Coronavirus : confinement, inquiétude ou retour anticipé pour des Tourangeaux à l’étranger

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Le coronavirus Covid-19 impose de jour en jour de limiter un peu plus les contacts et les activités humaines. Comment les Tourangeaux actuellement à l’étranger vivent la pandémie ? Nous avons recueilli 4 témoignages.

Alexia, Tourangelle qui vit à San Francisco :

« Je travaille depuis la maison, on a aménagé le séjour en bureau. Je fais mes cours de coaching en ligne, je vois mes clientes en facetime, j’anime des conférences sur le bien-être, la nutrition et le sport. Pour l’instant les clientes jouent le jeu mais comme je suis à mon compte je n’ai pas de filet donc ça me fait peur. Pas forcément pour maintenant, mais la récession qui va suivre. Si beaucoup de gens perdent leur emploi, ça aura un impact sur les activités de services comme le sport, ce sera un des premiers trucs à sauter dans leur budget. »

La suite de son témoignage sur Info Tours.

Claire, originaire de Langeais, actuellement à Barcelone (Espagne) :

« A Barcelone nous ne sommes pas autant touchés qu’à Madrid mais la maladie commence à se déployer. Ici le confinement a officiellement commencé au niveau le plus élevé. Il a été annoncé vendredi et il est entré en vigueur aujourd’hui lundi. On peut uniquement sortir pour faire des courses ou travailler si le télétravail est impossible. Et il y a des contrôles de la police. Si tu n’as pas de justification tu risques une amende. Les transports fonctionnent encore mais les plages sont interdites d’accès.

Je suis sortie faire quelques courses ce matin et il y avait la queue devant les magasins car ils limitent le nombre de personnes qui peuvent entrer en même temps. On nous donne aussi des gants pour se protéger les mains dans les rayons qui sont d’ailleurs plutôt vides même si ce n’est pas la catastrophe. Disons qu’il ne faut pas chercher quelque chose de précis, ça manque également un peu de fruits et légumes.

Je suis employée dans une startup dans le secteur du vin et je travaille de chez moi au moins pour une semaine, peut-être deux. Mes managers m’envoient des messages pour voir comment je m’adapte et ce qui bloque. On fait des réunions par visioconférence. Franchement le moral est bof car mes deux colocataires sont à l’étranger. En plus il ne fait pas beau : même le temps est en quarantaine ! Le soir on prévoit des événements pour remercier les équipes médicales : samedi tout le monde est sorti aux fenêtres à 22h pour les applaudir, hier ça s’est fait à 20h pour que les enfants puissent participer. Il y a aussi des gens qui chantent ou qui font un concert sur leur balcon.

Je me suis posé la question de rentrer mais mes parents me l’ont déconseillé. »

 

Hugo, étudiant à Tours, actuellement à Monterrey (Mexique) :

« Pour l’instant il y a peu de cas ici et ce que je vois de plus angoissant ce sont les messages sur les réseaux sociaux ou les informations dans les médias. Les gens et le gouvernement ne s’affolent pas du tout : on recense seulement 53 cas pour l’instant mais ça a doublé en 24h. Là où je suis, dans une ville qui est le poumon économique du pays, on ne recense que 5 cas.

Ici je donne des cours et ils sont tous annulés jusqu’au 20 avril, avec deux semaines d’avance sur les vacances de Pâques. Ce matin je me suis levé comme si je devais les donner, j’avais oublié qu’ils étaient supprimés. Ce qui est étonnant c’est que ce sont d’abord les universités privées qui ont pris la décision de ne pas donner les cours. Le gouvernement réagit derrière. Les Etats-Unis et le Guatemala ont fermé leurs frontières mais pas le Mexique, aucun vol n’est annulé. Le Canada et les Etats-Unis ont rapatrié ses ressortissants, j’ai entendu qu’un Géorgien avait aussi été rapatrié. Pour ceux qui veulent partir, ils doivent parfois changer leur billet et prendre des vols directs car on ne peut plus rejoindre l’Europe en faisant escale aux USA.

