Marisol Touraine : la pierre dans la chaussure du PS… et de « En Marche ! »

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Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ancienne Ministre de la Santé, Marisol Touraine, commence sa campagne législative de manière tonitruante. Conspuée par une partie importante du Parti Socialiste tourangeau, tenue à distance par les macronistes d’Indre-et-Loire, elle bat désormais seule le pavé de la troisième circonscription avec un cercle de fidèles. Aujourd’hui sa candidature est synonyme de colère et de trahison pour les militants et certains élus du parti à la rose.

« Je suis en colère car on a investi une candidate PS pour les élections législatives ! ». Les mots de l’élue municipale de St-Pierre-des-Corps, Ouassila Soum, sont directs. La candidate en question est bien Marisol Touraine. Attendant le dernier moment et la clôture des inscriptions vendredi soir dernier, laissant planer un large doute sur sa fidélité à un parti qui lui a tout donné, l’ancienne ministre a choisi le camp d’Emmanuel Macron. La manœuvre habile de Marisol Touraine avait pour but d’éviter un candidat PS face à elle si elle choisissait le parti de la majorité présidentielle « La République En Marche ! » (LREM). Pourtant chez les socialistes, on appelait de ses vœux à une candidature face à elle. Hésitant, ne sachant quoi faire, les socialistes se sont laissés abuser semble-t-il. Franck Gagnaire, le secrétaire fédéral-adjoint se dit « déçu du ralliement à Emmanuel Macron », alors que d’autres comme Ouassila Soum ou Lionel Jeanjeau de St-Avertin mais aussi plus de cinquante signataires ont pris leurs responsabilités en dénonçant publiquement à l’occasion d’un communiqué de presse lundi soir, l’attitude ambigüe de Marisol Touraine.

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« Oui c’est une opportuniste !!! il faut dire la vérité aux gens ! » (O. Soum, élue socialiste)

A voir le dépliant de campagne et l’affiche officielle de Mme Touraine, on peut s’interroger où Marisol Touraine se situe désormais. Exit le logo du PS sur les documents de candidature. C’est avec le slogan « candidate de la majorité présidentielle avec Emmanuel Macron » en dessous du visage souriant de l’ex-ministre que celle-ci part en campagne. « J’appelle à boycotter la candidature de Marisol Touraine », pour Ouassila Soum la pilule ne passe pas. Alors quand on l’interroge sur l’opportunisme de circonstances de la ministre, la réponse fuse : « Oui c’est une opportuniste !!! il faut dire la vérité aux gens ! ». En lisant le 4 pages de la candidate, on apprend que son mandataire financier n’est autre que l’ancien président du Conseil Départemental, le socialiste Frédéric Thomas devenu depuis Inspecteur de l’Administration de l’Education Nationale et vu hier soir à la réunion publique de… Jean-Patrick Gille. Il y a de quoi y perdre son latin pour le militant socialiste tourangeau.

« Je ne suis pas En Marche !, je suis socialiste… » (Marisol Touraine)

Hier soir, Marisol Touraine tenait une réunion publique à St-Pierre-des-Corps justement. Une douzaine de curieux avaient fait le déplacement. Juste avant de prendre la parole, Marisol Touraine est prise à part par l’une de ses proches. Discussion discrète certainement pour faire passer les messages à destination des médias présents. Il faut dire que les journées depuis vendredi ne sont pas de tout repos. Hier en fin d’après-midi, nos confrères de France Bleu annoncent que le PS 37 par la voix de Francis Girard demande l’exclusion du parti socialiste de Marisol Touraine. On apprend par un proche de l’ex-ministre que celle-ci lors de sa déclaration de candidature à la préfecture a bien coché la case « Parti Socialiste » sur son dossier officiel. Hier soir, elle a voulu être claire : « Je suis une femme de gauche, je suis socialiste ». Alors pourquoi aucune référence sur ses documents de campagne et affiche au parti à qui elle doit sa carrière politique, elle la fille de l’éminent sociologue Alain Touraine ? La ministre redevenue pendant un mois candidate se justifie : « La question est simple pour moi ! Est-ce que l’on se positionne dans la majorité ou dans l’opposition ? ». « Moi, je fais le pari de la confiance ! ». Et de confiance, elle va en avoir besoin car Marisol Touraine est isolée et embarquée dans des paradoxes et une position d’équilibriste dangereuse. « Je m’interdis le choix de l’échec et les positions de certains relèvent de la politicailleries » ajoute-t-elle. En bruit de fond à cette réunion presque intime, les Tam-Tam d’une école de musique, un étage plus bas, rythment les paroles de celle qui veut être « dans une position constructive et une démarche de confiance ». Elle exprime aussi un regret à posteriori : « que le président de la République (F. Hollande) n’est pas exposé de façon plus claire les enjeux et les objectifs ». Une femme dans le public lui pose alors une question : « Madame, qu’est-ce qui vous rend fière d’être dans la majorité présidentielle ? », la ministre lui répond « je ne suis pas En Marche !, je suis socialiste… ». Silence.

« Le louvoiement de Marisol Touraine a été efficace » (L. Jeanjeau)

Du côté des socialistes de la troisième circonscription, celle où se présente Marisol Touraine, pas question de la soutenir. C’est la candidate des « Verts », Marie-Agnès Peltier, qui aura leur adhésion. Pour Lionel Jeanjeau, « Le louvoiement de Marisol Touraine a été efficace, elle n’a levé l’incertitude la concernant que vendredi après 18h et la fin de dépôt des candidatures pour affirmer qu’elle était une candidate En Marche ! ». Sur la commune de St-Pierre-des-Corps, les socialistes corpopétrussiens soutiendront les candidats PC et Gauche Insoumise. Lundi matin, le premier socialiste de France, Jean-Christophe Cambadélis a été interrogé par Patrick Cohen sur France Inter à propos du slalom en règle de Mme Touraine. Le patron des socialistes a minimisé. Embarrassé le premier secrétaire du PS ? c’est sûr. Il doit sauver le Titanic socialiste. Le cas de celle qui n’a pas fait campagne pour Benoit Hamon attendra. Mais derrière les problèmes internes des socialistes au niveau national et local, il y aussi la méthode du clan « Touraine ». Faire pression sur certains membres et militants socialistes du département pour qu’ils acceptent la gageure. Affaire à suivre donc.

A droite, on assiste à la comico-tragédie. Dans la troisième circonscription, la candidate investie UDI-LR, Sophie Auconie, pourrait avoir un boulevard pour l’emporter car difficile de voir le temps revenir au beau pour Marisol Touraine. Seulement voilà, le dissident maire LR de Loches, Marc Angenault, pourrait être malgré lui, la chance de M. Touraine. Une responsabilité en cas de victoire de l’ex-ministre de la santé qui sera lourde à porter le soir du 18 juin. Si jamais… A moins que de part et d’autre, la raison l’emporte.

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