CCCOD : Dialogues entre lieux

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Même s’il y aura d’autres expositions rue Marcel Tribut avant la fermeture du CCC fin 2015, nul doute que celle qui vient d’être inaugurée – rétrospective au 1/200e du travail des architectes choisis pour construire le futur musée du Jardin François 1er – annonce la fin d’une époque. D’ailleurs le CCC est déjà mort car l’acronyme à rallonge CCCOD est déjà utilisé avant même ce déménagement programmé. Aires Mateus, un nom beau comme un poème, des lieux lointains qui tiennent dans la main et une exposition, donc. Visite.

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Un peu d’exotisme, ça fait toujours du bien et le premier qui dit que Tours en a bien besoin a perdu. L’exotisme des frères Aires Mateus, originaires de Lisbonne et retenus parmi une centaine de candidatures, repose en partie sur cette capacité à jouer au chat et à la souris avec une matière première, la lumière ibérique, grâce à de troublants travaux, parfois radicaux, sur les volumes et la blancheur réfléchie, et sur une propension à raconter des histoires rien qu’en montrant d’énigmatiques petites maquettes.

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Heureux celui qui n’a point de smartphone

Epurée à l’extrême, sans cartels ni textes explicatifs hormis la grande intro murale dans l’entrée, cette exposition propose une myriade de maquettes toutes plus blanches et mystérieuses les unes que les autres, donnant à l’œuvre faussement minimaliste des frères architectes des airs d’utopies. Une installation qui donne envie de se faire un remake arty de «Chérie j’ai rétréci les gosses», plutôt titre à rallonge : «Très chère, j’ai réduit la taille de notre progéniture et la nôtre, fuyons la misère du Monde en disparaissant pour toujours dans une maquette d’Aires Mateus». Un must-do de 2015 sans aucun doute.

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Pour en savoir plus, de simples QR codes collés sur la tranche des planches de sapin brutes qui servent de supports, ambiance mi-banquet, mi-atelier. Et pour rester dans le salutaire confort de l’ignorance volontaire et de l’imaginaire gambadant, la lumineuse possibilité de ne pas flasher lesdits codes et de se redessiner tranquillement tout ça mentalement.

Le futur centre de création coupé en deux

Star de l’exposition, présentée à une échelle supérieure, la réalisation à venir : première étape ambitieuse dans la naissance d’une entrée de ville censée installer la capitale tourangelle dans le 21e siècle (le tramway siglé Buren faisant office de luxueux apéritif, après un vingtième siècle quasiment «blanc», dont on ne retiendra que le Vinci de Jean Nouvel), offre ses secrets grâce à une mise en scène originale qui nous permet de la découvrir de l’intérieur par une espèce de ruelle étroite qui nous fait passer du hall d’entrée au monde irréel (délicats dessins punaisés aux murs + bâtiments pour Lilliputiens sur tables = légèreté à tous les étages).

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Concrètement, ce qui est aujourd’hui encore le CCC et sa programmation «contemporaine» seront accueillis sur un plateau de 700m2 intégré à un ensemble de 4.500m2, comprenant trois lieux d’exposition, dont une belle nef de 11m de haut que la maquette présente bien (le grand espace ouvert avec des suspensions noires et des petits bonshommes en-dessous, c’est elle).

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Autre bonne nouvelle : le choix de dédier l’autre plateau de 700m2 à «l’histoire de l’abstraction en France et dans le Monde», une spécialisation suffisamment rare pour espérer faire de Tours une destination européenne de choix pour les amateurs du genre.

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La mise en abyme de cette exposition crée une drôle de sensation spatio-temporelle, du genre «aujourd’hui je suis ici et dans 18 mois «ici» n’existera plus donc je serai dans ce truc, mais qui sera plus gros, et les drôles de bonshommes plats dans la maquette un jour ce sera toi et moi». Gros kif.

En conclusion : Une exposition d’architecture c’est bien, mais une exposition d’architecture dans un centre d’art, c’est encore mieux.


 

Trois degrés en plus :

> toutes les infos pratiques de l’exposition sur le site du CCCOD

> une présentation assez complète du futur bâtiment

> le site «Tours Nationale»

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