« Le Bateau Ivre sera pluridisciplinaire » : interview d’Isabelle Calvet, sa première salariée

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Ça aurait dû se passer au printemps, ce sera finalement au début de l’automne. La faute au nouveau coronavirus. Dans moins de 3 mois, on applaudira nos premiers spectacles au Bateau Ivre. Enfin, le nouveau Bateau Ivre. La salle de concert de la Rue Edouard Vaillant à Tours va se transformer en lieu de vie culturel hybride à partir du 8 octobre. C’est le fruit de 11 ans de combat et de la mobilisation du collectif Ohé du Bateau, transformé en SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) rassemblant à ce jour 1 800 sociétaires (particuliers, associations, entreprises, collectivités). 4 salariés ont été recrutés pour gérer le navire, dont Isabelle Calvet qui sera notamment en charge de la gestion administrative aux côtés d’un des matelots de la première heure, l’artiste Franck Mouget. En poste depuis le 1er mars, elle a pris le temps de répondre aux questions de 37°.

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Quel est ton parcours ?

Ma vie professionnelle oscille entre le milieu culturel et celui de la restauration. Avant le Bateau Ivre j’ai participé à l’inauguration d’un autre paquebot, le Vinci. C’était il y a 25 ans : étais en charge du bar et du restaurant. Après ça j’ai travaillé 10 ans à la Compagnie Off en tant que chargée de production puis j’ai réalisé un projet dont j’avais très envie, c’est-à-dire la reprise d’un bar en milieu rural, à Tauxigny. C’était un café culturel avec une programmation artistique mensuelle. Ça marchait bien mais pas suffisamment pour que ce soit pérenne. Au bout de 4 ans j’ai arrêté et j’ai commencé à travailler pour une entreprise technique au service du spectacle vivant. J’y suis restée 6 ans. En la quittant, j’avais cette envie de reprendre un poste d’administratrice pour un lieu culturel. Je me suis rapprochée d’Artefacts puis je suis arrivée au Bateau Ivre.

Le Bateau avec son look d’avant.

Quel est ton rapport avec le Bateau Ivre d’avant ?

J’ai le souvenir d’un lieu underground par rapport aux autres propositions qu’on pouvait avoir sur Tours. Je sais que la dernière fois que je suis venue j’étais dans les gradins… Mais je ne me rappelle absolument pas ce que j’étais venue voir. Quand ça a fermé, je me souviens d’avoir été particulièrement étonnée que la ville ne soit pas plus investie. On ne peut pas tout demander aux politiques mais je trouvais que Gisèle avait été délaissée dans son antre. Aujourd’hui la forme coopérative proposée me plait car la façon de financer la culture a évolué : on n’est plus sur des schémas subventionnables, on est en train de dire qu’il faut entreprendre. C’est exactement ce qu’on fait ici.

Tu es sociétaire ?

Oui, je me suis ralliée à la cause dès le rachat des murs en 2016. Et puis je connais Franck (Mouget) depuis 20 ans. Quand j’avais mon café il était venu me voir, quand il sort ses spectacles j’aime aller rencontrer ses créations. Des membres du Conseil d’Administration comme Michel Schott sont aussi des personnes que je fréquente depuis très longtemps.

Quelles sont tes missions ?

Je vais gérer la partie administrative : contrats, assurances, gestion du personnel… Je serai aussi le maillon entre les activités et les sociétaires pour garder l’énergie. A mon arrivée, j’ai d’abord travaillé sur les dossiers techniques, par exemple vérifier qu’on avait bien la licence IV pour le bar et les bonnes licences pour les spectacles. J’ai rencontré les labos bénévoles (communication, bar, distillation) pour voir où ils en sont par rapport au projet. Avec Franck, nous avons aussi le projet de faire en sorte de réaliser ce que les sociétaires ont envie de voir dans ces lieux.

La nouvelle entrée.

Qu’est-ce qu’on peut dire aujourd’hui de la couleur de la programmation ?

Il faut bien comprendre qu’il y aura deux axes majeurs : la location de salle (sociétaires ou non sociétaires peuvent réserver le Bateau dès lors qu’ils ont une proposition culturelle) et à côté nos « soirées pirates », un choix de programmation de la part de nos sociétaires (musique, théâtre ou autre). Par exemple sur une semaine d’ouverture du mercredi au dimanche, on peut imaginer deux « soirées pirates » avec du punk rock le mercredi et du jazz le jeudi. Puis le vendredi et samedi des gens qui viendraient proposer leur artistique en louant la salle. Après, notre travail ce sera de faire en sorte que la programmation soit éclectique. Si on voit que le cirque ou la danse manque, on tirera la sonnette d’alarme pour rappeler que nous sommes un lieu pluridisciplinaire.

Avant le Covid, beaucoup de choses étaient déjà été calées sur la période mai-septembre qui devait coïncider avec l’ouverture du Bateau Ivre. Comment avez-vous réorganisé le planning ?

La priorité c’est de repositionner les événements programmés sur le dernier trimestre. Certaines choses se font facilement mais on se heurte également à une certaine frilosité par rapport à la crise sanitaire. Néanmoins, j’ai reçu de nouvelles propositions de locations. Après, on n’aura pas une saison culturelle calée un an à l’avance comme d’autres lieux. On travaillera plutôt sur 3 à 6 mois. J’ajoute qu’on n’est pas sur une location classique : on est sur du compagnonnage, donc quelqu’un qui va louer la salle aura la communication de la SCIC ou la billetterie à sa disposition.


Un degré en plus :

En partie stoppés pendant le confinement, les travaux du Bateau Ivre ont repris avant le 11 mai et s’intensifient depuis deux mois. Nous n’avons pas l’autorisation de vous montrer les images mais on peut vous dire que le hall d’entrée est déjà propre, en attendant l’arrivée des panneaux pour l’isolation phonique, du grand bar de 8m50 en forme de proue de bateau ou du matériel de la billetterie. La salle pourra finalement accueillir 450 personnes debout au lieu de 300 prévues initialement, en attendant l’aménagement des gradins avec 192 fauteuils.

La régie sera située en haut, tout a été pensé pour que la salle soit modulable pour accueillir musique, théâtre, danse voire cirque. Une loge sera accessible aux artistes à mobilité réduite, les deux autres seront à l’étage avec accès au toit terrasse. Tout ça dans une extension nouvellement construite. L’ensemble du chantier devrait être terminé en septembre.

Bref, le Bateau Ivre 2.0 a aujourd’hui hâte de voir l’accueil qui lui sera réservé par le public. Cette aventure est un pari et il reste délicat. Parmi les difficultés, justement son côté atypique : « La Direction Régionale des Affaires Culturelles n’arrive pas à nous caser du coup elle ne nous donne pas un centime » note par exemple Franck Mouget, mobilisé depuis le 1er jour pour la réouverture et salarié dans l’équipe. Il espère par ailleurs qu’après la Région ou la ville de La Riche la ville de Tours prenne aussi des parts dans la SCIC.

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