Le Chat Perché redescend sur Terre

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A 43 ans, quelques mois après avoir endossé le costume de Scapin pour une longue tournée avec le Théâtre de l’Ante, Cédric Le Stunff fait renaître sa compagnie Le Chat Perché après 10 ans sans création. Pour l’occasion il donne à voir et à entendre un texte jamais mis en scène, porté par un jeune comédien, deux musiciens, un vidéo-plasticien et un éclairagiste. L’aboutissement de deux ans de travail dans une dizaine de lieux de résidences. Nous l’avons rencontré chez lui. Avec son chat.

  DSC_2798(c) Laurent Geneix

«C’est un spectacle où la musique joue un rôle important, et qui se termine en musique, avec le public.» Voilà ce dont avait envie Cédric Le Stunff pour son retour aux manettes dans son fief de Monts, où sa compagnie réside au bord de l’Indre paisible, loin des clameurs des bords de Loire.

Un bout d’histoire

Natif de Rochefort, Cédric débarque en Touraine en 1978. Il aurait pu avoir un parcours tout à fait «normal» pour plaire à son militaire de Papa, mais pas de chance : sa scolarité se retrouve semée d’embûches et de mauvaises rencontres, de Dj Kéké à Marie Pétry, en passant par Stéphane Gourdon, Stéphane Titeca et autres Fred Volovitch et Jean-Marie Lardeau. Le voilà donc embarqué un peu par hasard dans le milieu du théâtre. «J’étais au lycée Grandmont, dans la partie nord, j’étais en section technique. La salle de l’atelier théâtre se trouvait là, une espèce d’oasis de littéraires au milieu des techniciens. Un jour j’ai mis le nez à la porte pour voir ce qu’il s’y passait

A défaut de servir sous les drapeaux, voilà notre bonhomme sur les tréteaux et bien vite, sous la houlette de Jean-Louis Dumont, figure légendaire du théâtre local, il se retrouve à la tête d’un nouveau projet : la Ligue d’Improvisation Junior. Premier championnat de France en 1991 et victoire de la Touraine. C’est le début d’une longue aventure qui l’entraînera à la tête de l’équipe de France d’improvisation (oui, oui, ça existe !), de 1999 à 2006, avec à la clé notamment une victoire en Coupe du Monde en 2001. Quand on lui demande si l’improvisation ce n’est pas un peu du «sous-théâtre» (oui, on aime bien les questions à la con), décrié par une grande partie de la profession, Cédric Le Stunff défend tranquillement la chose, avec la sagesse d’un vieux lion repu : «C’est vrai qu’elle a une image populaire et que si ce n’est pas fait de manière rigoureuse et créative, avec un vrai engagement intellectuel et de bons acteurs, l’improvisation peut vite n’avoir aucun intérêt. Mais bon, il ne faut jamais perdre de vue qu’elle est un outil indispensable au théâtre, qu’elle est un exercice de base quand on est acteur».

Parallèlement à cette activité particulière, il intègre l’équipe du Théâtre de l’Ante et collabore ponctuellement avec d’autres compagnies et artistes locaux (Le Muscle, La Compagnie du Coin, Rodolphe Couthouis…). En 1998, il rencontre Jacqueline Moracchini, l’adjointe à la culture de Monts et décide de fonder sa compagnie, Le Chat Perché, et de l’installer là-bas. «Ce fut une belle rencontre, il y avait une vraie envie, avec une salle intéressante. Et puis il y avait déjà pas mal de monde à Tours côté théâtre, donc j’ai eu envie de tenter l’aventure

Pourquoi «Guerre au Ciel» ?

12417994_894880697285977_5709459000162665730_n(c) Cie Le Chat perché

«C’est un poème un peu surréaliste qui me travaille depuis environ 15 ans. Je suis tombé dessus par hasard, on m’avait offert un petit recueil et il était dedans. Il a été créé pour la radio à l’origine. Il n’est pas conçu pour être joué sur scène. Pour un retour à la création, ça m’a tout à fait convenu : il y avait une maturation longue et le désir d’en faire quelque chose d’un peu spécial» raconte Cédric Le Stunff.

En partie basé sur le vieil adage qui dit que ceux qui ne se souviennent pas de leur passé sont condamnés à le répéter, «Guerre au Ciel» raconte l’histoire d’un ange tellement déçu qu’il finit par avoir envie d’être déchu et de devenir un mortel pour essayer d’influencer le Monde : tombé sur Terre il se demande ce qu’il fait là et se lasse de voir les hommes toujours répéter leurs mêmes erreurs. Une immortalité pesante, en somme.

«On est dans une recherche de paradis perdu, dans un récit en fragments qui reprend pas mal de codes de la Beat Generation. Il a été écrit à une époque où on combattait assez brutalement pas mal de choses, on était «anti» plein de choses. Ces valeurs me parlent, j’ai grandi un peu avec, puis j’ai assisté à leur lent déclin dans les années 80 et 90. Aujourd’hui avec le retour de la morale, du repli sur soi, de l’obsession identitaire, j’ai l’impression qu’on assiste au détricotage de ces valeurs et évidemment ça m’inquiète.»

Une inquiétude partagée par son personnage, paumé, en quête d’identité personnelle, incarné par un Benjamin Chapelot découvert au Conservatoire en train de jouer Hamlet. Une coïncidence troublante et une suite logique quand on pense à quel point cet autre personnage torturé se sent perpétuellement inadapté au monde qu’il habite. Mais alors que la tragédie shakespearienne éteint la lumière en sortant, «Guerre au Ciel» se termine dans l’apaisement et dans un retour à la nature tendance Thoreau/Emerson, avec une musique libératrice, synonyme de communion et de liberté, où le spectateur est lui aussi appelé à agir.

Plus qu’un spectacle, donc : une expérience à partager et un épilogue à construire. Toute ressemblance avec la réalité…

Un degré en plus

> La page Facebook de la Compagnie le Chat Perché

  • 25, 26 et 27 février : Théâtre de Monts(37)
  • 3 mars : Emmetrop, Bourges(18)
  • 12 mars : La Tannerie, Château-Renault(37)
  • 22 avril : La Pléiade, La Riche(37)

“ Avec Guerre au ciel, je veux réaliser un Road Theater.

Shepard c’est Dylan, Kerouac, mais c’est aussi Wenders. 

Chaikin, c’est le Living Theater, l’Open Theater, c’est Artaud, Becket et Ginsberg. 

C’est la Beat Generation qui ressuscite. Aux mots se mêlent la musique, 

les corps et les images, le temps d’un trip visuel et sonore, 

un voyage aux côtés d’un vagabond céleste, un Ange, qui s’est écrasé sur Terre. 

“Beat”, c’est être abattu, au bout du rouleau ! C’est aussi se retrouver au pied du mur de sa conscience… Guerre au ciel c’est donc du Théâtre/Concert pour parler d’hier et d’aujourd’hui et nous permettre ensemble de Penser demain.  »

Cédric Le Stunff

Mise en scène : Cédric Le Stunff

Avec : Benjamin Chapelot

Composition et interprétation musicale : Nathan Bloch et Frédéric « Zed » Duzan

Vidéo-scénographie : Xavier Olivero

Lumières : Cyril Lepage

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