LES ANNÉES JOUE : Avec « Vendredi », tout est permis

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On l’attend à chaque festival : cette prestation qui va nous capter au premier instant et ne plus nous lâcher jusqu’à son épilogue. Ce moment dont on ressort groggy, pendant lequel on ne voit pas le temps passer. C’est souvent une surprise, un sentiment imprévu. Et dans ce cas c’est encore plus beau. Ces sensations, on les a ressenties pendant le spectacle de La Fabrique Fastidieuse aux Années Joué de Joué-lès-Tours. Il fallait forcément qu’on vous raconte…

S’il y a bien une chose que je n’aime pas, c’est danser. Vous pouvez trouver ça étrange, chercher à l’expliquer psychologiquement, mais c’est comme ça. En revanche, observer les gens qui dansent est toujours grisant, parce que leurs yeux laissent éclater l’ivresse de l’instant dans lequel ils ou elles se trouvent. C’est dans cet objectif que je me suis rendu au gymnase du Parc de la Rabière samedi, pour assister à la première tourangelle de Vendredi, le spectacle de la compagnie lyonnaise La Fabrique Fastidieuse.

J’arrive un poil à la bourre, la fête a déjà commencé. Musique électronique, piste de danse sur le bitume, guirlandes de papier en suspension. Au premier abord on ne distingue pas les artistes et c’est d’ailleurs toute la subtilité de la proposition : ici pas de scène délimitée. Les 7 danseuses et danseurs sont au milieu du public, évoluant avec lui, en fonction de lui aussi.

« On joue dans la journée car à 20h ou 21h ce serait trop évident »

Ça commence par une grande chaîne humaine, que l’on observe avec amusement et étonnement. Une partie de la troupe est en habits bariolés, d’autres membres sont fringués presque comme vous et moi en mode été et festival. Une première pause et le groupe se disperse. Les artistes prennent à part une partie de l’assistance et racontent une histoire : pour ma part, le récit d’une soirée grecque avec un nombre difficilement calculable de mojitos ingurgités. Le jeune homme juste en face raconte ça comme à un ami, les yeux plantés dans les miens. Puis il repart, emporté par la fièvre.

S’ensuit près d’une heure de folie furieuse, ambiance boîte de nuit en plein jour et c’est fait exprès : « on joue à 11h, 13h, 16h… A 20h ou 21h ce serait trop évident. Ce qu’on veut c’est amener une fête éphémère, improbable » nous explique l’une des membres de la compagnie, Anne-Sophie Gabert. Créée en 2011, elle présente ici sa deuxième création.

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Ce qui devait arriver se produit : je danse. Sans même réfléchir. C’est physique et automatique. Une ronde puis une longue file. Autour de moi des ados, des parents, des grands-parents. Une société qui bouge ensemble. « Ce n’est pas la musique que j’écoute mais ils m’ont embarqué » nous confie un peu plus tard le programmateur des Années Joué Olivier Catin. C’est la force de Vendredi : sa musique (originale, en partie incarnée par un musicien live) capte tout le monde. Une énergie globale se dégage sous le soleil brûlant, même les bénévoles armés de leurs brumisateurs deviennent des acteurs à part entière.

Le vendredi universel

La Fabrique Fastidieuse a conçu son show comme une expérience : « après notre première création, on s’est demandé à propos du public ‘qu’est-ce qu’on fait de ces gens ? Est-ce que ce sont juste des paires d’yeux ou est-ce qu’on peut jouer avec leurs désirs, leurs pulsions et leurs envies ? Jusqu’où peut-on aller ensemble ?’ nous explique Anne-Sophie Gabert. Toute la trame est écrite, rien n’est improvisé. On vit en une soixantaine de minutes le condensé d’une nuit endiablée, avec ses moments d’euphorie ou ses instants de fatigue, ses montées d’adrénaline comme ses petits dérapages. Ses coups de folie et ses audaces. Terriblement puissant. Et captivant.

« Si les gens ne dansent pas ce n’est pas un échec. Leur regard, le fait qu’ils se déplacent, s’assoient, c’est déjà une mise en corps » analyse la cocréatrice de la compagnie qui s’allie parfois avec des complices pour embarquer l’assistance. A Joué-lès-Tours, ce petit groupe a réussi sa mission : « le public était beau et généreux » sourit Anne-Sophie Gabert. Cette femme et sa bande ont rendu l’ambiance typique du vendredi soir transposable à chaque instant. « Aujourd’hui c’est vendredi, et demain… c’est vendredi aussi » conclut d’ailleurs une des danseuses lors du salut final. C’est vrai : La Fabrique Fastidieuse rejoue au gymnase de la Rabière ce dimanche à 16h15.

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