Signes des Temps #56 Retour rue de la Scellerie (ou pas)

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Le pitch : « Signes des Temps » ce sont des images chassées par notre journaliste Laurent Geneix dans les rues, les bâtiments et les chemins de la Touraine ; des traces laissées par l’Homme pour l’Homme, parfois très claires, parfois très floues, violentes, commerciales et/ou drôles, mais toujours signifiantes – que ce soit grâce à des mots, des dessins ou des symboles – et potentiellement visibles par tous.

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Je reviens. Je suis parti me radicaliser, retour dans 30 minutes.

Je reviens. Les doigts tachés. Je suis allé recouvrir de mes tags (gratuits) la peinture blanche (payante) qui a recouvert les tags (gratuits) qui avaient recouvert les graffs (payants) qui avaient recouvert les tags (gratuits) qui avaient recouvert la peinture blanche (payante) qui avait recouvert les tags (gratuits) qui avaient recouvert la belle palissade immaculée (payante) des travaux de la place Anatole France à Tours.

Je reviens. La queue entre les jambes. Je suis parti taper la bise à Saint-Martin – «L’homme qui valait un million cinq» – puis je lui ai chopé les testicules et je lui ai chanté : «T’as un blouson, mecton, l’est pas bidon, viens faire un tour dans la ruelle, j’te montrerai mon Opinel et j’te chouraverai ton blouson !», mais comme il faisait 37 degrés plus deux, il l’avait laissé chez lui, son blouson. Je me suis retrouvé comme un con. Je lui ai dit : «Lèche Radio Béton».

Je reviens. C’est mieux que «je reviens dans 5 minutes» parce que tout le monde sait que c’est un piège à con, que parfois le mot reste six mois sur la porte et qu’attendre 5 minutes pendant six mois c’est attendre 52.704 fois, ça fait beaucoup. Alors que «je reviens», c’est pas vulgaire comme «La boutique sera fermée du 1er au 22 août», c’est pur, c’est sobre, c’est flou, ça laisse pantois, c’est beau, ça ne mange pas de pain, ça ouvre un magnifique champ des possibles… Bref : c’est du putain de street-art de compétition.

Je reviens. Je suis las donc je ne suis plus là, j’ai besoin d’air donc je le prends, je file sur le Pont de Fil car j’ai rencard à Aucard. Je tombe sur les Colette, je m’arrête, ce n’est pourtant pas dans mes rabbitudes, mais je pose finalement un beau lapin à la damoiselle.

Je reviens. C’est souvent ce qu’on dit dans la haute société quand on a envie de pisser et que même dire «j’en ai pour un instant» peut paraître vulgaire car ça laisse imaginer qu’on ne prendra pas forcément une minute de plus pour se laver les mains après le méfait.

Je reviens. «J’espère bien que tu reviens, tu as le loyer de ta boutique à payer, de la marchandise à réceptionner, des habitués à satisfaire, du chiffre d’affaire à faire pour faire marcher ton frigo (et accessoirement le remplir). Te sers pas de la canicule pour nous la faire à l’envers : reviens !»

Je reviens. Jusqu’au jour où je ne reviens pas, où je n’en reviens pas, où l’insolation m’a assommé, où l’altérité m’a happé, où la fatigue m’a englouti, où la mollesse cervicale l’a définitivement emporté, où le pouvoir d’attraction de la terrasse de café à l’ombre a fini par estomper toute trace d’ombre de velléité de pragmatisme et de responsabilité.

Il fait chaud, la vache.

Un degré en plus

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