La ville de Tours pèse-t-elle assez au sein de la Métropole ?

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Tours Métropole c’est un territoire de 22 communes avec 299 000 habitants dont Tours et ses 136 565 habitants. Une ville de Tours, locomotive de cette intercommunalité, en tant que ville-centre. Une locomotive qui peine néanmoins à trouver sa pleine place dans l’équilibre territorial en place entre les 22 communes. La chose n’est pas nouvelle, elle a été maintes fois commentée ces dernières années, mais à l’heure où la Métropole doit pleinement prendre sa vitesse de croisière, la question ressurgit et agite le milieu politique…

La question de la place de Tours au sein de la Métropole peut ainsi paraître incongrue au premier regard tant le poids de la ville-centre qu’il soit démographique, économique, politique… semble évident. Cela aurait même du être renforcé suite au changement de représentativité imposé par la loi, suite aux dernières élections municipales. Avec 38 élus issus de la ville de Tours sur les 87 que composent l’assemblée métropolitaine, le poids électoral est en effet important. 43% exactement, correspondant à la représentation démographique de la ville-centre dans l’ensemble métropolitain. C’est mieux qu’auparavant puisque Tours n’avait jusque-là que 20% des élus, un arrangement qui avait été trouvé lors de la création de Tour(s) Plus en 2001 par Jean Germain face à la peur des communes voisines de se voir imposer trop de décisions. Un consensus qui a fonctionné jusqu’en 2020 donc, sur un mode non partisan.

Depuis 2014, une ville de Tours en retrait

Une décision originelle qui a minoré dès le départ le rôle de Tours. Jean Germain, en tant que président de l’intercommunalité et maire de Tours, avait réussi néanmoins à préserver les intérêts de la ville. Cet équilibre initial a été une première fois rompu en 2014 quand Serge Babary nouvellement élu maire de Tours a refusé de prendre la présidence de l’intercommunalité, pour laisser la main à Philippe Briand, le maire de Saint-Cyr-sur-Loire. Dès lors, le consensus de départ s’est montré plus bancal et tout au long du mandat 2014-2020, on a senti que les élus de la ville de Tours peinaient à faire valoir leurs visions. Et même si Christophe Bouchet a essayé à partir de 2017 et son arrivée comme maire de Tours de ré-inverser la tendance, obtenant notamment des vice-présidences supplémentaires pour Tours, il s’est rapidement confronté à des oppositions tranchées de maires voisins, lui reprochant aussi, une certaine façon de vouloir passer en force, au sein d’une assemblée d’élus plutôt encline aux arrangements souples…

La nouvelle représentativité aurait pu modifier les équilibres, d’autant plus avec un basculement politique et l’arrivée d’un élu divers gauche en la personne du maire de La Riche, Wilfried Schwartz comme président de Tours Métropole. Force est de constater que 7 mois après le début du mandat, les changements se font attendre. Pire, l’intercommunalité semble patiner même, entre un projet de territoire pas encore acté, une cogestion qui semble également avoir vécu et une opposition plus classique et politique. Les orientations budgétaires qui doivent être débattues cette semaine seront un signal important et une question au milieu, la ville de Tours aura-t-elle sa part du gâteau ?

Cette question est loin d’être anodine et s’est invitée dans les débats lors du dernier conseil municipal à Tours. Il faut dire que vu ses compétences et ses capacités financières, corrélées au problème de dette de la ville centre, la Métropole est aujourd’hui indispensable à la majorité d’Emmanuel Denis pour réussir son mandat et faire avancer ses projets. Et ce ne sera pas simple comme en témoigne l’imbroglio sur l’aéroport en décembre dernier (relire notre article).

« Vous ne pouvez pas réussir votre mandat si vous n’avez pas une gestion plus efficace, plus partagée avec la Métropole »

« Vous ne pouvez pas réussir votre mandat si vous n’avez pas une gestion plus efficace, plus partagée avec la Métropole » a interpellé l’élu de droite Thibault Coulon lors du dernier conseil municipal. Ce dernier a rendu public le débat en exprimant « ses inquiétudes sur la Métropole, suite à un début de mandat en recul. » Et dans ces inquiétudes, celui qui fut vice-président en charge de l’économie lors du précédent mandat de réclamer « que la ville de Tours pousse pour compter plus » tout en tendant la main au maire de Tours en jouant la carte municipale : « On peut réfléchir ensemble en tant qu’élus de la ville de Tours à ce qu’on peut et doit attendre de la Métropole. »

Des propos que finalement beaucoup d’élus de la ville, majorité comme opposition, que ce soit dans le dernier mandat ou celui-ci, ont déjà fait part, le plus souvent en off, afin de ne pas froisser les élus des communes voisines. Cette fois la question s’est posée ouvertement, amenant à une réflexion générale et commune, importante pour les raisons évoquées plus haut. Thibault Coulon, Christophe Bouchet, Benoist Pierre, tous trois élus d’opposition à la ville, ont été sur la même longueur d’onde sur ce sujet. « Les métropoles qui avancent sont celles dont la ville centre a pris sa place » a ainsi renchérit l’ancien maire de Tours, sous entendant que ce n’est pas le cas aujourd’hui de Tours, au sein d’une Métropole qui a pour le moment et traditionnellement plus pratiquée une politique de saupoudrage et de satisfecit général.

« Ne pas s’enfermer dans un affrontement entre la ville centre et les communes périphériques »

Des élus d’opposition qui ont vu, Jean-Patrick Gille, élu de la majorité d’Emmanuel Denis et vice-président de Tours Métropole en charge des équipements culturels, de la recherche, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, allait en grande partie dans leur sens. Pour ce dernier en revanche, il faut être vigilant à ne pas froisser les autres élus. « Il faut définir une feuille de route sans s’enfermer dans un affrontement entre la ville centre et les communes périphériques » a-t-il mis en garde. Des propos que le maire de Tours Emmanuel Denis tenait aussi, « Il faut acquérir plus de confiance avec nos collègues métropolitains. » Le débat est en tout cas lancé et devra faire évoluer les choses, sous peine de voir le mandat défiler sans réels avancées et projets…

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