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St-Pierre-des-Corps : face à l’inflation, l’espoir de gagner un bon d’achat dans un loto 

Savonnières, Orbigny et Parçay-sur-Vienne le 15 mars ; Crotelles, Draché, Maillé, Montlouis, Neuillé-le-Lierre, Fondettes et Saint-Paterne-Racan le lendemain ; Abilly, Joué-lès-Tours, Bourgueil, Loches, Larçay, La Celle-Saint-Avant et de nouveau Fondettes le dimanche 16. En un week-end, une quinzaine de lotos sont annoncés sur le département d’Indre-et-Loire. Et c’est à peu près comme ça chaque semaine, avec parfois plus de 2 000€ de lots annoncés. Des rendez-vous qui font souvent le plein. Nous avons tenté notre chance.

La salle des fêtes de St-Pierre-des-Corps n’est pas complète mais on y compte environ 200 personnes. Ce vendredi l’USSP Rugby y organise un loto afin de récolter des fonds pour financer les activités du club, en particulier l’école des enfants et les déplacements sur les matchs à l’extérieur. Un carton coûte 3€, et il faut compter 20€ pour un lot de 10 cartons + 1 gratuit. Attention à la subtilité : les cartons verts sont vendus à part car ils comptent pour une partie spéciale. Si, comme nous, ça fait plus de 20 ans que vous n’avez pas mis les pieds dans un tel événement vous risquez de vous y perdre un peu. D’autant qu’une myriade de nouveaux jeux ont également fait leur apparition. Ici, le « jeu du téléphone » et une sorte de tombola avec des gratte-gratte.

Résultat : la facture peut monter assez vite. Dans la salle, la plupart des personnes présentes ont au moins une demi-douzaine de cartons devant elles. Beaucoup sont en place avec leurs jetons en métal et l’ustensile aimanté qui permet de les ramasser en fin de partie : on reconnait celles et ceux qui ont l’habitude, et ils sont en majorité. La preuve : les organisateurs avaient oublié de prévoir les jetons en papier pour les novices sur la table d’accueil. Il a fallu aller les chercher en coulisses pour que l’on puisse s’équiper.

Autre preuve qu’on ne vient pas dans un loto par hasard : un tiers des tables est consacré aux réservations. Evidemment, ce sont celles qui sont situées au plus proche de la scène. Des tables recouvertes d’affiches pour d’autres lotos. La salle des fêtes corpopétrussienne en accueillera un autre dès le 30 mars, puis encore un le 19 avril. Toutes les trois semaines, donc. Un bon rythme.

Outre les jetons, une bonne partie du public a amené son pique-nique. Chips, sandwichs et bouteilles de sodas. La soirée s’annonce longue : ouverture des portes dès 19h15, début des jeux à 20h30, et fin à une heure avancée de la nuit avec des pauses pour faire fonctionner la buvette qui propose jambon-beurre ou cupcakes (plutôt bons, d’ailleurs). Ce soir, les nombreux enfants présents veilleront tard. Car, oui, on vient pas mal en famille pour ce loto de l’USSP. Ou entre amis. La moyenne d’âge est élevée, mais la jeunesse plutôt représentée.

On a joué le jeu et on a pris 11 cartons. Chacun comporte 15 chiffres, entre 1 et 90. Pour gagner il faut remplir une ligne, deux lignes ou toutes les cases selon le lot annoncé. Ce n’est qu’après deux ou trois cadeaux que l’on enlève ses jetons. On peut donc très bien rater un présent à un numéro près mais se refaire dans la foulée si les bons numéros sortent. D’ailleurs, ce soir, c’est un nouveau boulier qui est inauguré. Le public est invité à le vérifier avant le début de la partie. Et toute la soirée, des bénévoles arpentent les tables pour surveiller ce qui se passe. Les cartons ont également reçu un tampon spécial pour éviter la triche, comme une personne qui aurait gardé un carton de l’an dernier.

