Zofia Rydet : le répertoire du quotidien d’une Pologne révolue

Facebook
Twitter
Email

Moins connue que Vivian Maier ou Sabine Weiss, précédemment à l’honneur au château de Tours, la photographe polonaise Zofia Rydet est actuellement à l’honneur dans le cadre d’une exposition retraçant son travail nommé « Répertoire, 1978-1990 ». Une nouvelle très belle exposition proposée par le Jeu de Paume qui plonge le visiteur dans une Pologne du quotidien, lors de la dernière décennie de la période communiste.

Photographe méconnue, Zofia Rydet a laissé avec son projet « répertoire sociologique », un riche témoignage de plusieurs milliers de photos archivées. Un travail qui est mis en lumière jusqu’à fin mai au château de Tours. Et si une petite partie seulement est ici exposée (environ 300 photos), elle est néanmoins suffisante pour saisir ce qui a animé la photographe durant les trois décennies passées à sillonner les villes et villages de Pologne : la volonté de partir à la rencontre de la population et d’en revenir avec un fonds documentaire témoignant d’une époque.

ZofiaRydet_02Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Un travail répétitif avec pour objectif de capturer la société telle qu’elle est au moment du déclenchement, sans artifices. Avec toujours la même méthode, Zofia Rydet se déplaçait ainsi dans les villes et villages et frappait aux portes, entrait chez les hôtes, et plaçait ces derniers au centre de leur intérieur pour les photographier de face, avec un grand-angle et un flash puissant faisant ressortir les détails décoratifs les entourant. « Le but était de dépeindre de façon fidèle les gens dans leur cadre quotidien, au milieu de l’univers qu’ils se créent, univers qui, plus qu’un simple décor de leur environnement immédiat – l’intérieur de leur maison –, dévoile également leur psyché. », expliquait la photographe.

ZofiaRydet_06Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Les détails capturés apportent toute la richesse de ce travail documentaire extrêmement fourni. Passé la première impression de monotonie de la succession de clichés identiques, on découvre alors toute la richesse et la diversité d’une société polonaise, plutôt modeste pour le coup, mais aussi son évolution au fil des années et des générations capturées par l’image. Chaque photo raconte ainsi une histoire, celle de l’habitant mais aussi celle de la Pologne avec ses changements de la fin du XXe siècle. On voit au fil des photographies les décors intérieurs des habitats évoluer et le mélange des cultures s’épaissir avec la pénétration de la culture de masse occidentale. Des intérieurs traditionnels des familles avec leur lot de tissus fleuris, de toiles cirées et de décors que certains qualifieraient aujourd’hui de folkloriques, se succèdent des images des adolescents polonais des années 80 avec des posters de Mickael Jackson ou Bruce Lee aux murs. Des intérieurs privés reflets de l’évolution de modes de vies que la photographe a capturé volontairement avec la plus grande neutralité possible et sans volonté d’interprétation.

zofia rydet4Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Cette exposition composée de trois séries distinctes « Répertoire sociologique », « Professions » et « Femmes sur le pas de la porte », série par laquelle « Rydet a voulu souligner la force et le charisme des femmes rencontrées ainsi que leur sens des responsabilités envers les autres membres de la famille » nous explique-t-on. Un témoignage laissé par la photographe tel un véritable travail sociologique par l’image qui nous plonge dans une Pologne méconnue, alors en pleine transition.

zofia rydet1Zofia Rydet Courtesy Fondation Zofia Rydet. © Musée d’Art Moderne, Varsovie, Pologne

Un degré en plus :

> A voir jusqu’au 28 mai, au château de Tours. Ouvert du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h. Tarifs : 3 € ; 1,50 €.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter