[Cinéma] Regards #56 Un couteau dans le cœur et Bécassine

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.


Un couteau dans le cœur (Thriller français)

De Yann Gonzalez

Avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran 

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Une petite équipe de tournage de films porno gay dans le Paris de 1979. Des acteurs, les « habitués », dans un contexte presque « familial ». Anne est la productrice, exigeante mais bienveillante, à la recherche de scenarii originaux. Elle aime éperdument Loïs, sa monteuse, qui la quitte. Confrontée à sa peine et à son désarroi, des faits atroces vont en plus venir l’accabler. En effet, un tueur en série s’en prend sauvagement et tour à tour à ses acteurs. Face à ces meurtres, Anne secoue la police pour faire avancer une enquête, mais en vain. Elle suit alors pas à pas des indices étranges et part à la recherche du criminel.

Yann Gonzalez est un nostalgique du cinéma italien des années 70 (comme le genre giallo, ainsi que les films de Brian De Palma), notamment de ses thrillers de série B et de ses polars. Il lui rend hommage, il lui fait même une déclaration d’amour, plus particulièrement à travers le cinéma pornographique. Dans Un couteau dans le cœur, il y a Vanessa Paradis, peinturlurée et peroxydée, écorchée vive, charismatique et convaincante, entourées de « ses » hommes, qui évoluent dans un climat de tournage ultra sexy et très comique. C’est une femme en souffrance, qui veut reconquérir celle qu’elle aime, et qui lutte pour assurer la production de ses films sans le sous. Malgré le propos sordide (meurtres en séries, violence), un vent d’air frais, fantasque et de liberté, souffle sur ce film étrange et décadent. Une poésie l’illumine avec audace et désir. On peut adorer les partis pris esthétiques et plastiques seventies, kitsch, artificiels et background (couleurs flashy, néons, costumes, maquillage…). Gonzales accorde du temps aux images créatives et oniriques, même dans ses scènes pornographiques (qui, précisons-le bien, sont vues telles des mises en scènes érotiques plutôt suaves et volontairement risibles que choquantes – aussi crues soient-elles quand même). En somme, il s’agit d’un thriller horrifique, romantique, érotique et drôle, parfois très drôle. Ce film audacieux joue de son premier degré qu’il assume, s’écarte des modèles du cinéma français de genre, impose modestement son étrangeté naïve (et pourtant hypersexuée) … Un couteau dans le cœur est pour tous les spectateurs en quête de films singuliers, à l’univers très étonnant et ambitieux.

(NB : « Interdit aux moins de 12 ans » est un minimum …)

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet)

Relire également notre article sur l’avant-première aux cinémas Studio


Bécassine (Comédie française)

De Bruno Podalydès

Avec Emeline Bayart, Karin Viard, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Bruno Podalydès, Josiane Balasko, Vimala Pons

Au début du XXème siècle, à la période d’avant-guerre, Bécassine grandit en Bretagne, auprès de ses parents tendres et de L’oncle, si aimant. Naïve mais inventive, elle rêve d’aller à Paris, mais son vœu se voit entravé lorsqu’elle rencontre, par hasard, des aristos : Monsieur Proey-Minans et Madame La Marquise de Grand Air. Conquise par le potentiel affectif de Bécassine, cette dernière la prend comme nourrice du petit bébé Loulotte, avec qui, au château, naît alors une relation fusionnelle. Joies et loufoqueries ponctuent une vie apaisante et bien remplie. Mais l’arrivée d’un marionnettiste grec, Rastaquoueros, amène d’abord fantaisie et esprit de fête, puis conduit toute la famille à des dettes.

LE POUR : C’est un petit monde inventif, burlesque, à la douce mélancolie qui émerveille petits et grands tout en tendresse. Le film s’émerveille lui-même, devant la bonté d’âme de Bécassine. Le réalisateur a évité des pièges comme celui du côté godiche, boniche, que la protagoniste aurait pu afficher. Son pari est osé. Il a bien su transformer les clichés en autre chose. Le film est empreint de douceur, d’épicurisme. C’est une fable poétique aimante et rêveuse. Un conte tendre, plein d’innocence et de candeur, avec un amour débordant. Le personnage breton de bande dessinée, créé en 1905, est au cœur de l’enchantement, bourré de charme.

LE CONTRE : Bruno Podalydès, qui, soit-dit-en-passant, est un fan absolu de Tintin de Hergé, nous a livré une filmographie drôle et sensible (Un beau soleil intérieur, Chocolat…), surtout avec Comme un avion, au charme fou. Avec Bécassine, l’écriture manque d’étoffe, l’aspect aventureux pêche et la mise en scène n’est pas brillante. Inconséquent et un peu mou dans l’ensemble, on tourne en rond dans cette atmosphère traînante, peu convaincante car sans aspérités. De ce fait, on trouve l’humour mièvre et les gags bâclés … Le scénario n’est, au bout du compte, pas du tout original, et sans peps.

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet) et aussi dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).

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