Le temps d’un 16 mesures #11 Maxwell Nostar, embarquez sur ses « Pistes noires »

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« Le temps d’un 16 mesures » c’est une chronique régulière sur 37° sur la thématique du hip-hop, en partenariat avec « hip-hop is not dead », une chronique réalisée par Loann pour l’émission de Radio Campus Tours 99.5 FM intitulée Wabam Cocktail.

En ce début d’année, 37 degrés a choisi de s’intéresser à un rappeur local du nom de Maxwell Nostar. Membre du collectif Nostar, Maxwell rappe depuis une douzaine d’années en décrivant un environnement dur, amer mais parfois plus léger au travers de rimes ciselées et mélodieuses. Le 11 janvier prochain sort son premier album intitulé « Pistes noires » qu’il présentera aux tourangeaux le 02 février au Grand Cagibi. Accompagné par Herka et Dirtyfingaaz sur scène, cette année va être un tournant pour leur projet artistique.

Rencontre avec ce MC local qui aiguise sa plume les soirs de brumes.

Actif depuis plusieurs années sur la scène hiphop tourangelle, ça représente quoi le rap pour toi ?

Maxwell Nostar : C’est la fête ! Tu te retrouves avec tes potes dans le but d’œuvrer ensemble et de créer. C’est super important. De voir ton pote qui a les yeux qui s’écarquillent quand tu sors un truc, de voir ses éclats de lucidité au dernier moment.

C’est d’abord de la création ou de l’écoute pour toi ?

Maxwell Nostar : Quand j’étais jeune, vers 10,11 ans, j’avais ma petite radio et je changeais souvent les fréquences. Je tombe sur Skyrock avec la Fonky Family. C’était le morceau « Sans rémission » je crois. Sur le moment, je kiffe. Je reste branché sur cette station. Par la suite, j’en parle avec des plus grands de chez moi qui connaissaient déjà le hiphop plus généralement. Je gravais les compiles qu’ils ramenaient de Châtelet. Quand le téléchargement est apparu, c’est moi qui leur amenait des exclus, étant plus à l’aise qu’eux avec l’informatique.

Quels sont les albums qui t’ont donné envie de te mettre à l’écriture ?

Maxwell Nostar : En vrai, il y a un gros décalage entre le moment où j’ai écouté du rap et le moment où j’ai pris le crayon. Les mecs qui m’ont donné envie d’écrire c’est Dyonis et Lilbab. Ce qu’ils écrivaient étaient carrés, cela sonnait bien. Avant de les voir eux, je me disais que c’était impossible de rapper si t’étais pas d’un quartier parisien, si t’étais pas renoi, tu vois l’idée ? Par la suite, je me suis dit que je pouvais rapper et que j’avais aussi des choses à dire.

Qu’est-ce qui t’inspires en ce moment dans le hiphop français ?

Maxwell Nostar : Je m’inspire du positif comme du négatif. Mais dans ce qui est produit en ce moment, je ne m’y retrouve pas. Certaines prods groovent plus que d’autres bien sûr, mais en ce qui concerne les Mcs, c’est plus tendu. Je ne peux plus me calquer sur certains gars. C’est dû en partie à l’âge que j’ai, je pense. J’ai une vie qui est en place, je ne me cherche plus.

La préparation de ce premier album était-elle différente que pour tes anciens projets ?

Maxwell Nostar : Clairement. Déjà, quand tu prends le tout premier, il n’y a que des faces B (NDLR : version instrumentale de la face A d’un disque). Même dans mon dernier projet il en reste. Sur Pistes Noires, il n’y en a aucune. C’est un unique beatmaker à la production du nom de ITAM. Il gère en partie la direction artistique au final.

Comment la rencontre s’est faite avec ITAM ? Et pourquoi choisir de travailler avec un seul beatmaker ?

Maxwell Nostar : ITAM je l’ai découvert via le collectif Kids Of Crackling dont j’apprécie le travail et tout particulièrement celui de Mani Deiz. Je le trouve aujourd’hui aussi bon voir meilleur que les autres du collectif. Sans mentir ! Sa manière de faire groover les sons est assez surprenante. Suite à cela, je lui ai envoyé des morceaux et lui m’a envoyé des prods. La première collaboration eu lieu sur mon projet « Ma Fastlife ». Il a apprécié ce morceau et m’a dit « si tu me fais d’autres sons comme celui-là, on fait un projet ensemble ». Ce qu’il ne savait pas, c’est que j’attendais également de lui proposer. Au final, dans le milieu hiphop indépendant, je trouve que lorsque deux acteurs travaillent ensemble de A à Z, cela rend le projet plus carré. Cela a influencé ma manière de travailler.

