Sabine Thillaye : l’Europe dans la peau

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Députée de la 5e circonscription d’Indre-et-Loire, présidente de la commission des affaires européennes à l’Assemblée Nationale, Sabine Thillaye est certainement l’élue la plus européenne de l’Assemblée Nationale. Un lien fort avec l’Europe qu’elle nourrit depuis de nombreuses années, non sans lien avec son parcours personnel. A l’occasion de la Journée de l’Europe, nous avons été la rencontrer.

Le 09 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre des affaires étrangères, prononçait sa célèbre déclaration dans laquelle il proposait la création d’une organisation européenne chargée de mettre en commun les productions de charbon et d’acier. Un texte à l’origine de la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) un an plus tard, puis du traité de Rome instituant la Communauté Economique Européenne (CEE) en 1957.

Cette déclaration, considérée comme texte fondateur de la construction européenne est célébrée tous les 09 mai dans le cadre de la journée de l’Europe. Une journée particulière pour parler de l’Europe. Un symbole fort pour Sabine Thillaye : « Robert Schuman avait une vision extraordinaire, cette déclaration devrait être un objet de fierté pour la France » raconte la plus europhile des députés.

La députée de la 5e circonscription d’Indre-et-Loire est en effet une europhile plus que convaincue. Elue sous l’étiquette de La République en Marche l’an passé, Sabine Thillaye est devenue depuis, présidente de la commission des affaires européennes à l’Assemblée Nationale. Et la cause européenne, Sabine Thillaye l’a épousée très tôt, bien avant son entrée en politique. Allemande (elle a obtenu la nationalité française il y a trois ans), vivant en France depuis 35 ans, Sabine Thillaye a également par le passé créé et présidé l’association Europe Val de Loire. « La question européenne m’intéresse depuis que je suis petite. Il faut se rappeler que c’était quelque chose d’extraordinaire. Pour la première fois dans l’Histoire, des peuples ont essayé de construire quelque chose ensemble sans se faire la guerre ».

Une europhile convaincue

Européenne convaincue, Sabine Thillaye croit en les bienfaits de l’Europe, une nécessité pour elle. « Seuls les pays européens ne peuvent plus répondre aux grandes problématiques ».

Pourtant 68 ans après la déclaration de Robert Schuman, l’Europe n’a jamais été aussi critiquée et attaquée. « Oui il y a une peur des citoyens parce que le monde est en train de changer, mais sur l’Europe, on ne fait pas assez de pédagogie, notamment sur son fonctionnement » avance Sabine Thillaye. « Pendant des années on a européanisé les échecs et nationalisé les réussites » pointe-t-elle.

Et pour faire avancer la cause européenne, Sabine Thillaye se déplace partout : A Bruxelles auprès des instances de l’Union Européenne mais aussi dans les parlements des pays membres comme au Bundestag récemment ou encore à Prague. Citoyenne européenne, la députée d’Indre-et-Loire ne ménage pas sa peine et aimerait que la commission des affaires européennes rejoigne les huit grandes commissions permanentes de l’Assemblée Nationale. « Je crois que la question n’est plus d’être eurosceptique ou europhile, mais plutôt d’être europragmatique. D’ici 2050 l’Europe perdra par exemple 50 millions d’habitants tandis que l’Afrique en gagnera plus d’un milliard, nous allons devoir faire face certainement à une crise migratoire majeure et on ne pourra y répondre qu’ensemble » avance-t-elle.

La question migratoire, un point qui attise déjà les débats avec les sempiternelles questions de retour des frontières, de procédure Dublin, renvoyant la personne immigrée déboutée de ses demandes dans le pays par lequel elle est arrivée en Europe. Sur ce sujet, Sabine Thillaye n’élude pas les manquements de l’Europe. « C’est vrai que la solidarité européenne n’a pas été appliquée, on a laissé la Grèce et l’Italie seuls dans la gestion des arrivées » note-t-elle ainsi, tout en saluant le travail réalisé par la France sur la loi Asile et Immigration : « Je l’ai votée parce que nous avons besoin d’un cadre pour agir plus rapidement et accueillir les gens plus dignement et que leurs demandes soient traitées plus rapidement ».

Une députée en apprentissage

Députée depuis près d’un an, Sabine Thillaye ne ménage pas sa peine, jongle avec un agenda chargé, ponctué de multiples déplacements, mais aussi la présence dans sa circonscription, « J’essaie d’être là le plus possible, les vendredi samedi et lundi même si ce n’est pas toujours facile. »

Celle qui reconnaît être encore en apprentissage, se donne le temps de découvrir une circonscription hétérogène entres zones urbaines, périurbaines mais aussi rurales : « On ne connaît pas tout. Je découvre certaines réalités. J’avais une image et une vision de certains territoires mais sans regards précis sur certaines problématiques que je découvre sur le terrain ». La découverte également de l’image de député, fonction qui reste pour beaucoup de citoyens une des plus prestigieuses. « Les députés sont en fait des relais. Je suis parfois surprise de l’image qu’il y a autour, de la représentation de la fonction avec parfois des confusions sur nos missions. »

Apprentissage du territoire, mais aussi de la fonction avec ses aléas. Un apprentissage pas toujours évident pour une élue soutenant un gouvernement qui souhaite aller vite. « Le gouvernement a raison d’aller vite, c’est maintenant qu’il faut faire les réformes » note-t-elle tout en reconnaissant qu’il faudra un moment de pause dans ces réformes pour analyser le travail effectué. « Il faudra moins légiférer oui. Je rappelle que le travail de député est de légiférer mais aussi d’évaluer ce qui a été fait et de contrôler l’action du gouvernement ».

Sabine Thillaye l’européenne trouve petit à petit sa place dans cette fonction; « Je pense que je suis plus utile ici qu’au Parlement européen parce que ce sont les Etats qui décident de ce qu’ils confient à l’Europe ». Une Europe qu’il faut construire pas à pas dit-elle, un travail de longue haleine pas forcément très vendeur mais auquel elle croît plus que personne. Une Europe qui sera d’ailleurs au coeur de l’année électorale qui arrive avec en ligne de mire les élections européennes de 2019. Pour celles-ci, si on a vu Sabine Thillaye aux premières loges du lancement de la Grande Marche pour l’Europe de La République en Marche, celle-ci ne souhaite pas pour autant se mettre en avant. « J’interviendrais si on me le demande », dit-elle simplement. Quant à la suite, la députée de refuser d’envisager l’avenir pour le moment : « on veut toujours faire des projections mais je pense avant tout à mon travail d’aujourd’hui qui est passionnant. Pour la suite, je garde une certaine forme de liberté, on verra le moment venu ».

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