Le Bateau Ivre : histoire d’un naufrage évité.

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Comme un chewing-Gum collé sous la chaussure ou un sparadrap au bout du doigt, le dossier du Bateau Ivre a été une patate chaude entre l’ancienne et actuelle municipalité. En s’invitant dans la campagne des municipales de 2014, le dossier « culturel » de ces élections qui ont vu la victoire de Serge Babary était une affaire épineuse pour les nouveaux élus. La conférence de presse donnée vendredi dernier vient sceller définitivement le sort du bâtiment de la rue Edouard Vaillant mais pas son avenir…

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« C’est l’aboutissement d’une action et d’une réflexion concrète » : C’est en ces termes que Serge Babary, maire de Tours, ouvre son propos à la conférence de presse de vendredi dernier. L’invitation de la presse à venir voir autour de la table le collectif « Ohé du Bâteau » et le maire de Tours accompagné de son adjointe Alexandra Schalk-Petitot était une belle mise en scène visant à montrer que les rancœurs d’hier ont laissé place au dialogue et au consensus. Il faut dire que la mairie et le collectif partaient de loin. Finies les tensions, les rassemblements visant au rapport de force ou les réunions du collectif où la mairie pouvait être sifflée… Ce vendredi, au 5ème étage, c’était bien la concorde qui l’emportait autour de la grande table de conférence. Au cœur de cette « détente », l’adjointe au Maire, Alexandra Schalk-Petitot, discrète comme élue mais qui a pris à bras le corps le dossier « Bateau ». En tant qu’élue responsable de la SEMIVIT, propriétaire du bâtiment abritant la célèbre salle de concert, elle était donc la première concernée. Puis en face, le collectif aux 1700 sociétaires avec comme figures de proue, Franck Mouget et Claude Bourdin. Alors de là à dire que ce dossier était éminemment politique, il n’y a qu’un pas.

Le dossier « Ohé du Bateau » devenait chaud…

La mansuétude a donc aussi donné la lumière d’une solution. Serge Babary se souvient : « Quand j’ai rencontré « Ohé du Bateau, je me souviens que le collectif était attaché au lieu. A partir de là, j’ai changé d’appréciation ». Un mea culpa à l’honneur du premier magistrat de la ville. Mais avait-il le choix ? Après l’affaire Cano Lopez et le Château du Plessis, après les accusations discrètes mais terribles pour l’image de privilégier certains lieux plus que d’autres avec des subventions plus que raisonnables, le dossier « Ohé du Bateau » devenait chaud. Certains dans les couloirs de la mairie s’amusaient du financement participatif que voulaient lancer Franck Mouget et sa troupe, on pouvait même entendre « ils n’y arriveront pas… ». Et puis, il y a eu les élections régionales de décembre dernier avec la victoire inattendue de la gauche menée par François Bonneau. A peine réinstallé dans son fauteuil de Président, cet élu du Loiret sort le carnet de chèque. 100 000€ pour sauver le Bateau Ivre, la célèbre salle qui a vu passer les plus grands dans les années 80 et 90. Un miracle politique qui devait avoir des conséquences sur Tours et son Agglo. Tour(s) Plus n’a pas voulu entendre les signes forts envoyé par l’exécutif régional. Quand la culture se politise les erreurs ne sont jamais loin. La mairie suit le dossier de près. L’appel aux dons en ligne est un succès. Désormais « Ohé du Bateau » a des louis d’or dans les caisses du trésor du Galion. Plus question de naufrage. Le « Bateau » doit être sauvé.

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« Mme Petitot, vous avez pacifié la relation avec la mairie… » (Franck Mouget)

« Votre action a été couverte de succès » rappelle le maire de Tours comme pour admettre que le collectif a peut-être été le plus fort. Mais dans un excès de sympathie et de reconnaissance, Franck Mouget ajoute, en coupant le maire, « Mme Petitot, vous avez pacifié la relation avec la mairie… ». Puis pour rassurer sur l’après, Franck Mouget lance : « On sait où l’on va !!! ». La SEMIVIT va vendre à une SCIC (société coopérative) et à ses de 1700 sociétaires. Acquis, il y a quelques années pour 410 000€ par la SEMIVIT, cette dernière va céder le bâtiment pour 270 000 €. Soit une moins-value de 140 000€ pour la société. Déjà sur les réseaux sociaux, certains ne comprennent pas ce choix au moment où le maire a augmenté les impôts. Pas facile de satisfaire les Tourangeaux….

Mais le plus dur reste à venir. D’ici l’automne, tout ce petit monde se retrouvera devant le notaire pour signer l’acte de vente. Le collectif via sa SCIC deviendra propriétaire des lieux. Viendra alors le temps des travaux et de la conformité de la salle à recevoir du public. Là aussi, les euros récoltés feront la différence. Et puis, la salle rouvrira dans un contexte difficile pour les artistes et le monde du spectacle avec la concurrence d’autres salles qui n’ont pas dit leur dernier mot. Pourtant, le cœur du Bateau Ivre va repartir et battre au rythme des envies et des ambitions de ses nouveaux propriétaires… Avec une photo de famille finale où les élus de Tours mais aussi de l’Agglomération viendront aux côtés de ceux qui se sont battus pour l’inauguration de ce lieux ancré dans l’âme de beaucoup de Tourangelles et Tourangeaux.

Et vogue le navire…

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