Albane de Saint-Remy et son œuvre : des femmes et de l’air.

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Le galeriste Olivier Rousseau a profité du calme de l’été pour mêler à sa guise les œuvres de trois femmes de son «catalogue», donnant une lecture très personnelle des multiples liens possibles entre trois univers profonds et troublants : les paysages fabuleux (au sens propre) de Sandrine Paumelle dialoguant et, d’une certaine manière, accueillant les femmes énigmatiques – «âmes silencieuses» – de Corinne Heraud et l’héroïne au dos tourné de la tourangelle Albane de Saint-Remy, dans un accrochage osé (car plein de partis pris), mais tout à fait réussi. Nous avons rencontré cette dernière au milieu de ce meeting pictural envoûtant.

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Alors que Corinne Heraud et Sandrine Paumelle utilisent la photographie comme matière première et support de leur travail de peinture, Albane de Saint-Remy explore depuis plus de vingt ans différentes approches de la peinture : du stylisme au trait brut, en passant par le fond-paysage et les matières (la gouache semble être sa nouvelle meilleure amie du moment).

«J’ai commencé par le trait : lorsque je vivais à Paris, j’ai fait beaucoup de dessins académiques que j’ai accumulés. Un jour, je les ai repris, j’en ai fait une sélection et je me suis mis à les peindre. C’est ainsi que j’ai démarré mon travail. Vingt ans plus tard, je fais le cheminement inverse : je pars de la peinture d’où je fais jaillir le dessin», explique cette Tourangelle d’adoption, qui a posé ses valises ici en 2008.

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La parenthèse nancéenne

Entre Paris et Tours, il y a eu une période de rupture au cours d’un séjour de trois ans à Nancy pendant lequel elle abandonne ses personnages pour travailler le fond, écrin faussement abstrait dans lequel ils pourraient évoluer de nouveau un jour. «J’avais besoin de choses simples, de tester des univers vides, sobres, avant de revenir à mes personnages. Du coup il y a eu par la suite une sorte de renaissance de mes personnages à partir des fonds, de leur atmosphère et de leur structure.»

Très narrative, l’œuvre d’Albane de Saint-Remy met en scène dans une centaine de tableaux (une petite dizaine sont visibles ici) une femme, d’âge incertain mais plutôt jeune, qui semble à la fois observée d’assez près mais insaisissable, surprise dans son intimité mais indifférente et vaquant à diverses occupations jamais vraiment définies. «J’aime ne pas tout dévoiler : cette femme est dans le mouvement, dans l’action, mais ce qu’elle fait vraiment reste secondaire.»

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Une chanson de geste(s) gracieuse et sans fin

Cette héroïne silencieuse et toujours de dos sait peut-être que nous la regardons, mais joue l’indifférence, nous invitant à la suivre sans jamais vraiment nous le demander. Albane de Saint-Remy nous emmène dans ce voyage sans but apparent et en suivant cette femme dans ses activités et ses explorations on finit par se demander si l’artiste elle-même, génitrice de son héroïne, maîtrise encore vraiment tout ça. «Non, l’histoire de cette femme m’échappe, c’est évident. Sans aller dire qu’il s’agit d’une forme de peinture automatique comme on parle d’écriture automatique, je travaille quand même de manière très intuitive. Il m’est arrivé parfois de ne pas me laisser porter par mon personnage et son histoire, de vouloir décider certaines choses et mes toiles ne fonctionnaient pas et n’ont pas trouvé leur place dans cette aventure.»

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«Née dans la bagarre», cette jeune femme, à force de légèreté et de transparences, semble parfois disparaître, comme portée par un air omniprésent dans ces grands formats aux plans pourtant serrés. Pas de cieux immenses, aucun cerf-volant en vue, pourtant des gestes, des taches de couleurs (surtout dans les travaux récents), des rafales de vent presque invisibles et des bouts de ficelles ça et là suggèrent la pratique de cette activité aux accents oniriques et enfantins.

On retrouve aussi dans les compositions quelques vestiges des premières amours d’Albane : le stylisme et la danse. Chaque tableau écrit un chapitre d’un personnage auquel on s’attache sans avoir vu son visage, de par la simplicité de ses attitudes, de par sa vivacité, son apparente joie de vivre ou au moins d’être et de se mouvoir dans un monde regorgeant visiblement de surprises à découvrir et d’expériences à mener.

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Une première à Tours

Il s’agit de la première exposition «officielle» et véritablement publique d’Albane de Saint-Remy à Tours. D’autres œuvres seront présentées dans deux semaines à l’Affordable Art Fair de New York où elle sera représentée par ses deux galeries parisiennes, Olivia Ganancia et Valérie Barrou-Planquart.

«J’ai rencontré Albane à Paris il y a quelques années, j’ai tout de suite été attiré par son univers et par sa personnalité. Lorsque j’ai créé ma galerie, c’est tout naturellement que nous nous sommes rapprochés en vue d’une exposition,» déclare un Olivier Rousseau ravi de pouvoir montrer ce travail et notamment une œuvre récente somptueuse qu’il garde jalousement près de son bureau ! Il n’est d’ailleurs pas le seul à être séduit car côté acquisitions, les collectionneurs Tourangeaux (ou d’ailleurs) sont au rendez-vous.

Un degré en plus

> Exposition «En filigrane» jusqu’au 5 septembre 2015, 48 rue de la Scellerie – Ouvert du mercredi au vendredi de 14h30 à 19h, le samedi de 10h à 12h et de 14h30 à 19h et sur rendez-vous. Entrée libre.

http://www.olivier-rousseau.com/

Quelques photos des oeuvres de Corinne Héraud, présentes également à cette exposition :

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