[Municipales] Jean-Luc Galliot, maire de Notre-Dame-d’Oé : « J’ai fait mon temps »

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Cette année en Indre-et-Loire, plus d’un maire sur 3 a choisi de ne pas se représenter aux élections municipales. On a beaucoup parlé de Marie-France Beaufils, maire iconique de Saint-Pierre-des-Corps qui prend sa retraite, mais il y a aussi Christian Guyon à Amboise, Hervé Novelli à Richelieu, Château-Renault, Saint-Genouph… Ou Notre-Dame-d’Oé. L’occasion de revenir sur la carrière de Jean-Luc Galliot, par ailleurs vice-président de Tours Métropole en charge de la gestion des déchets.

Au tout début, qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager en politique ?

J’ai adhéré au Parti Socialiste en 1978, à l’époque de la montée en puissance de François Mitterrand. J’ai eu des responsabilités militantes dans la section d’Indre-et-Loire et occupé le poste d’assistant parlementaire en 1981. Je suis devenu maire en 1989. A ce moment-là, j’avais l’ambition de changer la société, comme beaucoup de soixante-huitards attardés. On avait envie d’agir pour moderniser ce pays.

Quand vous regardez ça avec 30 ans d’expérience, avez-vous le sentiment d’avoir réussi ?

Sur le plan national il y a eu beaucoup de désillusions mais le bilan local me parait positif. Dans ma commune il me semble que l’on vit bien ensemble, nous accueillons plus d’une centaine d’entreprises, des projets culturels avec Oésia ouvert en 2001… On a permis avec cette petite commune que je qualifiais de « défavorisée » de bien progresser. Je pense que ça explique que les électeurs nous ont fait confiance à 5 reprises sans beaucoup d’opposition.

Depuis vos débuts le rôle de maire a évolué ?

Le rôle en tant que tel a toujours été le même. Dans une commune telle que Notre-Dame-d’Oé c’est à peu près 400 thématiques qu’il faut suivre chaque jour avec des dossiers complexes, des nids d’emmerdements, des insatisfaits, des problèmes de toute nature… Le maire est le contact direct de proximité avec les habitants, un rôle de proximité qui demeure et qu’il faut essayer de préserver. On est mobilisé 24h/24. Même en vacances l’esprit est mobilisé jour et nuit par l’action municipale.

« J’ai vraiment envie de tourner la page »

Comment on tient ?

L’entourage. Pour être serein et équilibré il faut une situation personnelle solide : j’ai volé beaucoup de temps à ma famille. C’est aussi avoir une équipe de collègues fidèle, solide, où la loyauté joue pleinement et où on ne se perd pas dans des débats politiciens.

Pourquoi vous arrêtez ?

« Il faut quitter la politique avant qu’il ne vous quitte » disait Jean-Louis Debré récemment, lors d’une conférence pour l’Association des Maires d’Indre-et-Loire. Cela résume mon sentiment : avec 31 ans de mandat j’ai fait mon temps, je suis une espèce en voie de disparition puisque le législateur qui veut se mêler de tout a l’intention de limiter le nombre de mandats. Il faut passer à autre chose, tourner la page, faire confiance à une nouvelle génération. Sans regrets, pour vivre autre chose, consacrer du temps aux autres.

Quand avez-vous pris votre décision ?

Dès le début du mandat j’ai voulu préparer la relève. Elle s’est confirmée il y a plus d’un an.

Les violences envers les élus

Cet été le maire varois de Signes – Jean Michel – est mort après avoir voulu empêcher un dépôt sauvage de déchets. Ces violences envers les élus affectent Jean-Luc Galliot : « En 2000 j’ai fait l’objet de menaces de mort parce qu’on étudiait la possibilité d’implanter un incinérateur sur l’agglomération. Il y en a dans tous les départements voisins mais ici cela avait générer des oppositions allant très loin. Aussi quand vous êtes confrontés à des stationnements de certaines communautés et que vous essayez de faire respecter la règle, vous êtes confrontés à des violences. Vous n’y prêtez pas beaucoup d’attention sur le moment mais votre famille est forcément inquiète et avec le recul vous vous dîtes que vous êtes parfois inconscient. »

Qu’est-ce que vous allez faire après les élections ?

Tout ce que je n’ai pas pu faire depuis 31 ans : me consacrer à ma famille… Et puis j’ai beaucoup de choses à écrire pour mes petits-enfants, d’expériences, d’anecdotes, de souvenirs qui mériteront d’être écrits.

« Dans ma commune, j’ai mesuré qu’il y avait au moins une centaine de personnes qui travaillaient quotidiennement dans la vie locale. »

Vous voulez encore vous impliquer dans la vie locale ?