Hier dimanche on a reçu un mail de l’ambassade nous disant qu’il nous appartenait de nous organiser si on voulait rentrer. Je me sens un peu oublié. Je ne sais pas ce que je vais faire pour la suite, je suis dans l’attente de la déclaration d’Emmanuel Macron (ce lundi soir à 20h, ndlr). Je vais peut-être quitter cette ville sale et polluée pour rejoindre le Yucatan, je me donne deux semaines pour décider. En attendant j’évite les lieux touristiques et les sorties. Une amie a été engueulée par sa mère pour qu’elle arrête de sociabiliser. Elle lui a dit ‘si tu tombes malade ce sont tes amis qui prendront soin de toi, je ne t’ouvrirais pas ma porte.’

La situation est également inquiétante pour l’économie mexicaine qui vit du tourisme et là on s’approche de la semaine sainte de Pâques et de la période des Spring Break : personne ne va venir, ça va être la catastrophe. »

 

Axel, étudiant à Tours, de retour de Colombie :

« Vu la situation j’ai choisi de rentrer mais ça a été compliqué. J’ai dû prendre un 1er vol Carthagène-Bogota, puis Bogota-Madrid et Madrid-Paris. Les billets coûtaient 2 000€ quelle que soit la compagnie. Quand j’ai été à l’aéroport j’ai vu beaucoup de Français. On était la seule population inquiète, les autres Européens n’ont pas reçu les mêmes informations de leurs gouvernements et ici les Colombiens rient de la situation : ils en sont encore au stade d’appeler ça une grippe et que, de toute façon ils ont vaincu le chikungunia et la dengue donc ça ne leur fait pas peur.

Quand j’ai acheté mon billet, il y avait une grosse différence entre l’état de stress des Français dans la file et le comportement du personnel qui allait à deux à l’heure sans hésiter sur les pauses café. Dans l’aéroport il y avait quelques personnes avec des masques, rien de plus.

A Bogota, aéroport désert et beaucoup d’empathie de la part des commerçants et de la douane quand on leur donne notre destination. J’ai rencontré des Français de retour du Pérou : 3 jours qu’ils galéraient en voyage pour rentrer ! Une fois dans l’avion, on a eu droit à un spray désinfectant aspergé dans la cabine. Une fois à Madrid, 9 personnes sur 10 portaient un masque : un décor radicalement différent de la Colombie. Après l’atterrissage j’ai voulu parler à une dame de l’aéroport à plus d’1m d’elle mais elle m’a engueulé pour que je recule. »

 

Neigeline, originaire de Tours, actuellement à Budapest (Hongrie) :

« Ici il y a encore peu de cas mais cela augmente. J’étais étonnée de n’avoir aucun contrôle en arrivant, ni sanitaire, ni douane. Cela dit les mesures sont visibles : le bar le plus connu et le plus fréquenté de Budapest (Szimpla Kert) a été fermé pour une durée indéterminée car une personne infectée par le virus y aurait passé une soirée. Ce dimanche 15 mars c’était la fête nationale et les manifestations officielles (défilé, marchés locaux, animations) ont été annulés. Les lieux de spectacles et de cinéma sont fermés s’ils accueillent plus de 100 personnes. Je souhaitais participer à une visite de l’Opéra : ce n’est plus possible.

Je ne sens pas les gens spécialement paniqués : quelques personnes qui portent des masques mais c’est plutôt rare. Dans un restaurant, les serveurs avaient des gants. Pas de rayons vides dans les magasins et le coronavirus n’est pas le principal sujet de conversation à l’auberge de jeunesse. Les voyageurs font simplement attention à organiser leurs séjours selon les fermetures de frontières. Je devais rentrer mercredi et je ne pensais pas partir plus tôt mais comme on parle d’un confinement total en France j’ai finalement choisi de prendre l’avion dès ce mardi. »

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