À Joué-lès-Tours, le ping se conjugue au féminin

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Présent depuis plus de vingt ans dans l’élite du tennis de table féminin, le TT Joué-lès-Tours réalise sans doute l’une de ses meilleures saisons. Après un premier titre européen remporté il y a quelques mois, les Jocondiennes reçoivent les joueuses de l’ASRTT Étival (Vosges), mardi 30 mai 2023 à la salle Jean-Bigot, à l’occasion des demi-finales de Pro A dames.

« Quoi qu’il arrive, ce sera une saison exceptionnelle », lâche Claude Bard, entraîneur de l’équipe de Pro A féminine du TT Joué-lès-Tours. Et parmi les plus belles réussites des Jocondiennes cette année, il y a la qualification aux demi-finales des play-offs du championnat. Elles reçoivent les joueuses de l’ASRTT Étival, mardi 30 mai 2023, à l’occasion du match aller. Une rencontre qui, selon le coach, s’avère compliquée. « Il faut dire la réalité des choses, en face c’est une équipe qui joue le haut de tableau depuis cinq ou six ans et qui a déjà été championne de France. Elle est composée de Jieni Shao, une joueuse étrangère très forte, d’Hana Matelova, une joueuse tchèque de plus de trente ans d’expérience, de l’ancien espoir national Marie Migot et d’une jeune joueuse roumaine qui peut impressionnée. Comparée à nous, cette équipe est puissance dix. Nous l’avons déjà perdue mais nous l’avions accrochée. Il faudra que l’on surfe sur notre bonne dynamique du moment », analyse-t-il.

Li He, Claude Bard, Clémence Chevallier, Nolwenn Fort, Audrey Zarif et Hugo Berger après la victoire du TT Joué-lès-Tours face à Schiltigheim (Bas-Rhin), en quart de finale des play-offs de Pro A dames, le 21 mars 2023. (Crédit : Jessica Pain/TT Joué-lès-Tours)

La première montée en Pro A (Superdivision à l’époque) du club de tennis de table de Joué-lès-Tours remonte à 2001. Et il a su, depuis plus de vingt ans, maintenir son équipe fanion dans l’élite, malgré quelques difficultés. L’association sportive a notamment connu deux descentes en Nationale 1, en 2002 et 2013. Mais il faut dire que, depuis la création du club en 1987 (fusion entre l’US Alouette et l’US Joué), les féminines ont une place importante. « C’est vrai que les filles sont au cœur du projet depuis toujours car les meilleurs profils, ceux qui étaient en capacité de performer et d’aller au plus haut niveau, ont toujours été féminins », explique Benjamin Ferré, président du TT Joué. Élisabeth Gladieux, ancienne joueuse jocondienne formée au club, fait partie de ceux-là. « Elle a été le détonateur au niveau de Joué-lès-Tours, qui a essayé de construire un projet autour d’elle, se souvient Claude Bard. Et nous nous apercevons que, dans l’histoire, c’est souvent ce qui s’est passé. Nous sommes d’ailleurs toujours dans les mêmes idées : construire autour des filles de Touraine, du Centre-Val de Loire, une équipe performante. »

Car Benjamin Ferré évoque en effet une réelle volonté de faire éclore des joueuses afin de les faire jouer au plus haut niveau, jusqu’à, pourquoi pas, atteindre l’équipe de Pro A. « L’ancrage territorial a toujours eu une grande importance. Faire des résultats sans aucune fille issue du cru, ça n’a jamais été la politique du club. Cela prouve que l’on arrive à faire de belles choses avec des personnes qui viennent d’ici », commente le président. Nolwenn Fort en est un bel exemple. La jeune femme a commencé le tennis de table à la 4S Tours, avant de muter au TT Joué, il y a près de dix ans. Elle fait aujourd’hui partie des trois titulaires de l’équipe féminine de Pro A, avec Audrey Zarif et He Li. Une place qu’elle a acquise petit à petit, depuis l’arrivée de Claude Bard à la tête du groupe. « La première chose qu’il a fait quand il est arrivé, c’est de la mettre dans l’équipe pro. C’était risqué mais, par rapport à notre histoire et nos valeurs, c’était la suite logique », indique Benjamin Ferré. « Lorsqu’elle est rentrée en Pro B, elle était junior et n°140 française. Elle n’a pas tout de suite été titulaire, elle a commencé petit à petit. Actuellement, elle est n°43 », complète le coach. Preuve de sa progression, la pongiste a également gagné sa première médaille – en bronze – en élite, associée à Lucie Gauthier dans le double dames, lors des championnats de France organisés à Antibes, en mars dernier.

Nolwenn Fort a été formée en Indre-et-Loire, à la 4S Tours puis à Joué-lès-Tours, où elle joue depuis près de dix ans. (Crédit : Jessica Pain/TT Joué-lès-Tours)

« Sécuriser leur pratique »

Au TT Joué, tout est donc mis en œuvre pour que les joueuses puissent performer et atteindre leurs objectifs, aussi bien collectifs qu’individuels. De leur côté, les dirigeants s’assurent que la majorité des filles puisse être sous contrat. Actuellement, Audrey Zarif, Nolwenn Fort et He Li ont ainsi un contrat de travail, quand Clémence Chevallier, quatrième membre de l’équipe, est en convention de formation. L’association sportive collabore par ailleurs avec l’université de Tours pour essayer d’aménager les emplois du temps des étudiantes, afin qu’elles puissent mener au mieux vies scolaire et sportive. « Elles sont encadrées et suivies par le club. Cela permet de sécuriser leur pratique et d’éviter la précarité. Nous parlons de tennis de table, pas de foot, donc, en termes de rémunération, vivre confortablement de son sport, même à haut niveau, ce n’est pas gagné. Si vous n’êtes pas dans les cinquante meilleures mondiales, il faut ramer », affirme Benjamin Ferré.

En ce qui concerne l’aspect sportif, les membres de l’équipe professionnelle bénéficient d’entraînements collectifs. Entre elles mais aussi au sein d’un centre mutualisé avec le pôle espoir régional de Tours et l’équipe première masculine de la 4S Tours. « Cela nous permet d’avoir une diversité et un peu plus de richesse d’entraînement que de s’entraîner à trois ou à quatre. Ça, c’est vraiment un facteur de réussite », certifie Claude Bard. Pour aller plus loin, le coach de 53 ans aimerait aussi que les deux clubs professionnels d’Indre-et-Loire s’associent pour des séances communes, entre les femmes et les hommes. « La mutualisation permet de travailler vers la performance. Je pense que, si nous ne nous ouvrons pas aux autres, nous n’avancerons pas vers la haute performance mais nous ferons seulement de la guéguerre de village. » Les Jocondiennes réalisent également des entraînements individuels. Au moins deux par semaine. « Nous nous recentrons sur leurs aspects personnels. C’est hyper important d’avoir cette relation-là », déclare-t-il. Elles sont également suivies par un préparateur physique et peuvent faire appel aux médecins et kinésithérapeutes du pôle.

Déjà un titre européen et une championne de France

Avant même de jouer sa demi-finale de Pro A dames, l’équipe a déjà accompli une « saison historique ». Les pongistes ont, dans un premier temps, retrouvé le chemin des compétitions européennes, grâce à une wild-card pour l’Europe Cup, le deuxième niveau de la coupe d’Europe. Après un premier tour raté, elles ont été reléguées au troisième niveau. Un mal pour un bien puisque Nolwenn Fort, Audrey Zarif, He Li et Clémence Chevallier, aidées par des joueuses de Nationale 1, ont finalement remporté l’Europe Trophy, en mars dernier. Un premier trophée européen du club, qui marque donc l’histoire du TT Joué-lès-Tours.

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Audrey Zarif de se démarquer, en individuel cette fois. Elle est devenue championne de France, en prenant le meilleur sur Charlotte Lutz (4-2). Cela n’était pas arrivé à une joueuse du Centre-Val de Loire depuis 1947. Sans oublier cette qualification en demi-finale du championnat, pourtant bien mal embarquée après une défaite 3-1 à Schiltigheim (Bas-Rhin) en quart. Les filles ont réussi à inverser la tendance lors du match retour, à la salle Jean-Bigot, remporté sur le même score. Cette qualification leur permet d’égaler la meilleure performance du club, arrivé quatrième de Pro A en 2004.

