Julien Sanson, entre bois et guitares

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Bercé par le son de la guitare de son père depuis son plus jeune âge, Julien Sanson n’a pas hésité à suivre cette fibre familiale pour en faire son métier : luthier. Depuis douze ans il vit de cette passion, mais les débuts n’ont pas été évidents. De fait, le métier de luthier est un métier de rigueur et de patience qui intéresse de plus en plus de jeunes mais où il est difficile de se faire une place.

Pour développer son métier, Julien n’a pas hésité à s’installer auprès d’autres artistes

Dans les couloirs des ateliers de la Morinerie, ce ne sont pas moins d’une centaine d’artistes, peintres, sculpteurs, photographes, plasticiens, musiciens ou encore mosaïstes qui cohabitent. Parmi eux, un luthier : Julien Sanson. Installé depuis 2013 dans son atelier qu’il a réaménagé à ses besoins : une partie machinerie qui n’est pas encore isolée avec un atelier calfeutré et chaud pour l’hiver. Ce qui a intéressé Julien avec cet atelier c’est d’abord le prix du loyer qu’il qualifie de « quasiment symbolique », mais également « l’effervescence » que cela procure de travailler entouré de métiers divers et de personnalités variées.

« C’est toujours motivant de voir ce que les autres font. La volonté d’entraide est très importante, on se dépanne les uns les autres. Moi je travaille le bois, d’autres travaillent le métal, c’est toujours intéressant quand on a besoin d’un service. Et si on a envie de faire une pause, on peut aller prendre un café ou une bière avec le voisin. C’est toujours sympa ! »

Avec une quarantaine d’ateliers, l’ancien site industriel de Saint-Pierre-des-Corps est aujourd’hui au complet et continue d’être rénové d’année en année. Doucement mais sûrement les espaces sont réaménagés à l’initiative de chacun.

La situation géographique de Saint-Pierre-des-Corps ne le dérange pas non plus. Si Julien aime travailler seul et au calme, il est finalement aussi content de ne pas avoir son pas de porte dans une rue tourangelle et de ne pas être interrompu dans son travail par des curieux. « Je suis excentré par rapport au centre-ville de Tours mais au moins je sais pourquoi les gens viennent me voir. Je ne suis pas embêté par les curieux qui enteraient plus régulièrement dans une boutique en ville. Les gens qui viennent jusqu’ici ont quelque chose à me confier » explique-t-il.

Julien a toujours voulu devenir luthier, malgré la difficulté d’entrer dans le métier

Guitares, basses, mandolines ou bien encore banjos, tous ces instruments n’ont pas de secrets pour Julien qui a commencé la lutherie à temps plein en 2007. Après un bac en mécanique industriel, Julien s’est orienté vers la lutherie en vain. Il n’a pas trouvé de place dans le milieu. Il a donc été patient en travaillant dans l’événementiel en tant que technicien pendant sept ans avant de revenir vers ses « premiers amours ». Il s’est alors orienté vers des luthiers de la région, notamment Bertrand Moguérou à Vernou où il a été conseillé de faire un CAP dans le bois, ce qu’il a fait en menuiserie. Après quatre ans en apprentissage luthier, il s’installe à son compte. À 37 ans, il est aujourd’hui un des principaux luthiers des environs de Tours. « Il faut être acharné, revenir régulièrement vers ce que l’on veut vraiment faire et ça finit par payer. »

Pour être luthier, il faut aussi être à l’écoute des personnes et de leurs besoins vis à vis de leurs instruments. Au delà de la technique, il y a un côté très humain dans le métier de luthier.

« On aborde l’affinage d’un instrument en fonction du musicien en formation, mais c’est surtout quelque chose qui vient avec l’expérience. Il faut savoir si le guitariste en question attaque très fort dans ce cas il faut régler les cordes un peu hautes, s’il joue tout doux ou si c’est quelqu’un qui cherche la rapidité. ».

D’autres compétences sont aussi nécessaires pour le métier. Julien affirme qu’il faut être minutieux, patient, habile de ses mains et être à l’écoute, à la fois des guitares et des clients. Il n’est pas nécessaire d’être musicien à la base mais c’est quand même d’une grande aide. Julien a lui été bercé par la guitare grâce à son père dès son plus jeune âge. Il a d’abord commencé en apprenant avec lui, puis il a pris quelques cours avant de former un petit groupe avec des amis. Il a toujours été intéressé par les instruments si bien que dès le lycée, il fait des stages dans la lutherie, notamment aux côtés de violons. Mais pas de doute, son instrument à lui c’est la guitare.

À l’avenir, Julien aimerait développer davantage la fabrication de ses instruments.

La plus grande partie de l’activité de Julien consiste à réparer, entretenir, régler, modifier ou bien encore restaurer des guitares déjà existantes. Pourtant, un autre penchant du métier est important dans sa vie de luthier : celui de créer des instruments. Cela représente seulement 20 % de son activité aujourd’hui et lui prend beaucoup de temps. Il travaille actuellement sur une guitare acoustique avec des symboles finement incrustés à la manière d’une mosaïque. En parallèle, il planche également sur une guitare électrique tandis que sa création la plus avancée attend, elle, d’avoir ses cordes. Ce qui lui plait particulièrement c’est de pouvoir toucher à énormément de choses. Il travaille principalement le bois mais il touche aussi l’électronique sur les guitares électriques, ou bien encore le vernis.

« Il y a déjà beaucoup de choses qui ont déjà été faites dans les formes de guitare. Si c’est pour faire quelque chose de complètement biscornu juste pour dire : ‘c’est ma forme’ mais qu’en pratique ce n’est pas du tout ergonomique, c’est pas mon délire. Là j’ai des choses en tête pour les prochaines avec des formes plus personnelles mais ça reste inspiré d’un mélange de choses que j’aime. Dans le choix des bois, de la finition, de la couleur, on peut vraiment se faire plaisir dans la création. »

Si la création ne représente qu’une petite partie de son travail en tant que luthier, c’est pour lui toujours un plaisir de voir l’une de ses guitares qu’il a façonné de ses mains être vendue à d’autres passionnés de cet instrument.

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