Une épave du XVIIIe siècle retrouvée en Loire

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Découvert à l’été 2015 à moins de deux mètres de profondeur, ce chaland qui descendait la Loire vers Nantes s’est fracassé du côté de Langeais (Indre-et-Loire) laissant au fond de l’eau une exceptionnelle cargaison militaire. 

fig-3-620x465Virginie Serna explore une roue de caisson à munitions. Photo Ph. Jugé © PCR Épaves et naufrages.

Virginie Serna n’est pas de ces archéologues qui courent après le scoop de leur vie. Mais quand un batelier l’informe de sa découverte, elle ne peut cacher sa joie. « Ce genre d’épaves est très difficile à trouver : quand un échouage intervient, elles sont tout de suite retirées de l’eau pour ne pas obstruer la navigation ». Celle-là, par chance, y est restée…

C’est à la faveur d’une baisse importante des eaux de la Loire à l’été 2015, que l’épave se dévoile. Notamment le bordé et les membrures. « C’est un chaland de Loire du XVIIIe, unique en région Centre, explique Virginie Serna, conservatrice en chef du patrimoine au Ministère de la Culture et archéologue subaquatique. En fait c’est le dernier bateau d’un train de six qui s’est fracassé en 1795 en butant sur des pieux alors qu’il descendait vers Nantes après une escale à Orléans ».

Un trésor au fond de l’eau

Disloquée mais dont l’ensemble reste compréhensible, l’épave va vite apparaître aux yeux de l’équipe du projet collectif de recherches ‘Epaves et Naufrages en Loire’ comme une découverte exceptionnelle : non seulement pour la première fois une épave est retrouvée en Loire avec encore une partie de sa cargaison mais on arrive à mettre la main sur le procès-verbal du naufrage. « Un naufrage sans victime dont la cargaison, qui s’effiloche sur 900 m en aval, est à la fois civile et militaire, poursuit Virginie Serna. Tout a disparu ou a été récupéré par les marins comme des pots de parfums, des savons, des crèmes, des partitions de musique, du sucre, du tabac… Reste ce qui est lourd au fond de l’eau : des boulets de canon et des caissons à munitions en pièces détachées ».

fig-6-620x465Des boulets concrétions ont été découverts en place sur le site. Photo Ph. Jugé © PCR Épaves et naufrages.

Menace de pillages

Échouée dans toute sa longueur dans le chenal actif de la Loire, l’épave allait cependant vite attiser curiosité et convoitise. Aussi face aux pillages naissants, une fouille programmée est alors rapidement mise en place sur trois ans pour protéger l’épave et mener une première expertise avec le service régional de l’archéologie. Feu vert donné par la préfecture et la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Ainsi l’aventure historique, scientifique et archéologique allait pouvoir démarrer pour les 22 membres de l’équipe « dont des géomorphologues de l’Université de Tours », souligne Virigine Serna. Son but ?
Comprendre l’architecture de l’épave, sa cargaison et la modification du paysage fluvial. Des études qui livreront leurs résultats en 2018. Le public pourra alors découvrir une maquette en bois du chaland autour d’une exposition au Musée de la Marine de Châteauneuf-sur-Loire et profiter de journées d’étude organisées dans la Région.

Bientôt un « sanctuaire » archéologique ?

Mais pour amener le public à éduquer son regard et à être sensible au respect d’un site de naufrage, Virginie Serna compte aller encore plus loin, au-delà de la pédagogie : « Je voudrais mettre en place une réserve archéologique autour de l’épave car le chaland ne sera pas sorti de l’eau, ce serait beaucoup trop onéreux et de plus l’épave est incomplète. Faire comme un ‘sanctuaire’ archéologique à découvrir mais pas à piller, pour transmettre la vigilance vis-à-vis du patrimoine ligérien ».

Estelle Boutheloup
Photo de Une : Épave de Langeais (37) en 2014. Le bordé et les membrures sont encore assemblés dans la partie amont. Langeais, Bel-Air, 2014. Photo P. Jugé © PCR Épaves et naufrages.

Sur la navigation de Loire au XVIIIe siècle: http://www.magcentre.fr/109171-un-pave-dans-la-loire-la-memoire-du-commerce-negrier/

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