On se méfie, donc. « Mais dans l’ensemble ça reste bon enfant » confie l’animateur Pascal, expert des lotos qui travaille également sur tout type d’événements (le samedi, il était mobilisé sur le concert de Patrick Bruel au Parc Expo pour Cheyenne Production). Ce soir, il est un peu déçu de l’affluence. « Certains lotos attirent facilement 4 à 500 personnes » commente-t-il. Pourquoi tant de succès ? Selon lui, l’espoir de repartir avec un bon d’achat. Ils constituent l’essentiel des récompenses de la soirée : 40€ chez Les Bouchers à La Ville-aux-Dames, 100€ chez Intersport à Tours-Nord, 70 ou 200€ chez Leclerc La Ville-aux-Dames… Promocash, Family Park ou le Zoo de Beauval sont également partenaires de l’événement : la cible est clairement familiale avec des enseignes généralistes chez qui les participants ont potentiellement leurs habitudes.

« Maintenant les gens cherchent des bons d’achat en priorité. Avant on avait beaucoup d’électroménager mais ils se retrouvaient parfois avec 2 sèche-linges ou 3 cafetières et ne venaient plus aux lotos » poursuit Pascal. D’ailleurs, cette année, les plus grosses récompenses ont été divisées, permettant de les utiliser en plusieurs fois : par exemple en faisant plusieurs pleins de courses alimentaires. Une adaptation au contexte économique… Ici, on vient clairement dans l’espoir d’un coup de pouce pour améliorer le quotidien.

Après un long concert de reprises avec Brel, Céline Dion ou Trois Cafés Gourmands c’est l’heure d’expliquer les règles. Les personnes ayant un 8 sur leur carton sont avantagées : le numéro est offert toute la soirée parce qu’on est le 8 mars. La règle devra être réexpliquée à plusieurs reprises après des questions de salle. De notre côté on en a un donc on le recouvre d’un jeton. S’ensuit le premier tirage pour gagner une valise. Il suffit d’une ligne. On remarque vite qu’il y a des traditions : on crie « Ola ! » quand le 90 sort, ou « Cacahuète ! » pour le 17. Certains glissent un « V’la les flics » pour le 22, ou « Avec un peu d’eau » pour le 51 (vous avez la référence ?).

Il faut compter à peu près 20 minutes par partie, c’est-à-dire pour aller jusqu’au carton plein. Quand on gagne il faut crier et en cas d’égalité on fait tirer un numéro dans le sac : le plus gros l’emporte, le ou les plus petits repartent avec une bouteille en guise de lot de consolation. Et les gains multiples sont fréquents. Même si ça reste bon enfant, on sent que ça s’agace un peu parfois. Une règle confuse, un numéro qui ne sort jamais, une personne qui gagne deux fois de suite… Il arrive que ça râle un peu. « Ça chauffe ? » demande régulièrement Pascal quand il s’agit de remplir tout un carton, invitant même les personnes qui n’ont plus qu’une case vide à se lever.

Clairement, on se laisse prendre au jeu. On sent monter un petit stress de temps à autre, alors qu’en vrai il nous reste encore 4 cases vides. A la fin, on finit par savoir que le 50 on ne l’a pas, le 1 non plus. On ne cherche plus. On s’emmêle aussi : le 22 on l’a, ou pas ? Quand le 17 sort pour la première fois, notre voisin commente : « Enfin ! Il était coincé j’sais plus où celui-là ! » Le même s’amusera un peu plus tard de l’enjeu pour un gros lot : « Tellement c’est chaud, mon carton il fume ! » Mais il ne gagnera pas, tout comme nous. « Comment ils font ? » interroge-t-il en rhétorique en observant les cadeaux partir à droite ou à gauche. Dans tous les cas, ce soir, le loto aura apporté du bonheur ou de l’espoir au milieu d’un début de week-end avec grisaille et bruine.

Preuve que l’enjeu réchauffe les cœurs : les manteaux que certains conservaient au début sont vite tombés. La fraîcheur de la salle a vite été compensée par la chaleur de l’événement. Une soirée bon enfant où l’on vient avant tout pour le plaisir de jouer en communauté.

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