La folle journée d’Ephèbe au Printemps de Bourges

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Chaque année, le Printemps de Bourges sélectionne un groupe de jeunes artistes qui rejoint la programmation du 22 pour une première expérience scénique dans un grand festival. Dans la liste des iNOUiS, un nom bien connu à Tours : Ephèbe, le seul candidat de la région Centre-Val de Loire retenu pour cette édition 2019. Nous l’avons suivi dans son aventure berrichonne. Tout simplement intense.

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« Je suis en train de prendre le soleil devant le 22 » nous dit Ephèbe quand on l’appelle en arrivant à Bourges. Opération détente. Dernière pause avant une journée marathon épuisante. Nous sommes à moins de 2h de son concert du début d’après-midi au Printemps, devant un public essentiellement professionnel : des hommes et des femmes venus repérer les pépites prêtes à faire chavirer les foules dans les mois et les années qui viennent. « Les seuls qui ne sont pas pros, ce sont la famille et les amis » caricature un peu Axel pour catégoriser l’assistance venue écouter ses compos ce vendredi 19 avril. Le jeune tourangeau joue une partie de son avenir musical sur un set d’une demi-heure. Il le sait, mais profite : « j’étais plus stressé il y a quatre jours que je ne le suis maintenant » lâche-t-il depuis sa loge, un bungalow installé juste derrière la scène. Il doit le libérer à 16h30 max, pour laisser la place aux artistes du soir.

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Ephèbe connait bien le Printemps de Bourges : il vient tous les ans depuis l’adolescence, y a déjà participé en tant que musicien mais y est surtout attiré par la programmation. « Hier soir j’ai vu Zazie, je ne pensais pas prendre une telle claque » confie un jeune homme aux goûts hétéroclites : il écoute Lionel Richie et Modern Talking lors de ses étirements avant de monter sur scène puis fredonne Goldmann pendant l’installation du plateau. « Je peux aussi aller voire Muse au Stade de France juste pour le show, alors que je ne les écoute plus depuis des années. » A côté de ça, il kiffe « le gros pera bien sale » avec toutes les sensations fortes que ça peut dégager en live. Une attirance qui lui a fait découvrir Mara la veille à Bourges, en l’occurrence une chanteuse et DJ suisse.

Des interviews à la chaîne

Carburant au thé et à la banane, le jeune Axel, joue parfaitement le jeu de la promo. Formé au journalisme, ponctuellement collaborateur de 37 degrés, il connait bien les codes des interviews. Arrivé sur place jeudi, il les a enchaînées durant deux jours pendant que son équipe s’est chargée de tapisser la ville d’affiches. Plein de médias s’intéressent à lui : une radio adolescente venue de Troyes, France Télévisions ou encore un site dédié au tourisme dans le Cher… Un planning tellement chargé qu’une salle de l’espace presse a été réservée pour lui tout l’après-midi de vendredi. Forcément, parfois, les questions se répètent : « d’où vient le nom Ephèbe ? », « quels sont tes projets ? »… Les réponses ? « C’est mon copain qui l’a trouvé » et « la sortie de mon EP cet automne ».

Quand le micro s’éteint et que la caméra s’arrête de tourner, Ephèbe laisse apparaître son visage fatigué. Il est exténué mais satisfait : « franchement je ne pensais pas être sélectionné pour les iNOUiS, je croyais qu’un autre groupe allait être retenu. » Candidat en janvier, qualifié fin février, il a passé 4 jours en résidence au Plessis de La Riche puis 3 jours au Temps Machine à Joué pour se préparer. L’occasion de travailler les lumières et la mise en scène du concert, « je prends aussi des cours de danse depuis 3-4 semaines. » Sur scène, ça se voit : Axel est en mode pile électrique, tout son corps parle et s’embrase comme l’orage qu’il dépeint dans l’une de ses chansons. Venue le photographier pour ce reportage, Claire l’affirme : ce n’est pas le même homme qu’elle a vu il y a seulement 5 mois en première partie d’Eddy de Pretto au Temps Machine.