Je ne pense pas. J’apporterais ma connaissance des dossiers à ceux qui me le demanderont mais j’ai vraiment envie de tourner la page.

Plusieurs communes d’Indre-et-Loire n’ont pas de candidats pour ces élections. C’est difficile de trouver du monde prêt à s’engager ?

Sur des communes comme la nôtre on a la chance d’avoir un réseau de bénévoles motivés. J’ai mesuré qu’il y avait au moins une centaine de personnes qui travaillaient quotidiennement dans la vie locale (associations, commissions municipales…) donc Patrick Le François qui va essayer de prendre la relève n’a pas eu beaucoup de difficultés. Certains jeunes intégrés en 2014 ont souhaité continuer ainsi qu’une nouvelle génération investie dans la vie locale et qui fait le choix de s’engager. Bien évidemment c’est plus difficile dans certains secteurs ruraux mais dans nos zones périurbaines il y a une population prête à s’engager.

Dans une métropole comme Tours avec 300 000 habitants, quel est l’impact d’une ville comme Notre-Dame-d’Oé ?

Quand on a choisi d’adhérer à la Métropole dès les années 2000, beaucoup craignaient que l’on se fasse absorber. Une vingtaine d’année plus tard je crois que chacun constate que c’était le bon choix, que ça a permis de créer des équipements au profit de tous. On travaille dans l’intérêt général sur de grands dossiers transverses (environnement, transports…) avec une certaine équité.

« Gardons-nous des promesses qui gardent les fous joyeux. »

On a beaucoup entendu le président de Tours Métropole Philippe Briand dire qu’aujourd’hui il fallait beaucoup plus de temps qu’avant pour sortir un projet. Qu’en pensez-vous ?

Il est extrêmement compliqué de simplifier les procédures administratives : tout le monde s’en mêle mais personne ne s’en occupe. Nous devons aussi faire face à de plus en plus de recours sur tous les sujets, qui parfois mènent dans le mur et entraînent des coûts de plus en plus importants, difficilement supportables pour le contribuable. Installer un conteneur à verre c’est déjà difficile. Construire une éolienne il faut 7 ans dans ce pays, chez nos voisins allemands il suffit de quelques mois. Ça nous oblige à être persévérants et à ne pas perdre le sens de l’intérêt général.

Ces dernières années vous étiez en charge des dossiers environnementaux, et de traitement des déchets. Comment vous qualifieriez vos relations avec les associations spécialistes de ces questions ?

Je crains qu’il y ait beaucoup de donneurs de leçons qui se transforment en sachants après lu trois articles dans une revue militante. Ce sont des sujets extrêmement complexes qui nécessitent beaucoup de modestie, d’expérience, d’études, de visites… Je crois qu’il y a des comportements un peu péremptoires qui conduisent à des propositions sans doute difficiles à mettre en œuvre. Sur l’objectif nous sommes d’accord mais après il y a un problème de tempo, de moyens financiers. Pour passer de 6% d’énergies vertes sur la Métropole à 15% il faudrait construire – par an – 100 000m² de panneaux photovoltaïques. Le rythme actuel c’est 1 500m²… c’est vous dire l’effort qu’il faudrait faire pour aller de l’avant. Alors quand j’entends qu’on sera à 100% d’énergies renouvelables en 2050 ça n’est pas réaliste. Pour passer à 20% d’économies d’énergies il faudrait rénover 32 000 logements, 3 200 par an. On est à 700 actuellement. C’est un investissement de 2 milliards d’€ sur les dix ans qui viennent. Voilà les enjeux, d’autant qu’on doit aussi faire la 2e ligne de tramway à 500 millions d’€ que l’on aura déjà de la peine à financer. Donc gardons-nous des promesses qui gardent les fous joyeux.

Est-ce qu’on va enfin trouver une solution pour ne plus enfouir nos déchets ?

On est dans une impasse que je dénonce depuis plusieurs mois. A force de tout refuser, dans 10 ans il faudra sans doute exporter nos 50 000 tonnes de déchets résiduels. On attend les propositions de l’Etat et de la région pour des solutions de substitution. On est dans le flou. Il doit y avoir une volonté de retarder le débat après les Municipales. C’est dommageable pour les contribuables qui vont se trouver confrontés à un tsunami fiscal ce qui est arrivé dans d’autres départements confrontés à la même situation comme le Puy-de-Dôme avec +20 à +50%.

La solution c’est de réduire ses déchets…

Évidemment. Il y a une prise de conscience des habitants mais c’est très lent. On ne va pas d’un coup de baguette magique réduire le quota de 120 000 tonnes de déchets produites dans le département.

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