Les Fontaines, un quartier qui a besoin de ses habitants pour se développer

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Bordé par le Cher au nord, longé par l’autoroute A10 à l’est, coincé par la route de Saint-Avertin au sud et délimité par la piscine du Lac à l’ouest, le quartier des Fontaines a longtemps été considéré comme un des quartiers les plus isolés de la ville de Tours. Les Fontaines se séparent d’ailleurs en trois zones, délimitées par les différents types de logements. La sectorisation est bien présente dans le quartier au sud de Tours. Mais des actions sont mises en oeuvre pour estomper ces disparités. Bientôt ces dernières seront en partie prises en charge par le retour d’un centre social dans le quartier.

Trois zones, trois types d’habitations et de population

Aux Fontaines, traverser d’une rue à l’autre n’est pas toujours une action anodine. Comme le montre la carte ci-dessous, les différents secteurs sont délimités par les différents logeurs qui existent sur le quartier. La partie la plus au nord comprend principalement des copropriétés. Quant aux zones à l’ouest et l’est, l’une est gérée par la SEMIVIT et l’autre par Tours Habitat, deux organismes différents de logements sociaux. Au point de rencontre de ces trois zones, un centre commercial est implanté autour d’une fontaine. La majorité du quartier est constitué de parkings et d’habitations, mais on y trouve aussi quelques espaces de vert et des jeux pour enfants. Les habitants ont également demandé l’ouverture d’un jardin partagé dans lequel ils peuvent se rencontrer tous les mardis après-midi.

Dans la journée, les Fontaines sont plutôt calmes et paisibles. Finalement, avec plus de 6 000 habitants, le quartier est aussi considéré comme un quartier dortoir. Néanmoins un ras de bol quasiment général se fait sentir par les habitants quand on leur parle de leurs soirées ou leurs week-ends chez eux. « Il y a un véritable manque de respect des gens les uns envers les autres. Beaucoup de jeunes gens trainent en scooter assez tard et les halls d’escaliers sont souvent sales le matin » confie Yvette, habitante du quartier depuis 40 ans. Une vie de quartier nulle, c’est ce qui revient le plus souvent. D’où la nécessité de rouvrir un lieu où les habitants pourront s’investir et développer des projets ensemble. 

Avant la réouverture du centre social ?

Le quartier des Fontaines s’est trouvé dépourvu de centre social à la fin de l’année 2015. À l’époque, il était géré par l’association Léo Lagrange. La fin du contrat avec la mairie ainsi que des problèmes de subventions avaient amené le centre à fermer. Jusqu’en septembre 2017, la ligue de l’enseignement a mis en œuvre des activités sur le quartier. L’association a assuré des animations pour les jeunes durant les vacances scolaires, principalement sur la zone quartier prioritaire des Fontaines. Ce qui correspond à environ un tiers du quartier. Parallèlement la ville se charge de dresser le portrait des Fontaines afin de tirer les conclusions sur les besoin de cette partie de la ville. L’analyse est ensuite reprise par la ligue de l’enseignement lorsque la ville et la CFA leur confient la mission de préfiguration d’un centre social. Sectorisation marquée, rupture de lien social, isolement, ce sont autant de conclusions qui permettent de cerner d’avantage le quartier.

Réunir les habitants

Les observations menées durant toute la période sans centre social ont souligné un manque de cohésion entre les habitants. C’est d’ailleurs ce que note Véronique Cuvier, la présidente de l’association des habitants des Fontaines et résidente du quartier depuis une quarantaine d’années. Les habitants manquent d’implication. « On nous dit qu’il ne se passe rien dans le quartier, les gens s’en plaignent, mais je ne les vois pas pour autant aux différentes activités ou rassemblements que notre association propose. Tout ce que j’ai à leur dire maintenant, c’est bougez-vous ! » déclare Véronique Cuvier. Certains événements organisés par l’association, comme la bourse aux jouets, intéressent plus les personnes de l’extérieur du quartier. Véronique constate parfois que plus de 80% des participants viennent de Véretz, de Saint-Avertin ou autre. De plus, elle témoigne également de l’entre-soi des gens. Lorsqu’elle est arrivée dans le quartier, les gens se mélangeaient d’avantage entre eux. Aujourd’hui, les groupes cherchent moins à aller vers les autres. C’est là dessus que le nouveau centre social aura tout un travail à faire.

L’association est déjà en coordination avec le centre social mais tient tout de même à garder ses propres activités. Le but de ces collaborations entre les différents acteurs du quartier Fontaines est le même : faire du quartier un lieu où tout le monde y trouve son compte.

« Ça doit être un lieu qui doit parler à l’ensemble de la population. Que l’on soit une mamie de 60 ans qui a envie de faire une exposition, qu’on soit une maman avec des enfants et pour lesquels on cherche des activités, que l’on soit quelqu’un qui ait besoin d’un accompagnement à son accès aux droits ou aux papiers, qu’on soit demandeur d’emploi qui ait besoin de renseignements sur les démarches à suivre. » – Marie Dubois, future directrice du centre social des Fontaines

Un lieu neutre

Le nouveau centre social devrait s’installer au niveau de la mairie de quartier à l’Espace Jacques Villeret. Le lieu n’est pas choisi au hasard. À la différence de celui de Léo Lagrange qui se situait dans la zone quartier prioritaire des Fontaines, le nouveau sera dans une zone considérée comme neutre. L’Espace Jacques Villeret dispose d’aménagements qui complètent l’intérêt pour le lieu. Une salle de cinéma, une bibliothèque, une vidéothèque ainsi que plusieurs salles côtoieront bientôt le centre social.

« C’est intéressant de ne pas rester dans la zone prioritaire des Fontaines mais de mixer tous les espaces et de s’adresser à toutes les populations. Je pense qu’au final l’installation du centre social à l’Espace Jacques Villeret fera sa force. » – Julien Alet, adjoint de quartier.

En plus d’avoir un lieu fixe, Marie Dubois pense déjà à multiplier les sites pour être présent dans les différents espaces des Fontaines. Elle veut que les animations ne se déroulent pas toujours au même endroit ou bien même que des points de rencontre soient envisager partout. Pour elle, c’est un bon moyen pour mobiliser les habitants.


Une maison pour tous

Le nom du nouveau centre social est un enjeu majeur pour Marie Dubois. « Centre social ça parle mais ça stigmatise. On réfléchit donc à une autre dénomination, peut-être choisie par les habitants eux même mais il ne faudra pas afficher le nom de centre social pour attirer tout le monde. » nous explique-t-elle. L’équipe du nouveau centre social devrait s’installer officieusement à l’Espace Jacques Villeret courant du mois de novembre pour entrer dans la dernière phase de préfiguration. C’est à ce moment là qu’un nom sera défini par l’équipe et les habitants.

Le plus du quartier, c’est la mixité

Certains habitants proposent d’ores et déjà des projets au centre social pour favoriser le mélange des populations. A l’instar de Françoise, toute nouvelle dans le quartier. Elle a conscience qu’elle habite du côté le plus favorisé du quartier mais elle n’hésite pas à aller à la rencontre des autres. Car ce n’est qu’avec les autres qu’elle arrivera à porter son projet pour le quartier. Elle veut organiser des goûters où parents et enfants se mélangeront pour chanter des comptines du pays duquel ils viennent. Une façon de profiter de la multiculturalité bien ancrée dans le quartier de manière ludique et simple. Une initiative comme celle de Françoise pourrait bientôt voir le jour grâce à la réouverture d’un centre social.

« C’est un quartier difficile mais c’est aussi une chance de se faire le pari de vivre ensemble » – Françoise, nouvelle habitante du quartier

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