« Une équipe qui vit et qui a un vécu »

Mais cette réussite n’est pas due au hasard. « Notre avantage, c’est que les filles se connaissent. Elles ont des réactions différentes en fonction des choses mais nous avons une équipe qui vit et qui a un vécu », témoigne Claude Bard. Les trois pongistes titulaires jouent ensemble depuis quatre saisons au moins et ont connu des scénarios bien différents selon les années. D’après Benjamin Ferré, l’équipe a notamment été marquée par la saison 2020-2021, durant laquelle la descente en division inférieure était proche. « Ce sont des événements qui soudent et je ne pense pas qu’elles veuillent le revivre avec autant de tension. D’autant plus que, cette année-là, il n’y avait plus de Pro B. Celui qui descendait allait donc en N1. Il y aurait eu la perte de cette appellation “Pro” qui aurait pu tout remettre en question », se rappelle le président. Et de poursuivre : « Je pense que ça a été le point de départ d’un sacré truc et ce n’est pas étranger à la réussite de cette saison. »

L’arrivée d’Hugo Berger n’est pas non plus à négliger. Celui qui travaille au pôle espoir de Tours épaule Claude Bard depuis maintenant deux ans. « J’ai souhaité séparer le coaching et le capitanat de l’entraînement, raconte ce dernier.Hugo n’est concentré que sur le capitanat. Il manage l’équipe sur le moment présent, lors des compétitions, mais aussi à J-1 ou J+1. Moi, je m’occupe de l’entraînement. J’aide Hugo de loin sur le coaching mais je n’interviens pas à l’instant T. » Avec cette séparation des tâches, le coach estime que la fatigue émotionnelle entraînée par le capitanat est moins forte et que les joueuses peuvent passer plus rapidement à autre chose après un match, notamment en cas de défaite difficile à digérer. « Hugo avait une réelle envie de rentrer dans le haut niveau. Quoi qu’il arrive, le pari est gagné. Il apporte de nouvelles choses. Il est très concentré sur la tactique, le projet de jeu, la vidéo… Ce sont des aspects dont je pouvais moins m’occuper quand je faisais tout », expose l’entraîneur, qui s’est inspiré de certaines équipes allemandes.  

L’équipe première du TT Joué devra réaliser deux rencontres parfaites pour continuer sur cette belle lancée et espérer rejoindre la finale des play-offs. « Pour gagner ce match, il faut que He Li soit au top niveau et réalise ses deux meilleurs matchs, qu’Audrey, qui vient de battre la 59e mondiale aux championnats du monde, continue sur sa lancée, et que la troisième joueuse essaie d’aller chercher un point, détaille Claude Bard. Avec un ou deux points, nous pouvons y croire au match retour (prévu vendredi 2 juin, à 19 h 30, dans les Vosges, ndlr). Si l’on perd sèchement, trois à zéro, ce sera certainement plus difficile. » Mais le coach l’assure : « Si nous ne passons pas, nous serons à notre place. Sincèrement, nous n’avons absolument rien à perdre. » Il ne reste qu’à tout donner, pour ne pas avoir de regrets.

Un degré en plus

Pour assister au match entre le TT Joué-lès-Tours et l’ASRTT Étival, mardi 30 mai 2023, à 19 h 30, salle Jean-Bigot (4, rue Jean-Monnet) : www.helloasso.com/associations/tennis-de-table-de-joue-les-tours Tarifs : 3 € ; gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants.

À noter que l’équipe de Pro B masculine de la 4S Tours joue, quant à elle, la montée en Pro A. Elle recevra, vendredi 2 juin, à 19 h 30, au palais des sports, l’Alliance Nîmes-Montpellier tennis de table, le club des frères Lebrun. Billetterie : www.helloasso.com/associations/4s-tours-tt Tarifs : 8 € ; 6 € pour les moins de 16 ans.

Photo principale : Jessica Pain/TT Joué-lès-Tours

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