Focus sur le Planning Familial d’Indre-et-Loire

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Suite à une enquête publiée l’an dernier sur « Le harcèlement de rue dans l’agglomération tourangelle » dans laquelle 97 % des femmes interrogées se disaient avoir déjà été victimes de harcèlement de rue, le Planning Familial a décidé d’ouvrir des espaces de paroles. Le premier d’entre eux se tiendra mardi prochain, au centre de vie du Sanitas à partir de 18 h. Les suivants auront lieu à Saint-Pierre-des-Corps, La Riche et Joué-lès-Tours à raison d’un par mois.

Une activité qui vient en complément des nombreuses missions exercées par le Planning Familial à l’année, que nous vous proposons de (re)découvrir avec le focus réalisé l’an passé sur cette association.

[Suite de l’article publiée initialement le 11 février 2016]

Difficile d’imaginer l’ampleur des activités du Planning Familial 37 quand on visite ses locaux au sein du Centre de Vie du Sanitas.

Deux bureaux de taille modeste et un couloir qui l’est encore plus accueillent ainsi les salariés de l’association (cinq équivalent temps plein) et les bénévoles qui passent. Une situation qui complique un peu les tâches quotidiennes à écouter Mehrzad Rouhani, le directeur du Planning Familial 37 : « C’est vrai que nous sommes à l’étroit, d’ailleurs je suis obligé de recevoir mes rendez-vous dans d’autres salles du Centre de Vie du Sanitas, quand il y en a de disponibles ». Pourtant, pas question de déménager nous affirme-t-il : « La mairie nous avait proposé il y a quelques années un appartement, mais nous ne voulons pas déménager parce qu’ici les visiteurs peuvent venir anonymement, puisqu’il y a plusieurs associations au Centre de Vie. Cela garantit une discrétion ». Des bureaux à l’abri derrière une porte protégée par un code et dans lesquels il est impossible de rentrer comme cela. Une nécessité à écouter le directeur du Planning : « Il y a cinq ou six ans des mouvements anti-IVG avaient pénétré dans nos locaux en balançant de la peinture rouge sur les murs, au sol… Et puis il y a parfois des maris violents qui ont essayé d’entrer parce que leurs femmes venaient chez nous ». Le Planning Familial joue ainsi sur la sécurité et la discrétion. Deux règles d’or pour préserver l’anonymat à ces visiteurs.

Aux origines du Planning Familial

Mouvement né il y a de cela soixante ans, en 1956, le « Mouvement Français pour le Planning Familial » tient ses origines des luttes autour de la contraception, du droit des femmes, de l’IVG. Présent aujourd’hui dans 70 départements et le mouvement est organisé en confédération au sein de laquelle chaque planning départemental est indépendant financièrement ainsi que dans l’orientation de son projet. « En France aujourd’hui une trentaine de Plannings départementaux sont centres de planifications pouvant réaliser des actes médicaux, l’autre moitié étant « centre d’informations et de formations » comme c’est le cas à Tours » nous explique notre interlocuteur.

Si la plupart des plannings familiaux en France sont restés sur des thématiques centrées autour de l’IVG, du droit des femmes et de la contraception, l’originalité de celui de Tours tient à la multiplication de ses domaines d’intervention, en faisant l’un des plus grands de France en terme d’activités annuelles.

Une multiplicité des domaines d’intervention

A écouter Merzhad Rouhani, nous nous rendons compte à quel point les activités et les publics touchés sont variés. « Nous sommes un mouvement d’éducation populaire » affirme ainsi le directeur du Planning en expliquant les champs d’action de sa structure. Des champs d’action allant de groupes de paroles pour femmes victimes de violence au sens large (sexuelles, conjugales, morales…) mais aussi des actions de prévention sur les conduites à risques, d’insertion formation vers des jeunes de 25 à 30 ans, un travail auprès de publics en situation de handicap en lien avec les établissements spécialisés en Indre-et-Loire. Citons également des interventions en milieu scolaire, au sein du quartier des mineurs de la Maison d’Arrêt de Tours en lien avec la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse), mais aussi pour les adultes incarcérés ou encore auprès des foyers MECS (Maison d’Enfants à Caractère Social)…

Autant d’activités menées par l’équipe de salariés mais aussi par les bénévoles de l’association. « Nous avons 250 bénévoles actifs et nous formons 60 étudiants chaque année sur les conduites à risque. La moitié de nos bénévoles sont étudiants d’ailleurs ». Une équipe au sens large du terme qui intervient de manière transversale autour de deux thématiques notamment : l’éducation à la santé sexuelle et la prévention contre la violence. Pour réaliser leurs interventions, les membres du Planning Familial ne fonctionnent que par petits groupes. « Nous pourrions faire de grands rassemblement avec des cours théoriques, mais nous pensons que c’est moins efficace » explique M.Rouhani, « En travaillant sur des petits groupes, c’est plus d’organisation mais nous arrivons mieux à libérer les paroles et à faire passer les messages ».

La résurgence des mouvements anti-IVG

Quand on aborde le sujet de l’IVG et des mouvements dits pro-vie qui refont surface dernièrement, Merzhad Rouhani ne se dit pas surpris : « C’est la question de l’émancipation qui est compliquée. La base du problème reste la domination et le regard que nous avons sur les femmes. C’est le même problème chez les anti-IVG, on en revient à la liberté des femmes ». Avec son regard d’observateur de la société, M.Rouhani va plus loin dans son propos, en évoquant notamment la question de la religion derrière tout cela : « Toutes les religions ont un problème avec la liberté des femmes et aujourd’hui il y a une résurgence des intégrismes sur fond des relations hommes/femmes ». Un problème que notre interlocuteur combine avec celui de l’éducation des jeunes : « C’est le même mécanisme chez les jeunes, le sujet le plus tabou dans notre société reste la sexualité, c’est pourquoi nos interventions en milieu scolaire sont importantes. Elles permettent de libérer les paroles et d’engager des réflexions de fond en leur faisant comprendre pourquoi par exemple il n’y a pas de terme masculin pour le mot « salope ». Et ces messages-là sont plus facile à faire passer quand on vient comme nous de l’extérieur ».

« Nous ne sommes pas dans l’idéologie, mais dans la réalité quotidienne »

Quant à l’IVG, Merzhad Rouhani l’affirme, « notre rôle est d’être dans un accompagnement des femmes, sans se positionner sur la question de l’IVG, mais simplement en les informant et les orientant vers les services adéquats. Le Planning Familial n’influence pas sur le choix de la suite ou non de la grossesse, c’est à uniquement à la femme que revient ce choix, pas à nous ».

Une question de l’IVG que le Planning Familial aborde également et surtout par le volet préventif : « le meilleur moyen pour éviter d’arriver à des situations compliquées » explique son directeur. Pour ce dernier, si les IVG sont aussi nombreuses c’est aussi à cause du manque d’informations données au femmes en amont, à commencer par les moyens de contraception : « Les femmes sont mal informées sur les moyens de contraception qui existent parce qu’on leur prescrit systématiquement la pilule, pourtant ce n’est pas forcément le moyen le plus adapté à toutes ». Un travail pédagogique plus que nécessaire pour Merzhad Rouhani. « Nous ne sommes pas dans l’idéologie, mais dans la réalité quotidienne » conclue-t-il avant de repartir à ses nombreuses occupations.

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