Un point commun tout de même : Ephèbe a enlevé son t-shirt à l’issue de ces deux prestations, ses abdos ne laissant pas l’assistance indifférente.

Ce chanteur-là est un sportif endurant pour qui l’échauffement est capital. Il prend de longues minutes à s’étirer, puis à faire les vocalises comme on lui a récemment appris. Concentré mais serein le garçon, toujours capable d’une petite vanne. Son équipe n’est pas loin mais pas trop près, pour le laisser vivre le moment. Résultat : ce qui le stresse le plus ce n’est pas le show qui s’annonce mais de ne pas retrouver son casque à 200 balles, peut-être laissé chez la pote qui l’a hébergé la veille avec son équipe à 40 minutes de Bourges.

« Bourges c’est un peu l’acte de naissance d’Ephèbe »

Alors que la salle commence à se remplir, Ephèbe apprécie : la batterie d’Etienne et les machines de Joseph ont été installées rapidement grâce à des structures sur roulettes, « et pourtant on a une installation assez lourde. » De quoi prendre un peu de temps pour boire un coup, et se caler avec ses deux gars qui l’accompagnent depuis le début : « quand je ne me sens pas à l’aise, ils sont toujours là. Je les regarde beaucoup, on se donne de l’énergie. » Un dernier câlin et c’est parti ! Sa mission, capter les regards du public : « dès la première chanson il y a un moment où ça part, là je sais direct si je vais réussir à les embarquer en fonction de leur réaction. »

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Ça a matché, et même monté progressivement en intensité, avec un summum atteint quand Ephèbe s’est mis à jouer et à danser avec ses baguettes. A la sortie les commentaires sont bons : « les pros ne se privent pas pour dire quand ça ne leur a pas plu. » Etienne confirme, parle d’un concert mémorable. Pas le temps de débriefer avec Axel, il est déjà attendu ailleurs. En sueur, il prend juste le temps de se changer : « j’ai un autre t-shirt aussi sale, mais moins mouillé. » On le retrouve en fin d’après-midi, pour revivre ce moment à froid : « Bourges c’est un peu l’acte de naissance d’Ephèbe, beaucoup découvrent. J’ai eu des retours de plusieurs labels qui ont adoré. »

Des textes en français et engagés

L’enjeu des iNOUiS, « ce n’est pas de gagner, c’est d’être repéré » estime Axel qui espère beaucoup de cette expérience pour décrocher de nouvelles dates, se faire des contacts : « dans la salle il y avait du monde de France Inter, des Trans Musicales de Rennes, et ils sont restés. » De quoi s’autoriser à quelques rêves lointains… Avant de filer à un cocktail, Ephèbe nous en parle du bout des lèvres : il imagine parfois un mur d’eau qui accompagnerait sa prestation lors d’un immense concert dans un Zénith, un featuring avec Nekfeu ou, plus local, désire une résidence de plusieurs soirs dans ce Grand Théâtre de Tours si « magnifique » à ses yeux, le tout porté par Radio Béton qui compte beaucoup pour lui et qui l’a d’ailleurs programmé le 6 juin à Aucard, avant un passage à Terres du Son le 12 juillet.

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Ambassadeur de la scène tourangelle le temps de cette 43ème édition du Printemps de Bourges, pas de doute : ce natif de Saint-Martin-le-Beau en a fièrement porté les couleurs avec ce qui fait sa personnalité : des textes en français (« parce que la chanson française ce n’est pas que Renaud ») et engagés, comme quand il parle d’homophobie ou de migration (« j’ai échangé avec un lycéen, et son professeur m’a appris qu’il est arrivé en France en tant que mineur isolé. Qu’il a fait la traversée de la Méditerranée. Ça m’a touché »).


Un degré en plus :

Ce sont les groupes Silly Boy Blue, Di#se et Calling Marian qui ont remporté cette édition 2019 des iNOUiS. A noter que l’ensemble des artistes sélectionnés pour le Printemps – dont Ephèbe – participeront à un stage de structuration professionnel au printemps, pendant 5 jours, au Conservatoire de Bourges.

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