Groupe qui dure et qui ne ramollit pas, la «fanfare jazz abstract hip hop» qui répond au doux nom – très très vendeur auprès des jeunes fumeurs – de «phytothérapeute» ou «herboriste», a proposé un set de haute-volée hier soir à Monts, installant morceau après morceau une ambiance tranquille, juste troublée par quelques saillies vocales puissantes d’un bout de Chill Bump.
Même si deux des compères fondateurs ont commencé à faire mumuse avec des platines, une basse et une guitare en 1984, à l’âge où d’autres n’ont même pas encore commencé à jouer à touche-pipi, le vrai «collectif» démarre en 1995, année bénie où des demi-dieux qui ont eu l’idée absolument fabuleuse de mélanger le jazz et les machines, sortent leurs premiers disques.
Cuivres répétitifs, sons de batteries travaillés pendant des semaines en studio, programmations de malades : entre le Californien Dj Shadow et le Japonais Dj Krush s’intercalent des Britanniques particulièrement inspirés comme Coldcut, créateurs du lable Ninja Tune – qui accueille donc The Herbaliser entre autres perles du genre – ou comme James Lavelle qui sort sur son label Mo’Wax la double compilation légendaire «Headz» en 1994, double LP complètement fou qui allait marquer de manière indélébile l’histoire de la musique.
Dix ans plus tard, The Herbaliser signe «Take London», un album immense qui assoit leur talent pour l’éternité. Vingt ans après leur premier disque, en 2015 donc, ils apportent encore sur scène ce bagage hallucinant et hallucinogène, des compositions imparables évoquant à la fois la brillance de Motown, l’espièglerie de Birdy Nam Nam et le chic électro-jazz french touch de Saint Germain. L’impression d’entendre défiler tout ce que tu as toujours voulu entendre avant de mourir, en sirotant ton cocktail préféré dans une chaise longue vintage «Conseil général d’Indre-et-Loire» en oubliant tous tes ennuis. Jamais putassiers, fuyant l’idée même de pondre un tube un jour, The Herbaliser sont depuis longtemps entrés dans la cour des grands. Le tout en ressemblant à ton voisin de palier qui sort son chat ou à un supporter de foot (anglais, hein, un vrai) un lendemain de match. La force tranquille, en somme.
> Un degré en plus
Ferme les yeux, enfile ton casque et écoute leur premier album de 1995 «Remedies» l’un des monuments du label Ninja Tune. Si c’est la première fois que tu l’entends, accroche-toi au canapé.
Crédits photos : Laurent Geneix et Christelle Bernard