Bocal Mazik : les difficultés d’un acteur culturel

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Bocal Mazik, association qui œuvre au développement d’artistes dans le domaine des musiques actuelles pour reprendre la définition de son créateur Robert Verrière vit des heures difficiles. En difficulté financière, l’association créée en 2006 broie du noir. En cause : la crise du milieu culturel.

Robert Verrière Bocal Mazik
Robert Verrière nourrit des inquiétudes sur l’avenir de Bocal Mazik

Quand on débute notre entretien, Robert Verrière prévient d’entrée, « c’est triste ce que je vais dire, mais Il n’y a plus d’argent, on n’a plus d’aides des labels ou des boites de productions ». Bocal Mazik est ainsi une association qui a vocation à accompagner des groupes montants, en devenir, à leur trouver des dates de concerts, en clair à les aider à grandir jusqu’à temps qu’ils soient repérés par des plus gros producteurs. Une vocation malheureusement à contre-courant si on en croit Robert Verrière : « Notre structure est en danger parce que vu le contexte économique, les programmateurs se replient de plus en plus sur des programmations de têtes d’affiche ».

Le problème des salles régionales

Une situation compliquée, d’autant plus qu’au niveau des salles régionales, dont on pourrait croire qu’elles sont plus sensibles à la démarche de Bocal Mazik, ne sont pas forcément des partenaires récurrents. « On aimerait travailler avec les salles régionales mais c’est difficile. Les Smac (Scènes de musiques actuelles) sont souvent sur des esthétiques particulières, des programmations pointilleuses ». Pour affirmer son propos Robert Verrière cite en exemple Le Temps Machine avec qui il n’a jamais pu travailler « parce que nos artistes n’étaient pas en phase avec leur programmation », raconte-t-il. « Nous à l’inverse, notre politique est de refuser de se fixer sur des questions esthétiques. Pour nous un projet n’est pas bon parce que c’est de la chanson, du jazz, de la musique amplifiée… les étiquettes ne comptent pas ».

Quant aux autres salles de l’agglomération tourangelle, les échanges ne sont guère plus concluants d’après notre interlocuteur. La Pléiade à La Riche ? « Ils se sont plus orientés vers le théâtre et moins vers la chanson ». L’Escale à Saint-Cyr ? « La mairie est clairement sur un autre type de programmation, axée sur des têtes d’affiches. Ce n’est pas accessible pour nous ». Le Nouvel Atrium à Saint-Avertin ? « Avec eux on arrive à bosser un peu, mais on tombe dans le problème des calendriers des collectivités qui pour des raisons de validation de budget nous demandent de remplir des dossiers plus d’un an avant la date de concert envisagée. Ce sont des temporalités qui sont déconnectées des réalités de groupes montants, qui ont besoin de délais beaucoup plus courts ». En dressant la liste des salles de l’agglomération de Tours, Robert Verrière arrive à une conclusion : « Il y a un gros défaut d’équipements, il manque une à deux salles de 300 à 400 places, d’autant plus depuis la fermeture du Bateau Ivre ».

Dans ce tableau noir, Bocal Mazik arrive tout de même à travailler avec des collectivités, mais aussi avec des associations ou des festivals… Des dates qui restent malgré tout en nombre insuffisant et inférieures aux prévisions : « En 2014 on était parti sur 90 dates, au final on ne devrait en faire qu’une cinquantaine ».

La nécessité de trouver des alternatives

Ce constat établi, Robert Verrière reconnaît être inquiet pour l’avenir de la culture musicale : « C’est grave parce qu’on va faire un formatage complet. C’est inquiétant, même dans les SMAC on a des musiques qui se ressemblent énormément ». Une inquiétude présente également au sujet de son association. Bocal Mazik a d’ailleurs été obligé de licencier sa chargée de production au début de l’année 2014 et les prévisions s’annoncent mauvaises pour 2015. « Non seulement on a un problème de programmation, mais les subventions sont également en baisse constante depuis plusieurs années. Par exemple les aides à l’emploi associatif ont disparu ».

Une situation qui oblige Bocal Mazik à trouver d’autres moyens financiers mais aussi à élargir sa panoplie. Le concept Mazik o Village, une série de concerts chez l’habitant pour des petites jauges de cinquante personnes dans les villages de Touraine est ainsi une réponse à la problématique de l’absence de grandes scènes pour les groupes en devenir. Un concept dupliqué cette année en milieu urbain avec Cité-Mazik, dont le prochain concert aura lieu le 8 novembre prochain, rue Pierre-Sémard à Saint-Pierre-des-Corps avec le groupe Axis.

Afin de rentrer de l’argent dans les caisses, Bocal Mazik organise également une soirée de soutien le jeudi 16 octobre prochain à l’Espace Yves Renault de Chambray-lès-Tours. Une soirée avec quatre groupes « labellisés » Bocal Mazik puisqu’il y aura Les Noces Gitanes, Gipsy Jukebox, Bolliwood Masala Orchestra et Martine on the Beach.

Pour conclure notre entretien, Robert Verrière a souhaité nous livrer un scoop un peu plus joyeux : « Bocal Mazik va programmer Henry Padavoni, le premier guitariste de Police ».

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