, la journée se termine.

Pendant ce temps-là, à la plate-forme industrielle courrier Tours Val de Loire (Pic), située à Sorigny, les machines tournent à plein régime. Dans ce hangar de 22.000m², deux millions de lettres sont triées par jour pour l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, l’Indre et la Sarthe. « Il y a dix ans, nous étions déjà à deux millions de lettres mais seulement pour l’Indre-et-Loire et la Sarthe », commente Véronique Marrié, responsable communication de la Pic. « Entre 2006 et 2020, on aura perdu 50% de courrier », poursuit-elle. Au total 300 postiers, répartis en sept équipes, se relaient six jours sur sept, 24h/24, « en fonction de l’arrivée du courrier ».

Comme au centre de distribution, tout semble parfaitement orchestré. « Le matin, on travaille le courrier non urgent car il n’y a pas de départ de camion. De 14h à 20h30, on travaille plus en urgence car tout doit partir, sauf nos quatre départements, que l’on commence à trier tranquillement à 20h30. » Entre minuit et quatre heures du matin, les employés reçoivent le courrier provenant de douze départements alentours, de Paris, de Lille, de Bretagne ainsi que la presse. « A 4h45, il faut que tout soit trié pour que les facteurs puissent être desservis à l’heure. C’est là que l’équipe qui commence à 4h nous aide car l’équipe de nuit commence à fatiguer donc on a besoin de sang frais », explique la responsable communication.

Pic de Sorigny
Pic de Sorigny, intérieur

Passage des lettres dans trois à cinq machines

Les lettres, après avoir été déposées dans les boîtes aux lettres jaunes et récupérées par les facteurs suivent toujours les mêmes étapes. En vingt-quatre heures, un même courrier passe dans les mains de seize postiers environ et dans trois à cinq machines. Une fois arrivé à la Pic, il est d’abord trié dans une machine de tri préparatoire. « Ce n’est pas vraiment du tri mais plus du visuel. Elle contrôle la valeur du timbre, distingue si c’est un vrai ou un faux, oblitère. » Les petits formats passeront ensuite dans une machine de tri industriel, capable de trier 40.000 lettres par heure pour 256 destinations. « Il faudrait vingt-sept personnes pour le faire à la main », précise Véronique Marrié. Pour faire fonctionner cette machine de soixante-dix mètres de long, le pilote machine y intègre le courrier en le déposant sur un tapis roulant, qui est récupéré par deux opérateurs, sur les deux côtés. « Pour eux, c’est 60% d’attente. On s’arrange pour qu’il y ait du monde où le courrier sort le plus mais ils peuvent se mettre du même côté car un voyant bleu indique quand il faut aller de l’autre côté. C’est plus convivial. Et, quand on gagne en convivialité, on gagne en efficacité. » Les grands formats, eux, passeront dans une trieuse à objets plats, qui trient jusqu’à 15.000 plis par heure.

Il arrive parfois qu’une lettre ne puisse pas être lue par la machine, à cause d’une écriture illisible, d’un élément qui empêche la lecture ou cache l’adresse. Elle ressort alors dans un case spéciale après avoir été scannée. Installé devant son ordinateur, un postier voit passer ce courrier sur son écran et y indique son code postal, ce qui lui permettra de retrouver son chemin. Ses gestes paraissent automatiques : une lettre, un code postal, une lettre, un code postal… Et pour causes, 1.400 lettres sont encodées par heure en moyenne. Cette tâche demande donc une grande concentration et peut vite fatiguer les yeux mais elle ne déplaît pas forcément. « Ça coupe du bruit des machines et ça change », commente-t-il. Véronique Marrié précise d’ailleurs : « Quand ils font une vacation de sept heures, les salariés vont changer deux ou trois fois de mission, ce qui évite les gestes répétitifs. Surtout que eux ne voient pas le client. » Ce qui ne peut pas être trié en machine ou qui n’a pas pu être déchiffré par le vidéo-codage sera finalement trié à la main.

Devant de la machine - Pic Sorigny

Le courrier est mis sur un petit tapis roulant, avant d’entrer dans la machine pour être trié.

Pic Sorigny - machine pour petits formats

Après être passées dans la machine de tri industriel, les lettres petits formats sortent dans la case correspondant à leur destination.

Machine pour grands formats - Pic Sorigny

Les courriers grands formats sont eux triés dans une trieuse objets plats.

Si les machines permettent d’aller plus vite, il peut tout de même y avoir quelques petits désagréments. « Le plus gros souci, c’est quand deux lettres se coincent. Ça fait sauter une petite pièce dans la machine. Avant, il fallait vingt-trois minutes pour la réparer, maintenant il en faut neuf. Quand on est à la coupure (une heure avant le départ des camions), on a un technicien à la machine qui attend la panne. La plupart des pilotes peuvent aussi changer quelques pièces. Et, nous avons très rarement de gros problèmes. » En cas de soucis majeurs, la responsable de communication explique qu’il existe tout de même un plan de tri de secours : le tri sera effectué mais ne sera pas affiné.

Un affinage nécessaire pour faciliter le travail du facteur, réalisée par les trieuses tournées facteurs très tôt le matin. Le courrier sera passé trois fois dans la machine afin de sortir dans l’ordre de la tournée. Cette étape terminée, le courrier est chargé dans les camions, direction les différentes plate-formes de distribution, dont celle de Sorigny. Antoine Redureau et ses collègues commenceront alors une nouvelle journée.

La plate-forme industrielle courrier Tours Val de Loire en quelques chiffres :

22.000m²
300 postiers et 12 techniciens
2.000.000 de courriers triés par jour
4 départements pris en charge (Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Indre, Sarthe)
1.300 tournées de facteurs triées par jour pour l’Indre-et-Loire
18 machines : 2 machines de tri préparatoire, 5 machines de tri industriel, 3 trieuses objets plats, 8 trieuses tournées facteurs
250 camions passent chaque jour sur les 8 quais
10 : le nombre de kilomètres effectués par jour par un chef d’équipe

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