Le Petit Faucheux, salle de jazz et plus encore.

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Tout le mois d’août, nous vous proposons un Best-of des articles publiés depuis septembre dernier. Aujourd’hui retrouvez cet article sur Le Petit Faucheux, publié initialement en avril dernier.

Son nom parle pour lui-même : Le Petit Faucheux, trois petits mots installé dans le paysage des Tourangeaux comme une institution. Même si beaucoup n’ont jamais franchi la porte de la salle de la rue Léonard de Vinci, le nom parle à tout le monde, comme celui d’un patrimoine local, d’une plante rare, d’un joyau culturel un peu obscur. Mais derrière ce nom, le Petit Faucheux c’est une structure vivante, gérée par neuf employés, qui accueille des concerts évidemment, mais qui a également son propre centre de ressources et qui organise des actions culturelles tout au long de l’année.

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La Touraine, terre de Jazz

A la tête du Petit Faucheux depuis 2009, la directrice Françoise Dupas reconnait avoir été surprise à son arrivée en Touraine de l’image positive de la salle à Tours : « A Tours tout le monde connaît la salle. C’est surprenant quand on arrive parce que ce n’est pas comme cela ailleurs. La région est une véritable terre de jazz, avec beaucoup d’acteurs comme Jazz Région Centre ou Jazz à Tours, des évènements importants comme Jazz en Touraine, ou le festival Emergences. Il y a également une chaire de jazz à la fac de musicologie, il n’en existe que trois en France ».

Le jazz une musique élitiste ?

« C’est vrai que le jazz a l’image d’une musique du passé, pourtant c’est une famille musicale vivante, diverse et variée » nous répond Françoise Dupas quand on évoque l’image qu’a le jazz auprès du grand public. Une image de musique ancienne cumulée bien souvent à tort à celle de musique élitiste qui fait que beaucoup de Tourangeaux n’osent pas franchir les portes du Petit Faucheux. « Ce qui est marrant c’est qu’au départ c’était la musique des pauvres, des noirs. Aujourd’hui sa réputation est celle d’une musique bourgeoise » explique la directrice avant de poursuivre : « Nous avons une volonté d’ouverture en lien avec l’histoire du Petit Faucheux qui défend depuis ses origines le jazz contemporain, les musiques improvisées, la recherche de création et les jeunes artistes. Le jazz est une musique accessible et nous voulons le prouver. Au niveau tarifaire, notre ticket d’entrée moyen à l’année n’est d’ailleurs que de neuf euros ».

IMG_2894Guichet d’accueil

Des choix qui s’avèrent payant selon elle, avec un taux de remplissage et un nombre de spectateurs qui augmentent chaque année. Une volonté d’ouverture qui se traduit également par la délocalisation de plusieurs concerts à l’année hors des murs de la salle tourangelle. La programmation du Petit Faucheux s’exporte ainsi pour des concerts à la guinguette de Tours, dans les médiathèques ou encore au festival Chinon en Jazz organisé par l’équipe… du Petit Faucheux. Au total, à l’année, c’est une quarantaine de concerts qui est organisée dans la salle tourangelle, mais un total de 90 manifestations si on ajoute ceux organisés ailleurs.

IMG_2872Les loges du Petit Faucheux

Le Petit Faucheux une SMAC ?

Musique vivante et actuelle donc le jazz ? C’est en tout cas sous le label de « musiques actuelles » que le jazz et les musiques improvisées sont répertoriées par le Ministère de la Culture et de la Communication. Pour Françoise Dupas, « le terme « musiques actuelles » est un mot-valise, une appellation purement ministérielle« . Malgré tout il permet au Petit Faucheux d’être labéllisé en tant que salle des musiques actuelles, les fameuses SMAC. Ce label est important parce que « cela montre que l’Etat approuve notre travail avec la mission de découverte et d’aide à la création » explique-t-elle.

IMG_2888Hall d’accueil

Une SMAC c’est quoi ?

Au risque de nous répéter, le sigle SMAC correspond, depuis 1998, à un dispositif du programme du Ministère de la Culture et de la Communication pour la valorisation et la diffusion des musiques actuelles. Il désigne une convention entre les établissements et les partenaires publics (Etat et Collectivités Territoriales), sur une période triennale.

Le label SMAC est fixé par un cahier des charges (A voir ici) qui impose à la salle de développer une activité de diffusion et de production, avec une programmation ouverte à la scène musicale émergente locale et régionale. Elle doit également mettre à disposition du public un dispositif d’accompagnement professionnel et des espaces de répétition. La mise à disposition d’un centre de ressources est également demandée. Enfin, un effort important doit être fait pour aller à la rencontre des publics par le biais d’actions culturelles. En échange, l’Etat et les collectivités territoriales versent une aide au fonctionnement.

