« Dîner en Ville » : Christine Angot régale au Théâtre Olympia

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Depuis le mois de septembre, il ne se passe presque pas une semaine sans que l’on parle de Christine Angot un peu partout sur Internet. Dans l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2, l’écrivaine clashe, choque et balance ce qu’il y a au fond de son âme avec la brutalité inhérente à l’exercice télévisuel. A tous les coups ça fait le buzz et les vidéos circulent… Dans une pièce qu’elle a écrite et que le Théâtre Olympia de Tours présente cette semaine, on la retrouve aussi dans ce style parfois déstabilisant mais pas dénué de fond.

Dîner en Ville c’est une pièce dans laquelle beaucoup de spectateurs pourraient se reconnaître. On y découvre 5 personnages : une actrice, son compagnon, et leurs amis. Sur un bout de trottoir, et alors qu’ils viennent de se disputer, Cécile et Stéphane sont invités à une fête par Marie, croisée par hasard. Ils acceptent sans enthousiasme délirant mais avec politesse, jusqu’à ce que Marie décommande parce qu’un autre invité ne peut pas voir Cécile en peinture. Alors quand les deux femmes se recroisent quelques jours plus tard lors du dîner de Régis, un ami commun, l’ambiance est tendue, pour ne pas dire électrique… le tout dans une soirée ayant pour thème le politiquement correct (il fallait y penser).

Voilà donc le tableau : des amis qui s’invitent, se sourient en face pour la convenance mais cultivent leur côté faux-culs par derrière. Ça vous rappelle des situations de votre vie ? Ce n’est sûrement pas un hasard.

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Intégrant régulièrement l’ironie et le malaise, le texte de Christine Angot nous présente un groupe à la croisée des mondes : des artistes-bourgeois qui se la jouent branchés, et leurs proches en pleins doutes, souvent mal à l’aise ou maladroits, voire carrément à côté de la plaque. Pas toujours fins mais souvent attachants, ces cinq-là représentent des allégories qu’on a tous un peu croisés en soirée : le dragueur lourd, la radine, celui qui se demande ce qu’il fout là…  Ça donne quelques moments savoureux avec une plante verte, une sculpture de rochers, un sac plastique ou un match France-Portugal mais cela entraîne surtout une enfilade de disputes, parfois parties d’un brin de paille.

En dehors de ces situations anodines quand on les prend une par une mais édifiantes lorsqu’on les met bout à bout, Dîner en Ville aborde plus ou moins directement des sujets de société sensibles. Pour les amener sur la table, l’auteure se sert d’une béquille évidente mais efficace : ce moment où on se met forcément à parler politique dans un dîner. Les personnages abordent donc pêle-mêle la dernière présidentielle, les différences de statut social ou le racisme. Malgré certaines scènes dispensables et une fin qui n’est pas à la hauteur du reste de la pièce, à certains moments, on aurait bien aimé avoir le texte sous les yeux pour pouvoir y revenir. Car dans le flux dynamique de la conversation, certaines répliques déviantes ou pleines de bons sens mériteraient que l’on s’y arrête pour les analyser.

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Les + :

Une pièce rythmée, intelligente, juste dans l’analyse de son époque.
Djibril Pavadé (Stéphane), drôle, punchy et charismatique. Un grand.
Emmanuelle Bercot (Cécile) et Jean-Pierre Malo (Régis), justes et enthousiastes.
Les lumières, et notamment les ombres chinoises.

Le – :

Une mise en scène parfois un peu hachurée de Richard Brunel.
Certaines scènes qui font diversion par rapport au sujet principal

Dîner en Ville jusqu’au samedi 13 janvier au Théâtre Olympia de Tours. Les détails sont sur le site de CDNT./ Crédits photos : Jean-Louis Fernandez.

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