« La radio rentre dans une nouvelle ère »

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En complément de notre article sur les radios associatives d’Indre-et-Loire, paru dans notre magazine 37°Mag, édition printemps-été 2023 (A retrouver en format numérique ici), retrouvez notre interview de Bruno Delor, président de CITERADIO :

À 57 ans, Bruno Delor est l’un des pionniers de la radio en Touraine. Bénévole à 17 ans pour Radio Star avant de créer des radios éphémères sur la bande FM, cet entrepreneur dans l’informatique est depuis 2014 le président et le directeur d’antenne de CITERADIO. Une radio associative d’informations positives proche du territoire et de ses habitants qui depuis juin 2022 a obtenu une fréquence FM (89.3) après un long parcours du combattant. Rencontre avec un passionné de nouvelles technologies, également président de l’association Les Amis de la radio, qui nous présente les coulisses de sa radio, mais également les enjeux de demain pour les radios associatives. 

Depuis combien de temps existe votre radio ? 

On existe depuis 1990. Pendant 20 ans, on a proposé des radios temporaires sur la bande FM dans des centres sociaux, des collèges, avec l’aide des services de jeunesse de plusieurs villes, comme Joué-Lès-Tours ou Saint-Pierre-des-Corps. À chaque fois, l’idée était de faire du lien entre les différents acteurs de ces lieux, les initiatives, les manifestations tout en présentant l’outil de communication formidable qu’est la radio. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il n’y a pas internet donc le seul média accessible pour tout le monde c’était la radio. On travaillait également beaucoup en collaboration avec d’autres radios associatives, comme Radio Active, pour couvrir différents projets sociaux, comme la Semaine de l’emploi. Un ensemble d’actions et de projets que l’on retrouve toujours aujourd’hui sur CITERADIO.

C’est grâce à internet que vous arrivez à développer une radio fixe ?

Oui et on a réussi à se fixer en 2014. À cette époque, avec mon expérience acquise également en tant que président d’une autre radio, je ne voulais pas en rester là. Je voulais poursuivre ce qu’on avait commencé à bâtir il y a 24 ans. À défaut d’obtenir une fréquence FM fixe, jusqu’en 2022, nous avons lancé une webradio et un site internet. C’est comme ça que CITERADIO est née et que nous avons relancé la machine avec une grande partie de l’équipe de départ.

Comment détermine-t-on la ligne éditoriale d’une radio associative ?

En regardant déjà ce que les autres radios associatives comme commerciales proposent. Construire une radio musicale n’avait aucun intérêt quand on voyait l’offre proposée par la concurrence. Puis, on s’est dit qu’une radio basée sur de l’information locale pourrait être une ligne intéressante et serait dans la continuité des actions qu’on avait menées précédemment. On mettait déjà en valeur la vie de quartier et le tissu associatif autour d’interviews, de reportages… On voulait donc poursuivre sur la vie citoyenne en s’orientant toujours sous forme de projets. On propose de l’info locale positive, mais sans faire de la politique, par contre. La politique c’est un domaine particulier. Je regrette un peu parfois qu’on ne s’y intéresse pas davantage, mais il nous faudrait un expert dans ce domaine pour le traiter correctement. Donc pour le moment, faute de moyens humains, on reste concentrés sur ce qu’on sait faire : le traitement de l’information culturelle, sociale et sportive, la couverture d’événements, comme les Assises du journalisme, la Fête de la radio ou des semaines thématiques dédiées à des quartiers et à des associations, tout en proposant de l’info-service, avec Les bons plans d’Arthur Leroux, notre salarié.

« J’aime beaucoup cette idée du volontariat et de l’esprit d’équipe qui se dégage à travers les actions effectuées à plusieurs. »

Quel est l’apport des bénévoles à CITERADIO ?

Il est énorme et tout simplement primordial dans le fonctionnement de la radio. Dans les radios associatives, j’aime beaucoup cette idée du volontariat et de l’esprit d’équipe qui se dégage à travers les actions effectuées à plusieurs.  Au total, pour faire fonctionner la radio au quotidien, nous avons Arthur Leroux, trois volontaires en service civique et une quinzaine de bénévoles. Les bénévoles sont là principalement pour effectuer des reportages. Ils et elles proposent également des invités et des idées d’émission. On leur demande juste de respecter notre ligne éditoriale et donc d’être toujours dans une démarche positive et d’éviter de faire de la politique, de donner un aspect éditorial aux contenus. Pour nous, on ne doit pas être derrière un micro pour donner notre point de vue sur les sujets que nous traitons, mais pour faire de la valorisation. 

Lors de l’intervention de CITERADIO le 17 septembre 2022 au Centre Commercial des Fontaines pour le 1er Forum des Associations du Quartier des Fontaines organisé par le Centre Social de la Maison pour Tous.

Depuis juin 2022, CITERADIO émet enfin sur la bande FM après plusieurs tentatives infructueuses. Pouvez-vous retracer ce long parcours ?

Notre première demande pour avoir une fréquence fixe date de 1990, quand on venait de lancer nos ateliers radiophoniques. Après un premier refus, on pensait qu’avec davantage d’expérience, on arriverait à convaincre le CSA (devenu l’Arcom depuis 2017, NDLR) pour obtenir une fréquence. On envoyait donc une demande chaque année, mais à chaque fois, en guise de réponse, on recevait une courte lettre composée d’une ligne où l’on nous expliquait qu’il n’y avait pas de place pour notre projet sur la bande FM. Si certaines radios ont réussi à obtenir une fréquence pour des raisons politiques, je n’ai jamais voulu utiliser ce levier. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’avec notre travail et toutes les actions qu’on a mis en place, nous avons réussi à convaincre l’Arcom. Nous avons également montré notre volonté à rejoindre le DAB + (technologie de modulation et de transmission numériques de la radio, NDLR). Un système que l’Arcom cherche à développer davantage et qui pour moi est l’avenir de la radio. Même si c’est un coup de poker pour le moment, tous les mois il faut quand même payer 500 euros pour émettre sur toute la France, je pense que toutes les radios associatives devraient prendre ce virage numérique. On devrait peut-être d’ailleurs toutes se réunir pour réussir chacune notre transition sur ce nouvel outil.

Comment fait-on pour asseoir une radio dans le temps ?

Pour asseoir une radio, il faut foncièrement être différent des autres radios. Il faut également accepter les difficultés qu’on peut rencontrer et ne pas compter ses heures de travail. Il est également très important d’être proche du territoire, des habitants, se montrer impliqué dans leur quotidien, dans la vie de quartier, tout en diffusant de l’information positive. Une radio doit également être à l’écoute de ses auditeurs, de leurs questionnements, de leurs attentes et de leurs nouvelles méthodes d’écoute.  Aujourd’hui, une radio ne peut plus proposer qu’une unique ligne de programmes qu’on écoute en allumant un transistor à certaines heures. Il faut qu’elle produise également du contenu sur son site internet, sur les réseaux sociaux, qu’elle fasse des podcasts… Elle rentre dans une nouvelle ère et doit devenir un média multi support. C’est le défi de demain pour les radios associatives.

Interview réalisée par Pierre-Alexis Beaumont

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