Aujourd’hui environ 150 salles ont obtenu ce label en France. Parmi elles cinq en région Centre : Le Chato’do à Blois, Les Bains Douches à Lignières (dans l’Indre), L’Astrolabe à Orléans, le Temps Machine à Joué-les-Tours et donc le Petit Faucheux à Tours. En France, six SMAC « Jazz et musiques improvisées » existent. Le Petit Faucheux en est la plus importante avec ses 200 places.

La partie immergée de l’iceberg : Le centre de ressources et les actions culturelles

IMG_2878Documents du centre de ressources

Lors de notre visite, Florence Prioux, en charge de la communication du Petit Faucheux, nous montre le centre de ressources, géré par une documentaliste et ouvert au public. Un centre de ressources important avec une centaine d’ouvrages sur le jazz et les musiques actuelles, 2000 numéros de périodiques, des revues spécialisées mais aussi 3000 CD. Un lieu permettant également de découvrir l’histoire du Petit Faucheux, nous explique-t-on ou encore d’écouter certains concerts qui se sont déroulés au Petit Faucheux depuis 1996, ainsi que des albums et démos des musiciens passés par la salle.

IMG_2879Documents du centre de ressources

Le Petit Faucheux : un peu d’histoire

Ouvert en 1983, par Michel Audureau, Le Petit Faucheux était à l’origine un café-théâtre du Vieux-Tours, situé rue des Cerisiers. En 1987, sous l’impulsion de Bernard Aimé, le lieu d’une cinquantaine de places se métamorphose en club de jazz. Dans son coin, Le Petit Faucheux va gagner petit à petit ses lettres de noblesse pour devenir la scène jazz de référence en Indre-et-Loire et trouver l’appui des collectivités.

En 2005, alors qu’il est à l’étroit dans sa salle historique, la ville de Tours propose au Petit Faucheux de s’installer dans l’ancien Théâtre Louis-Jouvet alors rénové et bénéficiant de 200 places. Un lieu qu’il occupe toujours aujourd’hui.

IMG_2892Bar d’accueil

Un autre volet primordial dans le travail effectué par l’équipe du Petit Faucheux se trouve dans les actions culturelles. Depuis cinq ans, c’est Isabelle Boulanger qui en a la charge. Cette dernière nous explique que son travail repose sur une volonté de sensibilisation et d’ouverture vers les publics.

Parmi les publics concernés par ces actions, Isabelle Boulanger évoque le public jeune. Le Petit Faucheux travaille en effet avec les crèches de la ville, avec notamment l’accueil de ce jeune public lors de deux ou trois spectacles ou encore avec des séances sur l’expérimentation musicale. Les écoles primaires sont également intégrées au programme des actions culturelles avec par exemple la mise en place de parcours musicaux pour trois classes de Tours. Des parcours musicaux mis en place sur une année complète en partenariat avec Sébastien Boisseau, musicien associé au Petit Faucheux.

Sans être exhaustifs, parmi les autres publics sensibilisés par les actions culturelles on note également les relais sociaux comme l’association Cultures du Coeur avec qui Le Petit Faucheux organise les sessions Un salon 2 musiciens. On peut évoquer également des actions par le passé à la prison de Tours ou encore des débats-rencontres organisés avec des musiciens…

Au total, Isabelle Boulanger met en place une dizaine d’actions culturelles par année, de quoi toucher « au sens large 2000 à 3000 personnes » nous dit-elle. Des actions culturelles qui sont ainsi loin d’être anodines mais qui pourtant ne sont pas forcément mises en avant comme elles le devraient. « C’est très compliqué de mettre en avant ce volet, de communiquer dessus, parce que c’est un travail de fourmi. Chaque action touche un public précis » avance notre interlocutrice.

Un budget à la baisse

Petit Faucheux

En plus de la diffusion de concerts, Le Petit Faucheux mène ainsi un véritable travail de fond auprès de la population. Un travail primordial mais difficilement rentable. Quand nous abordons avec un peu de provocation cette question avec la directrice Françoise Dupas, celle-ci réagit immédiatement : « On ne peut pas être rentable. Quand j’entends ce discours, je réponds souvent : Est-ce qu’on demande à une bibliothèque de l’être ? Non évidemment. Tout est une question de service public et d’intérêt général, de savoir ce qu’on veut pour notre société ».

Avec un budget financé à hauteur de 80 % par les collectivités, Le Petit Faucheux est malgré tout confronté aux difficultés budgétaires et à la baisse des dotations et des subventions. « Cela oblige à réfléchir, à trouver des solutions en réduisant certaines charges de fonctionnement par exemple ».

En revenant sur l’importance des actions menées, Françoise Dupas conclut : « Je crois que ce qu’on fait a une valeur et une richesse intellectuelles. Cela doit susciter la curiosité, l’éveil de l’esprit et favoriser ainsi le vivre ensemble et le partage, c’est essentiel ».

Crédits photos : Mathieu Giua pour 37°

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