A l’heure où l’on réalise cette interview, l’album n’est pas encore sorti mais les dates commencent à arriver, on peut dire que l’année 2019 est un tournant pour le projet artistique qu’est Maxwell Nostar ?

Maxwell Nostar : Même si avant j’ai déjà posé quelques cartes, c’est maintenant que ça doit tourner. Tout est là, il n’y a plus qu’à œuvrer.

Le nom de cet album s’appelle « Pistes noires ». On peut y voir une métaphore de la route, l’asphalte ou alors les trajets les plus difficiles au ski. Pour clarifier tout de suite cette histoire, tu as quel niveau de flocon au ski ?

Maxwell Nostar : J’ai que dalle ! Je fais de la luge [rires]

L’ensemble de cet album est assez mélancolique. Il y a une unité à travers ce sentiment que l’on retrouve aussi bien dans les textes que dans les prods d’ITAM. Vous l’avez réfléchi dans ce sens-là ou c’est juste la rencontre de vos univers qui donnent cette finalité ?

Maxwell Nostar : ITAM m’a envoyé quelque prods. Je pense qu’il avait déjà une petite idée derrière la tête mais moins aiguisée que ce qu’il a eu par la suite. Deux productions sont vraiment sorties du lot et j’ai commencé à rédiger le morceau « Saoulé ». C’est à ce moment là qu’a été prise la direction artistique du projet. Au bout du troisième ou quatrième son, je pense qu’ITAM savait quoi me proposer.

Dans «Saoulé», le texte est assez désabusé, il est vraiment ancré dans le présent et fait écho à l’actualité de la révolte sociale actuelle. Dans «Pistes noires», c’est l’homme en général qui te questionne lorsque tu dis « Quand j’étais jeune je pensais pas qu’il avait autant de fils de tinp sur terre » ou « l’humanisme se meurt, c’est l’heure de faire du profit, des selfies du crossfit». On a le sentiment que t’es un peu « blasé » par l’époque dans laquelle tu vis ?

Maxwell Nostar : C’est le cas ! Je veux pas non plus vivre en ermite, quoi que… Je ne crache pas sur tout le monde mais l’époque actuelle est surmédiatisée. On perd notre temps… Je perds mon temps moi-même à passer par là quelque part ! D’autre part, dans les métiers manuels, on te demande de faire de plus en plus. Ça enlève du sens au final dans de plus en plus de métiers. Moi, je suis issu d’un petit bled où l’on se connaît tous. Ici en ville, j’ai parfois l’impression que les gens sont dans la démonstration quand ils discutent avec toi. Même des gens qui défendent des valeurs pour le peuple, pour les autres peuvent au final être hautains et en société, tu ne les verras pas sur des tâches aussi basiques que débarrasser la table chez des potes.

Que penses-tu du rap actuel, de l’envers du décor ? Qu’entends-tu par « ils me parlent de carrière, qu’ils niquent leurs mères » ?

Maxwell Nostar : En fait, ça rejoint ce que l’on vient de dire juste avant. Dans la musique comme dans d’autres secteurs, il y a des personnes qui ne s’y connaissent pas ou alors de loin. Et ils vont vouloir te donner des conseils, parfois des absurdités simplement pour exister. Ou alors il y a le rappeur qui est sûr de lui, sûr qu’il va percer alors qu’il est tout jeune dans le milieu et que toi tu es déjà passé par là. Au moment où je le dis, ça englobe plusieurs personnes.

Le morceau « Dacia » est réellement l’un de mes coups de coeur ! L’atmosphère musicale, les textes, j’avais l’impression d’être avec ta bande de potes et toi dans ta caisse. Comment s’est fait ce morceau ?

Maxwell Nostar : A la base, c’est sur une prod de G.R. Beats que j’écris ce texte. Ce morceau était déjà l’ovni de base. Loko, l’ingénieur du son de l’album au studio Neoloko, écoute et accroche bien et me pousse à développer sur cette thématique. La plus grosse difficulté a été pour ITAM : trouver une prod qui allait coller à cet univers. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a réussi le défi.

Tu te testes aussi dans cet album avec des refrains chantés par toi ou en feat comme sur « Le vide » avec Wabitem ?

