Coronavirus et transports en commun : l’épidémie change la donne pour Fil Bleu

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Masque obligatoire pour les conducteurs et les clients, 50% de sièges condamnés, marquage au sol pour respecter la distanciation physique… Voilà quelques mesures mises en place par Fil Bleu depuis le 11 mai. L’entreprise Keolis qui gère les transports en commun tourangeaux a établi un arsenal de mesures strict pour éviter les contaminations à bord de ses véhicules. Elle a également conservé un plan de transport réduit par rapport à une situation normale avec 30% de trafic en moins. Pour combien de temps ? Et quel avenir pour le réseau qui accueillait jusqu’ici un nombre croissant de voyageurs chaque année ?

« On ne se compare jamais aux transports parisiens » avertit Arthur Cotteverte, le responsable communication de Fil Bleu pour la Métropole de Tours. Pas question d’imaginer la publication de photos qui montreraient des voyageurs entassés dans les tramways et les bus, incapables de respecter la distanciation physique. L’entreprise a donc prévenu : elle ne s’attend pas à une affluence massive dans ses véhicules pour les prochaines semaines mais en cas de surcharge les conducteurs pourront refuser les nouveaux passagers. Des contrôles seront également organisés pour vérifier le respect de la loi exigeant le port du masque pour tout le monde, avec amendes de 135€ à la clé dès la fin de la période de sensibilisation qui devrait durer une semaine.

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Les règles ont changé dans les transports et ça risque de durer un certain moment. Avec une certaine dose d’incertitudes. Par exemple le réseau s’arrête à 22h30 et on ne sait pas à partir de quand il pourra reprendre jusqu’à 0h30 comme avant… Fil Bleu s’adaptera en fonction de la date de réouverture des bars et restaurants. On ignore aussi combien de voyages seront enregistrés au quotidien. 160 000 un jour de semaine normal avant l’apparition du Covid-19 (presque 40 millions par an)… entre 4 et 6 000 depuis mi-mars. « On s’attend à ce que la voiture et le vélo reprennent des parts de marché » imagine Arthur Cotteverte. Dans quelles proportions ? Avant le confinement Fil Bleu comptait 80 000 abonnés. On verra combien sont encore là cet automne. On verra aussi combien de personnes achètent des titres occasionnels et si les parkings relais sont toujours aussi fréquentés. D’ici là, Fil Bleu s’attend donc encore et logiquement à une baisse du nombre de voyages dans les semaines qui viennent. « Le réseau tourne à 70%, mais avec seulement 50% de capacité » rappelle ainsi de son côté Frédéric Augis, le vice-président de Tours Métropole en charge des transports, en évoquant la règle d’un siège sur deux laissé vide. Autres raisons de la baisse envisagée : la crainte de la population de prendre les transports en commun, mais aussi la reprise partielle des écoles ou encore l’arrêt des cours à l’Université jusqu’à la rentrée de septembre… autant de facteurs qui jouent en faveur d’une affluence limitée.

Des négociations financières à venir avec Tours Métropole

A terme, c’est néanmoins tout le plan d’organisation des transports de l’agglo qui pourrait se voir chamboulé. Des négociations doivent s’ouvrir entre Keolis et Tours Métropole qui verse chaque année 35,7 millions d’€ au sous-traitant de la SNCF (les autres coûts sont financés via le Versement Transport payé par les entreprises). Avec au moins 3 mois et demi de perturbations, est-ce que l’institution va maintenir son versement dans les mêmes proportions ? La société va-t-elle demander une rallonge pour absorber le coût de désinfection des véhicules ? Chez Fil Bleu, on nous dit que l’urgence n’est pas là : les pertes financières ne sont pas encore chiffrées (ce pourrait être le cas d’ici le mois de juin) et de toute façon la convention de délégation de service public (renouvelée en 2019) prévoirait les situations extrêmes et pourrait être amendée si besoin. La direction assure au passage qu’il n’y a aucune raison de réduire les effectifs (10% des équipes de conduite restent en chômage partiel pour la 2e quinzaine de mai, soit une cinquantaine de personnes).

Si on se projette encore plus loin, on se demande même si le grand plan de développement du réseau sera maintenu en l’état. Quid des achats de nouveaux bus ou même du projet de construction de deuxième ligne de tram ? La crise a coûté cher aux collectivités qui n’auront peut-être pas autant de marge de manœuvre pour investir dans les prochaines années. « Nous réfléchissons en trois temps : à court terme en analysant la perte d’exploitation de ces dernières semaines, à moyen terme pour la reprise et la logistique qui va avec et enfin à long terme et pour l’heure nous n’avons jamais remis en cause ni fait de renonciation sur les projets à venir » affirme Frédéric Augis même s’il reconnaît que les pertes risquent d’être importantes. Il faut dire que l’équilibre financier du réseau repose à la fois sur le versement transports des entreprises à Tours Métropole (pour deux tiers environ) et sur la billettique pour un tiers. Deux ressources qui devraient baisser cette année avec la crise. Frédéric Augis se veut néanmoins rassurant : « Nous avons un réseau solide et je salue les équipes de Fil Bleu qui sont très impliquées et font toujours du mieux qu’elles peuvent. »

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