Chaque vendredi nous plongeons nos mains de gourmands dans l’inépuisable réserve de groupes tourangeaux talentueux et nous en extirpons un clip rien que pour vous.
«22» de OK Lou
L’amitié en jaune et noir
Un selfie, c’est encore mieux quand tu n’en vois pas le résultat mais juste la prise de vue : ici le désormais symptomatique-de-notre-époque et transcendantal «geste selfique» est filmé avec brio, entre chorégraphie voluptueuse, acte ancestral censé dompter les éléments et rituel ésotérique à la sauce kitsch, dans un univers à la David Hamilton mais avec des meufs déjà rhabillées (ou pas encore à poil, va savoir, l’histoire ne le dit malheureusement pas).
OK Lou poursuit sa litanie vénéneuse dans une saga électro étouffée, toute en finesse et fausse douceur, mettant en scène dans ses clips une espèce d’autofiction délicieusement dérangeante et toujours furieusement insaisissable.
Même si le démarrage gros plan sur scooter nous fait inévitablement penser au «Comprendre» de Salut c’est cool, l’ambiance vire assez vite au Virgin Suicides de Coppola et sa torpeur soft et sophistiquée. Réhabilitant avec une certaine audace le coucher de soleil, les fringues jaunes, les cheveux au vent et le plastique aux cristaux multicolores brillants (on a quasiment les mêmes en lunettes de toilette – ndlr), OK Lou et son talentueux vidéaste Kevin Elamrani-Lince nous invitent à regarder de loin un monde sans paroles qui nous laisse sans voix.
Un degré en plus :
> Bon sinon on a failli s’étouffer en lisant l’autre jour dans les Inrocks OK Lou décrite comme une «artiste parisienne», mais suite à une pétition signée par 23.678 Tourangeaux furieux, nul doute que le journaliste Maxime de Abreu (celui qui ose jouer au «plus-amoureux-de-OKLou-que-nous») saura corriger le tir.