Ouverts ou fermés ? En plein confinement, les marchés au cœur du débat

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En cette période de confinement pour lutter contre le coronavirus Covid-19, faire des courses est une des seules bonnes raisons de mettre le nez dehors. Dans ce contexte, est-il bon de garder les marchés ouverts ou faut-il privilégier les supermarchés ? La question fait débat.

Avant même le grand confinement décrété au soir du 16 mars les marchés s’étaient retrouvés au cœur d’un formidable imbroglio : après l’intervention du 1er ministre samedi 14 mars, on avait cru comprendre que le déballage sur les places était purement et simplement interdit. Mais le lendemain matin à Tours ou Amboise, les commerçants étaient bien là. Au fil des heures les choses se précisaient : marchés autorisés, uniquement pour les courses alimentaires. Fini les étals de matelas, de chaises ou de mouchoirs. Une organisation se mettait en place : espacement des camions, films plastiques pour protéger les produits, interdiction de toucher les légumes, paiement sans contact privilégié, marquage au sol pour les files d’attente…

Épisode 2 vendredi 20 mars : on apprend qu’Amboise choisit de stopper purement et simplement ses deux marchés pour plusieurs semaines. Arguments utilisés par le maire : trop de monde au milieu des étals (donc risques de contaminations), trop difficile de canaliser la foule, trop de personnes qui viennent pour se promener plutôt que remplir leur frigo et leurs placards avec le strict nécessaire. Ni une ni deux, la préfète et le président de la Chambre d’Agriculture signent un courrier pour inviter les communes à ne pas imiter leur collègue, parce que les marchés c’est important afin de maintenir l’activité des producteurs locaux.

Un compromis pour maintenir un semblant d’activité

Comme la période n’en est plus à une contradiction près, Corinne Orzechowski a été désavouée quelques jours plus tard par le 1er ministre en personne. Cette fois la règle est d’interdire les marchés… et en même temps de les garder ouverts par dérogation préfectorale, au cas par cas. Branle-bas de combat dans les mairies et les préfectures ! Par exemple Joué-lès-Tours annonce l’annulation de tous ses marchés avant de se raviser quelques heures plus tard : finalement, la commune sauve la moitié de ses rendez-vous hebdomadaires mais doit sacrifier certains quartiers, comme la Rabière. A Tours, le quartier des Halles a eu droit à un dernier marché mercredi matin mais désormais il devra se contenter des commerçants sédentaires, au risque de longues queues devant l’entrée d’autant que le marché Rabelais du dimanche est également annulé pour cause de proximité avec les Halles.

Au final, la plupart des communes désireuses de maintenir leurs rendez-vous ont obtenu un compromis. Des marchés restent autorisés, sous surveillance pour s’assurer qu’ils fonctionnent bien. Cela dit, dans la population, leur maintien fait débat : « La santé publique on s’en fout et les agents qui nettoient derrière vous y pensez ? » s’alarme un internaute. « Fermez tout, au lieu de gagner de l’argent gagnons des vies » écrit un autre. « Les gens qui avaient l’habitude d’y faire leurs courses vont se rabattre sur les grandes surfaces ou ceux restés ouverts et vont augmenter le risque de contaminations potentielles » nuance un autre observateur sur le web.

A la recherche du système D

En tous cas, cette situation déstabilise encore un peu plus les producteurs locaux. Maraîchère à Hommes, à son compte depuis près de 30 ans, Tatiana est un peu déconcertée par la situation : « Les Halles et Rabelais, c’étaient mes deux seuls marchés. Je pourrais me recentrer sur de la vente directe comme ma voisine mais les clients sont rares. Je devrais quand même réussir à vendre des fraises autour de chez moi. » Pour elle, impossible d’arrêter de produire. Il faut donc trouver d’autres clients en urgence mais les restaurants sont fermés, les cantines ne commandent plus, les supermarchés sont déjà débordés de marchandises qui, en plus, ne se vendent pas toujours : « Les clients se rabattent sur les produits de première nécessité » commente le président de la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire, Henry Frémont.

Possible donc que certaines productions finissent purement et simplement à la poubelle en raison de la crise sanitaire. Pour y remédier, autorités et agriculteurs cherchent des alternatives : une réunion a rassemblé l’Etat, les paysans et les supermarchés mercredi à Tours. Options possibles : mettre en avant les productions locales dans les rayons de grandes surfaces ou autoriser les déballages sur les parkings car les rassemblements de moins de 5 commerçants ambulants restent autorisés (ce qui fait qu’à Tours des marchés comme Heurteloup ou Paul-Bert ne sont pas concernés, idem pour plusieurs petites communes). Tatiana la maraîchère envisage une autre option : « Je pourrais m’installer devant le tabac de ma commune… », une idée qu’elle a eue… en pleine interview ! Pour elle ce serait mieux que les supermarchés, « qui vont nous prendre nos produits, mais à un prix dérisoire. »


Un degré en plus :

Des solutions à l’annulation des marchés se mettent en place ailleurs. Ainsi à Blois, la mairie a organisé des regroupements de moins de 5 producteurs un peu partout en ville, dans différents quartiers. Au plus près des habitants privés de leurs marchés.

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