[HistLoire] Tours : Au temps du Canal

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[Cette chronique a été publiée initialement en février 2016. Nous la ressortons en ces temps d’information réduits liées au coronavirus]

HistLoire, c’est une nouvelle chronique régulière sur 37° où nous vous proposerons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Ce mois-ci, découvrez l’histoire du canal de Tours.

Longtemps tombé dans l’oubli, le canal connaît depuis quelques années un regain d’intérêt dans les conversations tourangelles. L’époque du tout voiture étant semble-t-il derrière nous et les envies de verdure et de nature y compris chez les urbains étant de plus en plus présentes, certains Tourangeaux se voient nostalgiques du temps où à la place de l’A10, un canal se dressait aux portes de la ville.

rica-cher_jonction_tours1source : Atelier d’Histoire de Tours

Ce canal appelé canal de jonction de la Loire au Cher ou canal du duc de Berry formait la limite Est de la ville et sa frontière avec la commune voisine de Saint Pierre des Corps (Voir notre précédent article sur l’évolution de Tours au XIXe siècle). Percé entre 1824 et 1828, ce canal de navigation joignait comme son nom l’indique les deux rivières qui entouraient alors Tours. Inauguré le 4 novembre 1828 et long de 2432 mètres, il était franchissable par le pont du milieu (construit en 1825), puis par un pont ferroviaire à partir de 1846. Pour permettre un passage avec le Cher ou la Loire, il fut doté de deux écluses à ses extrémités ainsi que d’une gare d’eau à son embouchure avec la Loire. Sa construction s’intégrait dans un plan plus large appelé canal de Berry qui devait rendre le Cher navigable sur 320 km, de Montluçon jusqu’à la confluence avec la Loire ; le canal tourangeau, constituait ainsi l’extrémité ouest de celui-ci.

rica-cher_jonction_tours4Le canal et le pont du milieu reliant Tours à Saint Pierre des Corps.

Ce canal, partie intégrante de l’identité tourangelle pendant un siècle et demi, avait plusieurs rôles, le premier d’entre eux était une fonction économique. En effet, creusé à une période où la batellerie ligérienne était encore présente et constituait un puissant réseau de transports de marchandises, le canal devait permettre de passer ces marchandises du réseau du Cher à celui de la Loire et inversement. La deuxième fonction, primordiale à l’échelle locale, fut celle de protection contre les crues des deux rivières. Le canal devait ainsi servir de déversoir en cas de crues de l’une d’elles afin d’éviter les inondations.

Mais à plusieurs reprises, il fut le théâtre de critiques, notamment à la suite de la grande crue de 1856 qui inonda tout le Val de Loire de Montlouis jusqu’à la confluence avec le Cher. Cette année-là, les deux rivières entrèrent en crue simultanément sous les effets de crues cévenoles et de pluies océaniques et au lieu de servir de protecteur, le canal se révéla être un piège pour les eaux et fut accusé d’avoir amplifié la catastrophe. La fonction économique ne fut jamais non plus à la hauteur des espérances, son faible gabarit et l’essor du chemin de fer au XIXe siècle, firent qu’il n’eut jamais un rôle important. Il est vrai que l’époque n’était plus celle de la batellerie devenue obsolète et qui déclina tout au long du siècle jusqu’à disparaitre du paysage tourangeau au début du XXe siècle. Reste alors au canal le rôle d’apporter un lieu de flânerie à la population tourangelle. Lieu apprécié de promenade mais mal entretenu celui-ci devint peu à peu une zone insalubre au XXe siècle.

Son déclassement en 1955, acheva ce qui était devenu une évidence, le canal devait mourir. Asséché, son emplacement servit encore quelques années de terrain de jeux aux enfants des alentours. On y tenu également la foire de Tours deux fois par an. Un siècle après celui du chemin de fer, c’est cette fois l’essor de l’automobile avec la construction de l’autoroute A10 qui acheva la vie du canal qu’on remblaya en 1968 pour y faire passer la dite autoroute.

De nos jours, quelques noms subsistent dans la toponymie tourangelle pour rappeler sa présence comme le quai de la gare du canal, la rue du canal, ou encore la place de l’Écluse…

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Du canal même, seules quelques traces de sa présence sont encore visibles, comme des parties des parois des digues, des chemins de halage le long de l’autoroute ou encore la trace de son embouchure dans la Loire.

P1080184Parois des digues encore présentes sur le bord de l’A10

bP1080187Partie restante des chemins de halage le long de l’autoroute

bP1080198Ancienne embouchure dans la Loire aujourd’hui comblée (partie enfoncée sur la photo)

Un degré en plus :

> Pour en savoir plus sur le canal, retrouvez les travaux de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours sur le sujet.

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