Saint-Pierre-des-Corps va tourner la page « Marie-France Beaufils »

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La maire de Saint-Pierre-des-Corps, Marie-France Beaufils a annoncé officiellement ce lundi 15 avril qu’elle ne se représenterait pas à la tête de sa commune lors des prochaines élections municipales l’an prochain. Une annonce qui tourne une longue page politique dans la commune corpopétrussienne.

Il y a des personnages politiques que l’on croit indéboulonnables. Marie-France Beaufils, la maire de Saint-Pierre-des-Corps fait partie de cette catégorie. Elue à Saint-Pierre-des-Corps depuis 1971, 1ere adjointe en 1977 et maire de cette même commune depuis 1983, Marie-France Beaufils est une personnalité politique de premier plan, c’est indéniable. Celle qui fut également conseillère générale (entre 1983 et 2001) puis sénatrice (entre 2001 et 2017) a traversé quatre décennies de politique locale avec une constance certaine. Il suffit d’aller à Saint-Pierre-des-Corps pour s’en rendre compte.

Ici pour beaucoup, la maire c’est Marie-France, comme beaucoup l’appellent. Un signe de la proximité qu’entretient la maire avec ses administrés. « C’est une personne très simple que l’on peut voir tous les jours et surtout que l’on peut aborder facilement » témoigne Habib, un habitant que l’on croise dans le centre de la commune cheminote. Pour comprendre ce lien, il faut remonter à l’histoire de la ville. Bastion cheminot puis communiste depuis 1920, ici Marie-France Beaufils a trouvé un terrain pour mettre en place sa vision de la société mais aussi et surtout entretenir un lien privilégié avec les habitants de cette commune, la troisième du département en nombre d’habitants. « Au-delà du parti politique, c’est une maire qui aime les gens. Moi je vote pas communiste aux autres élections, mais j’ai toujours voté pour elle aux Municipales parce qu’on sent qu’elle est proche de nos préoccupations » raconte de son côté Jean-Michel, habitant de la ville depuis 1989 nous dit-il. Pas très loin, Fatima explique que la maire était toujours à l’écoute et l’avait aidé alors qu’elle était « en galère » avec son fils. « Quand une personne nous aide comme elle, on ne peut que voter pour elle derrière. » Une politique sociale et humaine, souvent reprochée pourtant en dehors de sa commune à Marie-France Beaufils, mais saluée ici, en témoignent ses scores aux élections municipales : 57,20% en 2008 et 51,20% en 2014 et à chaque fois une élection au premier tour.

Désirs d’avenir

Parmi tous les Corpopétrussiens que l’on a croisé, la grande majorité témoigne ainsi avec sympathie quand on aborde leur maire. Elue locale, de proximité, Marie-France Beaufils s’apprête donc à tourner une riche page de son histoire et avec elle une page de celle de sa commune. Mais si certains s’en émeuvent, pour d’autres il y a aussi le sentiment que la ville va enfin se tourner vers l’avenir. « Il faut du renouveau dans la ville, des idées nouvelles, depuis les années 80 les choses ont changé mais à Saint-Pierre on a pris beaucoup de retard. C’est une bonne maire mais sa vision est un peu passée » explique José qui reproche notamment à Marie-France Beaufils un manque d’ambitions pour sa ville. Pour d’autres, c’est l’absence de « projets porteurs pour la ville » qui est dénoncée : « La politique sociale est importante surtout ici, mais à côté de ça on peut pas dire que Saint-Pierre ça fait rêver. »

La politique de Marie-France Beaufils recueille ainsi beaucoup d’opinions positives mais également quelques critiques acerbes. Et c’est sur les questions de sécurité que la maire est la plus attaquée, notamment en ce qui concerne le quartier de la Rabaterie. « Elle a quand même fermé les yeux et manqué de courage sur ces questions. Plusieurs fois les riverains et commerçants l’ont alerté, mais rien n’a été fait et la situation a continué de pourrir » nous répond agacée une habitante.

Que retenir dès lors des années « Beaufils » ? Une continuité avec la politique municipale corpopétrussiennne en place depuis l’avant Seconde Guerre Mondiale, mais aussi l’impression d’un certaine stagnation et d’une perte d’influence de la commune dans le département, en témoigne la baisse démographique dans les années 90 et 2000 (avant un rebond ces dernières années). Une perte d’influence sur le plan politique également avec pour exemple l’incapacité à obtenir que le tramway passe (pour le moment) dans sa commune malgré le fait d’avoir placer cette question comme une lutte de premier ordre au sein de Tour(s) Plus puis de la Métropole.

Une Métropole où Marie-France Beaufils s’est retrouvée également de plus en plus isolée, notamment au cours de ce dernier mandat qui a vu beaucoup de villes voisines basculer à droite. Malgré tout, la maire reste respectée et écoutée (à défaut d’être toujours entendue) et Philippe Briand, le président de la Métropole qui fait partie de la même génération d’élus arrivés au pouvoir dans les années 80, n’a jamais raté une occasion de saluer sa collègue et ses convictions.

L’après Beaufils

Et maintenant ? Difficile à dire, si Marie-France Beaufils a su maintenir le Parti Communiste à la tête de la commune, l’aura de ce dernier a ici aussi perdu de sa superbe et le maintien dans le giron communiste doit beaucoup à l’image, la notoriété et la personnalité de la première magistrate de la ville. Et c’est bien là le problème, pour certains observateurs Marie-France Beaufils n’a jamais préparé réellement sa succession même quand la fin de « son règne » avançait. Ce n’est pas étonnant dès lors que la maire en place annonce assez tôt, près d’un an avant les prochaines élections municipales, son retrait de la vie politique, tout en présentant celui qui aura la lourde tâche de mener la liste communiste à sa place. Ce dernier, ce sera Michel Soulas, 58 ans et actuel adjoint en charge de l’emploi et la formation. Ce dernier, proviseur du lycée Martin Nadaud dans le civil, a été choisi par les militants communistes au détriment de l’actuelle première adjointe Martine Belnoue.

Il lui faudra désormais se faire un nom, réussir aussi à la fois d’incarner la continuité tout en proposant une ligne politique renouvelée. La mission ne sera pas évidente, d’autant plus que Marie-France Beaufils partie, d’autres pourraient se voir pousser des ailes et ce au sein même de la majorité actuelle. Cette dernière, issue d’une union avec le parti socialiste en 2014, a subi les affres de la recomposition politique de ces deux dernières années avec certains élus partis à Génération(s) (Ouassila Soum), d’autres ayant rejoint La République en Marche (Jean-Marc Pichon). Pour ce dernier, il paraît aujourd’hui difficilement concevable une nouvelle union avec le Parti Communiste et une liste au mieux proche LREM semble quasi-certaine. De l’autre côté de la table de l’actuel Conseil Municipal, la droite, forte de ses 22% aux dernières élections et actuelle première force d’opposition, tentera certainement d’affirmer un peu plus sa position, tandis qu’à gauche il faudra regarder ce que feront les écologistes et le NPA, tous deux crédités de deux scores honorables en 2014 avec respectivement 10,68% et 8,16% des voix.

Il reste du temps, mais l’annonce du retrait de Marie-France Beaufils lance la bataille des municipales. Faire tomber ce bastion communiste resterait un exploit, mais ces élections qui s’annoncent plus incertaines que jamais dans cette commune.

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