Arno, le chanteur belge était au Temps Machine hier soir et a fait du Arno, pour le plus grand plaisir du public qui avait rempli la salle.
Le public voulait du Arno hier soir et il ne fut pas déçu. Fidèle à lui-même, le chanteur natif d’Ostende a livré une prestation simple, sans fioritures mais sublimement efficace. Pourtant, avec le pas hésitant sur scène et une posture un peu en retrait, les premiers moments du concert laissaient craindre un chanteur fatigué. Etait-ce de la timidité ? Etait-ce le temps nécessaire pour réussir à se livrer pleinement ? Quoi qu’il en soit, si la prestation fut juste d’entrée, appuyée notamment par des musiciens de qualité, mettant pleinement en lumière l’univers du Belge, il manquait quelque chose à ce début : un échange fort entre la scène et le public. Puis Arno s’est peu à peu lâché, sans coup férir l’intensité est montée au fur et à mesure que les classiques du chanteur s’enchaînaient, ponctués parfois de quelques mots entre certaines chansons, souvent drôles, et qui comblaient ce chaînon manquant, permettant de tisser indélébilement ce lien entre le public et l’univers du chanteur.
Au final, le public voulait voir du Arno, le chanteur ne les a pas déçus avec un concert faisant la part belle à ses standards. De « Lola » à « Je Veux Nager », en passant par « les Filles du Bord de Mer » ou encore les classiques de la période TC Matic avec « Putain Putain » en figure de proue, « Elle adore le Noir » ou « Oh là là ! » … Sans oublier évidemment « Les Yeux de ma mère », toujours aussi prenante et intense.
Arno fait du Arno, se montre hésitant entre deux chansons puis repart de plus belle dès les premières notes entamées de la suivante, alternant tour à tour balades mélancoliques, chansons rock et blues. On a dit de lui qu’il était une gueule cassée, un écorché, on le compare souvent à d’autres grands de sa génération : Higelin, Bashung, (avec qui il a partagé une scène culte dans le film « J’ai toujours rêvé d’être un gangster »), Darc et on en passe, mais Arno est unique par sa simplicité et une certaine naïveté touchante. Loin de l’image du rebelle écorché, Arno chante la vie simplement par le biais de son univers décalé mais si naturel chez lui. Et si sa voix éraillée se montre moins enlevée ou plus exactement plus couverte par les instruments que par le passé, l’homme ne perd rien de sa magnificence et impose le respect qui va avec. Oui Arno est un grand Monsieur, il l’a prouvé une nouvelle fois hier soir.
Crédits photos : Mathieu Giua pour 37°