Jeunesse, fougue et volupté au Printemps de Bourges

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Jusqu’à dimanche, la capitale du Cher accueille le premier gros festival de l’année où se croisent à chaque fois des pointures et de nouveaux talents incontournables. Angèle, Eddy De Pretto et Charlotte Gainsbourg se produisaient au Palais d’Auron jeudi soir… On y était, et on vous raconte.

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La liste des concerts trop courts auxquels on a assisté vient de s’allonger avec Angèle qui nous a fait profiter de ses bonnes vibes pendant 42 minutes sur la scène du Printemps de Bourges. Angèle, une artiste bruxelloise qui donne l’étrange impression que l’on sait tout d’elle… et pas grand-chose à la fois. Hyper présente sur les réseaux sociaux (Instagram en tête), elle n’a en revanche balancé qu’une petite série de vidéos sur YouTube… Des cartons, à chaque fois.

Avec un univers visuel bien à elle, la jeune belge de 22 ans fait des tubes hyper modernes, y compris quand elle reprend l’intemporel Les amoureux des bancs publics, qu’elle illustre avec… des loutres, et rien que des loutres.

Angèle se joue du monde d’aujourd’hui sur le web et IRL : plusieurs de ses chansons abordent les rencontres en ligne, l’addiction aux écrans ou la manie de poster des photos de sa vie. Joignant le geste à la parole, celle qui est par ailleurs la sœur du rappeur Roméo Elvis (attendu à Terres du Son cet été) tourne ces nouvelles conventions en dérision tout en y cédant sans complexer.

Inarrêtable, Angèle enchaîne les tubes, les siens (elle écrit, compose et produit elle-même son premier album attendu cette année). Même si on l’écoute en boucle depuis des mois, depuis la première brève de 3 lignes vue sur elle dans un magazine, on découvre finalement ses chansons une par une : elle les envoie comme ça, en éclaireuses. Et la lumière fuse.

Amoureuse, jalouse, assoiffée, échevelée, féministe (avec un refrain extra inspiré de #balancetonporc), connectée, électrique, gonflée, pétillante, sensible, ambitieuse et baroudeuse : oui, Angèle est tout ça à la fois, et plus encore. Elle est belle et rebelle, ses textes sont cousus comme de la dentelle pour vous coller à la peau, caresser chaque courbe de vos tympans et entraîner chez vous une irrésistible envie de mettre le pouce en l’air.

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Angèle (c) Denoual Coatleven – Printemps de Bourges

Lui, des pouces en l’air il en déclenche aussi par millions. Dans son survet’ blanc surmonté d’une veste à rayures, l’hyper looké Eddy De Pretto a retourné le Palais d’Auron qui l’attendait pour exulter. Le rappeur arrive dans une semi-pénombre avec un néon qui clignote. Et puis sa voix sort du sous-sol et imprime toutes les couches du magma terrestre. Reconnaissable entre mille, elle est à la fois caressante et rugueuse (si le collègue à qui on a dit qu’on n’aimait pas la musique du garçon lorsqu’il nous l’a faite découvrir lit ça, il va halluciner).

Seul sur scène avec son batteur, le kid de Créteil commence doucement : deux titres et vient Beaulieue, à nos yeux son plus beau texte, celui qui nous a fait accrocher pour de bon à son univers, au hasard de l’algorithme d’un site de streaming. Au final, Eddy De Pretto mérite qu’on l’écoute fort, très fort. Il amène sur scène son vécu, une histoire faite d’aventures urbaines, d’espoirs et de douleurs.

Accompagné par des effets lumière plus que pertinents, rappelant les lampadaires, les immeubles ou la chaleur, le rappeur emmène derrière lui une foule remuante, qui connait déjà tout son album par cœur. Smartphones en main, elle le mitraille, et lui déroule ses punchlines en rafales : il bouge, il joue, il ruse, il avance. Il en impose.

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Autour de nous la moyenne d’âge augmente subitement : il est venu le temps d’applaudir Charlotte Gainsbourg, tête d’affiche de la soirée. Après les émotions fortes qui ont précédé, sa douceur apporte un contraste saisissant, un peu lunaire. Sur scène et jusqu’au plafond, des miroirs mouvants sont encadrés par des néons, échos involontaires à la prestation d’avant. Dans la salle, un peu en retrait, Angèle n’en rate pas une miette : la grande Charlotte est là pour présenter son dernier album, Rest.

Recueil intime, cet opus est le premier où l’artiste ose le français. Par petites touches, car ses refrains sonnent encore souvent dans la langue de Shakespeare. Il y a en elle de la pudeur et de la force, elle évoque sa famille, ou encore le temps qui passe (on adore Ring-a-ring o’Roses). Touchante, Charlotte Gainsbourg imprime en nous des refrains naturels, des morceaux de vie capturés pour être imprimés. De sa douceur se dégage une émotion sincère mais aussi une détermination sans faille.

Charlotte Rest Tour – Sylvia Says

Can’t wait to see you tomorrow at Le Printemps de Bourges festival.You can check out my tour dates here : http://www.charlottegainsbourg.com/tour.html

Publiée par Charlotte Gainsbourg sur mercredi 25 avril 2018

Comme son père, c’est une voluptueuse machine à textes et à tubes. Elle boucle la boucle en enchaînant l’historique Charlotte for ever et une chanson d’aujourd’hui pour sa sœur Kate. Enfin, elle conclut et nous régale avec Un zeste de citron, qui n’a pas perdu une goutte de sa saveur. Le fruit d’un arbre qui s’élève tout en majesté.

Photo de Une : Charlotte Gainsbourg (c) Denoual Coatleven – Printemps de Bourges

Les Tourangeaux en force au Printemps

Bourges, loin de Tours ? Pas tant que ça. La preuve : contre toute attente, il n’y avait pas assez de places dans le bus initialement prévu pour ramener chez eux les festivaliers tourangeaux. Quand il est arrivé à la gare à 1h30 du matin, alors que le froid commençait doucement à calmer les ardeurs festives, il a fallu jouer des coudes pour y trouver un fauteuil… Et gare à ceux qui n’avaient pas de billet, le passage d’un partiel le lendemain à 8h n’étant pas une excuse suffisante pour squatter un siège.

En attendant un second véhicule (qui a fini par arriver), les nombreux lycéens et étudiants qui avaient misé sur cette solution pour conclure leur voyage musical se sont installés dans l’allée, jusqu’à s’y allonger. L’ambiance insolite est à la fois bon enfant et tendue, personne n’ayant envie de passer la nuit sur le parking d’une gare routière.

On rigole, on débriefe encore une fois les concerts du jour, on regarde les vidéos… Orelsan ? « C’était bien mais pas le meilleur concert de ma vie, je préférais ses albums précédents » analyse une Tourangelle qui rentre avec une grosse valise. Le bus démarre enfin, les lumières s’éteignent et tout le monde s’endort en songeant aux refrains d’un Printemps qui s’éloigne déjà.

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