« Les Aveugles », théâtre obscur

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La pièce est à découvrir cette semaine au Théâtre Olympia.

Il ne faut pas se mettre aux extrémités des rangées pour être sûr de bien voir. Pour Les Aveugles, pièce présentée cette semaine au Théâtre Olympia de Tours, plusieurs sièges restent volontairement inoccupés. Jauge réduite, et ambiance particulière dans la grande salle… Quand la lumière s’éteint, le public reste dans le noir quasi-total. Seules percent les lumières des sorties de secours… Sur scène, on ne voit rien. Ou si peu.

Petit à petit, quelques lueurs apparaissent, quelques bruits aussi. La nature, les pas, le vent. On peut imaginer un souffle de lumière au travers des feuilles d’arbres très touffus. Les premières conversations commencent. Et on constate que les personnages ne sont pas plus avancés que nous. Tous aveugles, ces hommes et ces femmes sont perdus. Sortis de leur hospice avec le prêtre qui les accompagnait, ils sont assis là, au milieu de nulle part. Ils sont 12 vieillards et un religieux et ils s’interrogent : où sont-ils ? Que font-ils ? Que se passe-t-il ? Qui sont-ils ?

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Pendant un peu moins d’une heure (la pièce est très courte mais dense, intense), nous voilà habités par les questionnements de ce groupe d’hommes et de femmes inquiets, préoccupés, paumés… Ils n’ont que les bruits, leurs sensations et leurs mains pour s’orienter. Certains dorment, d’autres prient, un bébé tête sa mère « folle »… Mais où est passé le prêtre ? Comment vont-ils rentrer chez-eux sans lui ? Fait-il jour ou fait-il nuit ? De quel côté est la mer ? Ont-ils traversé le fleuve ? L’un des hommes s’est-il ouvert les mains avec des épines du sol ?

Sur scène, 4 acteurs déplacent doucement un groupe de marionnettes représentant les personnages de ce huis-clos. Ils le font avec grâce, avec une certaine chorégraphie, tout en interprétant les dialogue.

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L’ambiance est pesante, presque angoissante, amplifiée par la semi-obscurité, les bruits sourds et le rythme ténu. On ne dévoilera évidemment pas tout mais la mort, l’impatience, la volonté, les regrets et l’espoir se mêlent dans cette aventure qui manque d’images mais pas de fond. Un simple son de cloche ou bruit de vague constitue un grand rebondissement, un élément dramatique essentiel. A la fin, on en sort soi-même un peu désorienté, vacillant… Dans le public, quelques spectateurs témoignent en observant de près les visages des marionnettes : « elles sont réalistes mais terrifiantes » lâchent certains dans un murmure… L’angoisse prime à l’issue d’une représentation qui nous questionne sur notre rapport à l’inconnu.

 

Les Aveugles, de Maurice Materlinck et Bérangère Vantusso (artiste associée du CDNT) avec la Cie trois-six-trente, jusqu’au samedi 2 décembre au Théâtre Olympia de Tours (rencontre avec les artistes ce jeudi 30 novembre). Les photos sont signées Ivan Boccara.

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