L’équation reste complexe aux Iles Noires

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Le 31 mars prochain, la trève hivernale prend fin. Une date loin d’être symbolique et qui relance la possibilité d’expulsion. Aux Iles Noires à La Riche, ce sont 86 personnes venant de Bulgarie qui se sont installées ici ces derniers mois ou dernières années, certains depuis 10 ans. Des familles vivant dans des conditions d’extrême précarité et qui vont devoir quitter les lieux.

Pour mieux comprendre la situation des Îles Noires, lire notre article de l’été 2018 sur 37 degrés ou celui publié fin 2017

« Nous voulons raser ce bidonville mais avec personne dedans ».

Pour le maire de La Riche, Wilfried Schwartz, « la décision de justice doit s’appliquer ». Au début de l’été 2018, la justice a exigé l’expulsion des populations établies illégalement dans un délai de 4 mois. Mais face à la grande précarité des situations, c’est finalement la mise en place d’une Mous ((Maîtrise d’Oeuvre Urbaine et Sociale) avec une enveloppe de 40 000 euros qui fut mise en place dans un premier temps, avec pour objectif d’établir un diagnostic social (confié à l’association Trajectoires, et à Entraide et Solidarité) au cas par cas et de trouver des solutions.

La recherche de solutions, les pouvoirs publics, ville de La Riche et Préfecture, l’affirment, « c’est la priorité. » Pour Corinne Orzechowski, la Préfète d’Indre-et-Loire : « Nous n’allons virer personne au 1er avril. On espère avoir des solutions d’ici là pour un tiers, un autre tiers d’ici juin et pour le dernier tiers on pourra trouver des logements transitoires. Nous voulons raser ce bidonville mais avec personne dedans ».

« Bidonville », le mot n’est pas trop fort, tant la situation aux Iles Noires se révèle hors du temps. Les familles bulgares se sont installées ici dans des abris de fortune, fait de planches de bois ou de tôles, de caravanes posées sur palettes… le tout dans une atmosphère insalubre. Et sans eau, ni électricité ou toilettes, la situation sanitaire se révèle alarmante, pour les 86 personnes y vivant actuellement.

Une situation physique, doublée d’une situation sociale inquiétante entre petits jobs informels, débrouille quotidienne mais aussi mendicité ou prostitution pour certaines filles. « Il y a des personnes qui sont exploitées par d’autres » acquiescent les pouvoirs publics qui se disent vigilants à cette exploitation humaine forcée. Un homme aurait récemment d’ailleurs été placé sous protection de l’Etat.

Autant de situations variées et difficiles qu’il faut prendre en compte. « Nous travaillons au cas par cas » indique la Préfecture. Du côté de la ville de La Riche, le maire Wilfried Schwartz précise que le sujet « dépasse les compétences de la ville » et évoque la nécessité d’un accompagnement global : « sanitaire, scolaire, social… »

(c) Pascal Montagne, photo au Iles Noires en juin 2018

Un accompagnement jugé pour le moment insuffisant pour RESF (Réseau Education Sans Frontières) qui pointe des manquements ces derniers mois et qui attaque : « Les pouvoirs publics ont délaissé ces populations et aujourd’hui on s’y intéresse uniquement parce que la Métropole a un projet sur ce territoire. »

Pour les militants associatifs, l’une des priorités doit aller vers les enfants et leur scolarisation. « Ce n’est pas toujours évident » indique-t-on à La Riche, « il faut s’adapter, il y a un dispositif d’évaluation des élèves, tous ne peuvent pas rester toute la journée en classe et on travaille alors à une intégration progressive« . Concrètement sur La Riche, deux enfants sont pris en charge à raison de deux heures deux fois par semaine au sein du centre Equinoxe, notamment pour l’apprentissage du français. A RESF, on rappelle qu’il y a une 15aine d’enfants présents au Iles Noires avec une obligation de scolarisation tout en pointant selon elle un manque de volontarisme des collectivités.

Problème d’intégration au niveau des enfants mais problème d’intégration générale. Les familles présentes sont ainsi domiciliées depuis peu seulement, une moitié par Entraide et Solidarité, l’autre par les CCAS de Tours et La Riche. « Cela fait plusieurs mois qu’on le réclamait » note-t-on chez RESF, courriers à la Préfecture ou au maire de La Riche à l’appui.

Quelles solutions dès lors aujourd’hui ?

Wilfried Schwartz évoque des relogements à l’échelle du département. 7 ou 8 familles le seraient aujourd’hui. Les autorités veulent aussi agir sur la question des emplois. Pour le moment Sur 42 personnes en âge de travailler, 2 sont en CDD, 3 suivies par la Mission Locale et 1 par Pôle Emploi qui viendra mener des entretiens sur le site à la mi-mars pour trouver des pistes de postes.

Des solutions qui prendront du temps donc selon la Préfète d’Indre-et-Loire, en raison de la disparité des situations, au mieux quelques semaines, voire plusieurs mois. « D’ici là il faut améliorer leurs conditions de vie sur place, enlever les détritus, installer des toilettes sèches par exemple » pointe-t-on du côté de RESF. « C’est anormal de laisser des populations vivre dans ces conditions ».

Mathieu Giua avec Olivier Collet.

 

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