Maxwell Nostar : Les refrains chantés sont là depuis que j’ai commencé le rap. J’ai toujours été poussé à le faire. La connexion avec Wabitem s’est faite via ITAM. Le feeling s’est fait rapidement et un clip va même en découler.

Plusieurs samples de films introduisent tes morceaux. Es-tu quelqu’un de cinéphile ou est-ce pour l’ambiance que cela créé ?

Maxwell Nostar : Je suis cinéphile par périodes. Je regarde pas mal de séries aussi. L’extrait de film arrive après avoir écrit. Mais ça je l’ai toujours fait. Je matte un film et je me dis « Cette phrase irait trop bien dans ce morceau ». Mais j’aime aussi en entendre sur les projets des autres comme Hugo TSR ou Furax Barbarossa. J’aime quand on entre dans le thème avec une punchline de film, que ça pose le décor ou le clôture.

Fin d’année 2018 tu as remporté le dispositif d’accompagnement Coup d’Boost de Tous en Scène. Cela va, entre autres, te permettre de travailler l’aspect scénique. Et justement, en live tu es accompagné de Herka et de Dirtyfingaaz. Peux-tu nous les présenter ?

Maxwell Nostar : Chronologiquement, j’ai d’abord rencontré Herka. C’était sur une radio à Châteaudun qui s’appelait Intensité. On était invité par Heskis pour freestyler. Moi j’étais avec mon crew Nostar, lui avec le sien Karmada. Tout le monde se met à rapper et on se rend compte que Herka est vraiment bon. La connexion se fait et on commence à échanger via les réseaux sociaux. Durant le premier enregistrement en studio, on a vu que ça marchait bien et depuis, je l’ai invité sur chaque projet. Herka a beaucoup d’expériences sur scène. Il a un regard sur les choses que je n’ai pas toujours. C’est plus qu’un backeur. C’est un réel MC qui a écrit des textes pour que notre show soit raccord sur scène. A côté de ça, il défend aussi ses projets avec entre autre son album commun avec Diez « Eusebe et Joël ».

Avec Dirtyfingaaz, c’est arrivé un peu plus tard. Avant la date avec le TSR crew au Temps Machine il y a deux ans, j’avais un DJ qui est un bon pote mais qui n’est pas toujours clair dans ses engagements. Pour cette date, j’envoie un message à Dirtyfingaaz et à DJ Fan. Dirty a été le plus rapide et ça a fonctionné direct humainement et artistiquement. Ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est devenu un vrai pote que je ne vois pas que pour le son. Cette date au Temps Machine a été la première de ce nouveau trio et depuis on bosse et on démarche ensemble.

Quel est ton actualité pour cette année 2019 ?

Maxwell Nostar : Cette année commence très tôt avec la sortie de l’album le 11 Janvier. La semaine d’après, le vendredi 18, on est au Scred Festival. Quoi de mieux pour défendre son projet sur la scène hiphop underground ? Le 02 février, on organise la release party avec l’association DAAMN au Grand Cagibi, un endroit qui vient d’ouvrir il y a peu mais qui vaut le coup. En mars, on a l’occasion d’être sur un plateau musical avec Lacraps et la Bastard Prod. Big up à la Smalla Connexion et au Temps Machine au passage. D’autres dates arrivent petit à petit. Au moment où l’on se parle, je démarche depuis plusieurs mois pour défendre au mieux ce projet.

Un dernier mot ?

Maxwell Nostar : J’en profite pour préciser que sur la release party, il y aura de nombreux invités clés du projet que cela soit en featuring comme en collaboration au niveau vidéo, photo, cover… Il y aura un open-mic sur les prods d’ITAM, une première partie, des Djs, des expositions, du merchandising, des lots à gagner, un blind test pour tous les amateurs de rap français. Avec l’association DAAMN, on a vraiment voulu créer une ambiance. Attention, les places sont limitées !

Plus d’infos sur  la release party ici

Un degré en plus :

Plus d’infos sur Maxwell Nostar :

Bandcamp : https://maxwellnostar.bandcamp.com/merch

Instagram : https://www.instagram.com/maxwellnostar/

Facebook : https://www.facebook.com/MaxwellNostar5540/?ref=settings


Une chronique en partenariat avec « hip-hop is not dead », une chronique réalisée par Loann pour l’émission de Radio Campus Tours 99.5 FM intitulée Wabam Cocktail.

 

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